Var-Matin (Grand Toulon)

Poulidor : « Barguil m’a énormément plu »

Quarante ans après sa retraite, « Poupou » est toujours aussi populaire comme l’illustrent ses nombreuses séances de dédicaces. Un champion charmé par le comporteme­nt du maillot à pois

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN LARONCHE

Romain Bardet est bien parti pour grimper une deuxième fois sur le podium du Tour. Question de podium, Raymond Poulidor connaît parfaiteme­nt. Il y est monté huit fois dessus (3 fois 2e, 5 fois 3e), entre 1962 et 1976. Un record. À 81 ans, « l’éternel second » est aussi un suiveur attentif de la course, qui nous a livré son analyse hier.

Comment appréciez-vous ce Tour ? Il est très disputé. Les écarts sont très faibles entre les - premiers du général, du jamais vu. J’ai apprécié le comporteme­nt plus qu’honorable de nos Français. Malheureus­ement pour lui, Bardet affronte un concurrent en forme, épaulé par une très bonne équipe. Mais ça reste une très belle édition. Il y a eu toutes les victoires d’étapes (Démare, Calmejane, Bardet et les deux de Barguil, ndlr), le début de Tour de Démare fracassant. Les jeunes Français se sont très bien comportés, ils ont couru de manière décomplexé­e. Et je n’oublie pas non plus Pinot qui a connu un Tour d’Italie fabuleux

(e), malheureus­ement il n’a pas digéré ce Giro, comme Quintana, que beaucoup imaginaien­t jouer la victoire au général. Sans parler d’Alaphilipp­e qui manque. Il a une classe terrible, un attaquant qu’on aurait vu à son avantage.

Bardet devrait connaître un deuxième podium sur le Tour. L’avenir lui appartient ? Il est plus fort qu’il y a deux ans, même que l’an passé. Il a progressé. Cette année, il semble au maximum. Il est encore jeune et on peut considérer que c’est peut-être un futur vainqueur du Tour.

Vous êtes monté sur votre premier podium du Tour à  ans, comme Bardet l’an passé ( ans et  mois). On vous promettait le succès après la retraite d’Anquetil, puis Merckx est arrivé. Bardet n’a pas le temps d’attendre la fin de carrière de Froome, âgé de  ans ? Bien sûr, car une génération en chasse une autre. On m’a catalogué comme l’éternel second. Heureuseme­nt pour moi, j’ai gagné d’autres très belles courses. J’ai fini sur le podium d’abord derrière Anquetil, qui était inclassabl­e. Un surhomme. Après sa retraite, il y a eu Gimondi, qui a remporté les trois Tours. Et enfin Merckx est arrivé. J’ai été battu par trois petits coureurs (rires).

Bardet peut-il remporter un jour le Tour s’il ne progresse pas dans les chronos ? Il a déjà progressé. Il a surpris lors du prologue, qui n’était pas fait pour lui, où il a limité la casse. J’entends qu’il perdra une minute ou une minute trente à Marseille. Mais je connais très bien le parcours et je pense qu’il peut lui convenir. Pour monter à Notre-Dame-de-la-Garde, il y a deux kilomètres de côte, autant de descente, je ne pense pas qu’il perde beaucoup de temps. L’état de fraîcheur en fin de Tour comptera principale­ment. Mais Froome se loupe rarement dans cette discipline.

Votre coup de coeur de ce Tour ? Il y a évidemment Bardet, mais j’ai beaucoup d’admiration pour Contador. Quel coureur, quel panache ! Il n’a plus les jambes d’il y a - ans, mais il a toujours la même mentalité. Ce qu’il a fait hier (mercredi), c’est extraordin­aire. Je parlerai aussi de Barguil, qui m’a énormément plu. Par sa faculté de récupérati­on. Il a attaqué quasiment tous les jours, pas toujours en fin d’étape. Il a souvent fait toute la course à l’avant-poste. Et le lendemain, il remettait ça. Je me pose une question. Si on avait protégé ce garçon dès le départ comme un leader, où serait-il ? Il a tout pour jouer le général.

 ?? (Photo R. L.) ?? Raymond Poulidor : « Si on avait protégé Barguil dès le départ, comme un leader, où serait-il ? »
(Photo R. L.) Raymond Poulidor : « Si on avait protégé Barguil dès le départ, comme un leader, où serait-il ? »

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