Mary J. Blige: « Je donne toujours tout, mais en retour je suis gâtée »
Une voix puissante et juste. Une grosse présence scénique. Et un charisme qui renverserait les auditoires les plus rétifs au RnB. Mercredi, la « reine du hip-hop soul » a conquis les fidèles du Nice Jazz Festival. Une formalité, pourrait-on croire en se rappelant qu’elle chantait en 2009 au Lincoln Memorial de Washington pour l’investiture de Barack Obama. Entourée alors de quelques superstars dont Bruce Springsteen, Beyoncé, Bono ou Shakira. « L’événement le plus marquant de ma carrière et probablement de toute ma vie » , se souvient Mary J. Blige, très fière et honorée d’avoir été « invitée à célébrer l’élection du premier AfroAméricain à la présidence des ÉtatsUnis ». Ce qui lui a permis de vivre de l’intérieur « un moment-clé de notre d’histoire ». Mais chaque date, dit-elle, est un moment de communion. Peut-être plus encore avant-hier soir. «Le public était incroyable. D’ailleurs, j’ai toujours eu un soutien exceptionnel à Nice », nous a confié Mary J. Blige quelques minutes après sa sortie de scène. Il faut dire que la diva ne s’était pas ménagée. «Je donne toujours tout ce que j’ai. Mais en retour, je suis gâtée. Très largement récompensée. » On a pu s’étonner de l’entendre à plusieurs reprises lancer quelques messages aux accents féministes. Exhortation à ne pas assujettir sa liberté à quelque confort matériel que ce soit. Surtout, se donner les moyens de sa liberté. Et pour les hommes, s’en tenir à une relation àlafois: « En amour, on n’a qu’une reine. Pas deux ni trois. » Mary J. Blige, très engagée, ne lâche jamais l’affaire. Faire respecter les droits des femmes, c’est son combat. « Venant d’où je viens, j’ai toujours dû me montrer plus forte », rappelle l’artiste qui dit s’être endurcie avec le temps. Née dans le Bronx, repérée dans un karaoké de centre commercial, elle n’avait pas vraiment tous les atouts de son côté. Récemment, ce sont ses propres déboires conjugaux qui l’ont secouée. « Tout ce que je dis et tout ce que je fais finit par se retrouver sur la place publique. Y compris mon divorce, ce qui est horrible », déplore Mary J. Blige. C’est un écho inévitable quand on a vendu cinquante millions d’albums et reçu la bagatelle de neuf Grammy Awards. En signant au passage un mégatube, Family affair, qui a dominé en 2001 tous les classements, aux ÉtatsUnis comme en France. Mary J. Blige a-t-elle vaincu ses vieux démons ? « Ce que je dis ne vaut que pour moi : je fais toujours très attention aux conséquences de mes actes car je sais que des millions de gens me regardent. Et parmi eux beaucoup d’enfants. » Mais elle veut aussi le souligner: « Je suis juste un être humain. Une femme qui mène sa vie du mieux qu’elle peut. Je ne prétends pas être quelqu’un d’irréprochable. » Les progrès sont indéniables. Exit les caprices et les excès. Oprah Winfrey s’en félicitait déjà il y a dix ans, expliquant que « la pire des bad girls » était devenue « le meilleur des exemples ». Sur scène, c’est même une évidence.