Var-Matin (Grand Toulon)

L’heure de vérité

On connaîtra le podium du 104e Tour de France vers 17 h 30. Si le maillot jaune semble acquis pour Froome, Bardet devra préserver ses 6 secondes d’avance sur Uran pour sauver sa 2e place

- À SALON-DE-PROVENCE, ROMAIN LARONCHE

Hier, tous les favoris du Tour de France ont fait une longue sortie touristiqu­e de 222,5 km en Provence. Ils ont enfin pu apprécier les magnifique­s paysages autour du lac de Serre-Ponçon ou du Lubéron. Sur la plus longue étape de ce Tour, ils ont simplement « tourné les jambes » en laissant filer l’échappée. Tout leur esprit était déjà tourné vers cet ultime chrono. Ces 22,5 kilomètres qui vont figer définitive­ment les places au général, établir le podium des Champs-Élysées demain et départager le trio de tête. Ce que les Pyrénées et les Alpes n’ont pas réussi à faire. Même si Romain Bardet ne pointe qu’à 23 secondes de Chris Froome, on ne va pas faire vivre ici un suspense inutile. Sauf incident, le Britanniqu­e a déjà remporté un 4e Tour. Le leader de la Sky court sur une autre planète, par rapport à ses adversaire­s pour le général, lorsqu’il s’agit d’effort solitaire. À Düsseldorf, le premier jour, il avait mis une claque à tous ses rivaux (voir ci-contre) sur 14 km et une route détrempée. Son pedigree n’est pas comparable à ses poursuivan­ts. Le natif de Nairobi a déjà remporté deux chronos sur le Tour (Embrun-Chorges en 2013 et Sallanches­Megève l’an passé) et fini 2e à quatre reprises derrière un pur spécialist­e (Wiggins 2 fois, Martin ou Dumoulin). « Ce sera un parcours plutôt rapide, avec une côte au milieu, cela me correspond plutôt bien », n’a pas caché le résidant monégasque.

Bardet : « Finir en beauté »

Froome craint davantage un incident mécanique ou une chute que ses adversaire­s. « Il faut juste que je m’assure que tout va bien et espérer que je sois dans un bon jour. Entre la chute et la crevaison, je crains davantage la chute : on peut toujours changer une roue, pas de jambe », a-t-il plaisanté en conférence de presse. Lui qui n’a pas encore remporté le moindre succès, ce qui ne lui est jamais arrivé sur ses trois précédents sacres, va-t-il tout tenter pour prolonger cette série sur le Tour ? « L’important, c’est d’être en jaune à Paris. C’est un jour où j’ai tout à perdre. La victoire d’étape, ce sera plus pour des garçons comme Roglic ou Martin ». On n’est pas obligé de le croire. Derrière le ‘‘Kenyan Blanc’’, il va y avoir une terrible bataille. Officielle­ment, Romain Bardet n’a pas renoncé à la victoire finale, mais c’est plutôt derrière lui qu’il devra regarder, avec Uran à 6’’, Landa à 1’13’’, voire Aru à 1’32’’. « Je ne vais pas à réfléchir et faire ces 22 km à fond pour finir en beauté le Tour. Le Vélodrome ce sera comme les Champs. On est dans la dernière ligne droite, je veux faire le mieux possible ». C’est-à-dire repousser la menace colombienn­e. En Allemagne, l’actuel 3e avait perdu 12 secondes sur le leader d’AG2R. Mais l’homme fort de Cannondale a de sacrées références sur les chronos. En 2014, sur le Giro, il s’était imposé sur 42 km vallonnés en mettant 1’34’’ à Evans. « Oui, mais depuis deux ans, il n’a pas démontré de grandes choses sur chronos, calme Julien Jurdie, le directeur sportif de Bardet. On est en 3e semaine, avec la fatigue, la pression, ils seront sensibleme­nt du même niveau. Et puis, Romain a pris un avantage psychologi­que sur Uran à Düsseldorf ». Hier, une partie de l’équipe française était déjà à Marseille pour reconnaîtr­e et filmer le parcours. Le soir, c’était révision générale. Et ce matin, reconnaiss­ance pour déterminer le matériel et les braquets à utiliser.

Dans un Vélodrome plein et bouillant

Rien n’est laissé au hasard. « Ça va se jouer sur de petits détails, reprend Jurdie. On sait que le match va être très serré avec Uran. Le mental va être important et c’est la marque de fabrique de Romain. Là, il est pleinement dans sa bulle ». Pour sortir le chrono de sa vie et connaître un deuxième podium consécutif, ce qui n’est plus arrivé depuis 20 ans pour un Français (Virenque 1996, 97). « Aru je ne pense pas qu’il revienne, poursuit le DS. Sur Landa, on a une marge de sécurité, mais il est vicechampi­on d’Espagne du chrono, donc il faudra le surveiller ». Quant au sacre, il n’est pas totalement exclu. « C’est ce que j’ai dit ce matin aux coureurs (hier). Avec 23 secondes, on a encore le droit de rêver. Une mésaventur­e et ça peut vite basculer ». L’actuel dauphin ne le souhaite pas vraiment. Il a affirmé hier qu’il voulait un « combat loyal ». Pas sûr que le public marseillai­s, massé dans un Vélodrome qui sera plein et bouillant, ait la même vision.

 ?? (Photos AFP et EPA/MAXPPP) ?? La lutte finale du Tour  en mode contre-la-montre opposant Christophe­r Froome, Romain Bardet et Rigoberto Uran va enflammer Marseille aujourd’hui. Au chronomètr­e de trancher !
(Photos AFP et EPA/MAXPPP) La lutte finale du Tour  en mode contre-la-montre opposant Christophe­r Froome, Romain Bardet et Rigoberto Uran va enflammer Marseille aujourd’hui. Au chronomètr­e de trancher !

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