Compte-gouttes
SÉCHERESSE DANS COMMUNES VAROISES
Le Var est placé en « vigilance sécheresse ». Quelles sont les communes concernées ? Quelles mesures de restriction d’eau ? Reportage au Revest-les-Eaux.
Oh rassurez-vous, on ne boit que du vin blanc ! », plaisantent ces deux touristes lyonnais croisés hier après-midi, à l’ombre des platanes du Revest-les-Eaux. La commune au nom si évocateur fait partie des cinquante-deux villes et villages du département placés depuis vendredi en « alerte sécheresse ». Les fleuves côtiers varois, mais aussi certaines rivières partagées avec les Bouches-du-Rhône, ont atteint des niveaux préoccupants, selon la préfecture. Les débits de ces cours d’eau souffrent du manque de pluie observé depuis septembre 2016. Par conséquent, un arrêté du préfet préconisant des mesures de restriction (lire ci-dessous) sera affiché dans les mairies concernées à partir de demain.
« Une question de civisme »
« Ça fait plusieurs semaines qu’on l’applique déjà », commente Étienne Houbron, qui pensait que la réglementation temporaire était entrée en vigueur dès le début de l’été – l’ensemble du Var a effectivement été placé en situation de « vigilance sécheresse » dès le 18 juin, mais sans mesure contraignante. Ce Solliès-Pontois est chargé de l’entretien d’un camping au Pradet : « On vérifie qu’il n’y a pas de fuites d’eau, notamment au niveau des chasses dans les toilettes, explique-t-il, un mécanisme qui se bloque peut faire perdre beaucoup de mètres cubes… » L’arrosage est aussi restreint. « La végétation en souffre, mais on respecte les règles. C’est une question de civisme et c’est justifié », conclut Étienne Houbron avant de filer à l’hôtel de ville du Revest pour un mariage. Christian Lanes est aussi de Solliès-Pont, il participe également à ce mariage au Revest hier, mais il ne partage pas du tout cet avis. « Je ne vais pas laisser crever mon jardin », prévient-il. De toute façon, cet ancien opérateur radio de la Marine n’a pas de pelouse à entretenir. « Il n’y a pas de gazon dans le Midi, c’est un truc de Parisien.»
« Un problème de “Parisiens”»
D’ailleurs, avance-t-il, « tous [ces problèmes de ressources en eau] viennent des normes européennes et des “Parisiens”. Pendant des siècles, on a vécu sans eau, les anciens savaient faire des citernes enterrées (pour stocker les eaux de pluies, Ndlr) et les canaux étaient utilisés pour irriguer les terres agricoles, pas pour remplir des piscines ou arroser des golfs. Vous n’avez qu’à lire Manon des Sources, les gens savaient vivre dans des collines très sèches », peste-t-il. «La sécheresse, c’est comme les inondations, cela fait partie de l’exubérance provençale, c’est notre patrimoine (sic).» Selon ce Varois aux origines catalanes et aux idées tranchées, le manque d’eau serait surtout à mettre en relation avec «une population qui ne fait que croître et le tourisme. On va en arriver à faire des quotas de touristes. À partir d’un certain nombre, on fermera la route à Avignon et on leur dira “revenez le mois prochain!”. » Pas sûr que cette idée soit envisagée par les autorités qui justifient les mesures de restriction par « la préservation des usages prioritaires, dont en premier lieu la santé, la sécurité civile, l’approvisionnement en eau potable et la préservation des écosystèmes aquatiques ».