L’Allemagne frappe la Turquie au portefeuille
L’Allemagne, excédée par l’interpellation de défenseurs des droits de l’Homme à Istanbul, a annoncé, hier, une « réorientation » de sa politique vis-à-vis de la Turquie avec des mesures qui risquent de pénaliser économiquement son partenaire historique. La première d’entre elles est une mise en garde du ministère des Affaires étrangères pour les voyages en Turquie, destination traditionnellement très prisée des vacanciers allemands. Et ce en pleine saison touristique. A Berlin, le chef de la diplomatie Sigmar Gabriel a accusé Ankara de violations systématiques de l’Etat de droit et jugé qu’elles « éloign(ai)ent la Turquie du socle des valeurs européennes » et de celles de l’Otan. Elles ne peuvent « pas rester sans conséquences », a-t-il dit. Une position qualifiée aussi de « nécessaire et indispensable » par la chancelière Angela Merkel. La Turquie a dénonce de son côté « le chantage et la menace » de Berlin. « Tenter d’éveiller des doutes dans l’esprit des investisseurs allemands, c’est inacceptable » , a dit le porte-parole du président Recep Tayyip Erdogan, Ibrahim Kalin. Au-delà, les mesures envisagées à Berlin incluent un réexamen des garanties, prêts ou aides qu’apportent le gouvernement allemand ou l’UE aux exportations ou aux investissements dans le pays. La décision allemande de frapper financièrement la Turquie intervient en réaction immédiate à la mise en détention d’un défenseur allemand des droits de l’Homme avec cinq autres militants, dont la directrice d’Amnesty International en Turquie. « La mesure de trop » , dit un diplomate.