Var-Matin (Grand Toulon)

Un Toulonnais à Hollywood

A 35 ans, il est, depuis quelques semaines, le plus jeune vice-président exécutif de la 20th Century Fox, le célèbre studio. Star Wars VII, La Reine des neiges lui doivent une part de leur succès

- PROPOS RECUEILLIS PAR VALÉRIE PALA vpala@nicematin.fr

C’est une success story que l’on a tenu à vérifier, tellement elle nous semblait « incroyable », pour reprendre le mot favori de son héros Julien Noble. Et non, ce n’était pas une fake news ,unede ces infos bidonnées sur les réseaux sociaux. Ce 22 juin, jour de ses 35 ans, ce jeune homme d’origine toulonnais­e est devenu le plus jeune vice-président exécutif de toute l’histoire de la 20th Century Fox. Il est en charge des campagnes communicat­ion et marketing sur le web des production­s cinématogr­aphiques du studio américain, et ce, pour le monde entier. Un poste juste derrière celui de président, et qu’ils sont cinq à occuper dans le monde. Une ascension qui pourrait inspirer plus d’un réalisateu­r.

Vous avez passé votre bac au lycée agricole d’Hyères en . Vous êtes aujourd’hui viceprésid­ent exécutif de la th Century Fox. C’est une success story à l’américaine, non ? Je ne saurais pas dire... Le rêve, c’est surtout de travailler dans le cinéma. J’ai toujours été passionné, depuis le collège JeanL’Herminier, où j’étais élève à La Seyne. Moi, je passais mon temps au Pathé Grand Ciel. J’y allais quatre à cinq fois par semaine et je rêvais de travailler avec les acteurs, les réalisateu­rs... Pour trouver les meilleurs moyens d’inciter les gens à aller voir des films plus souvent. J’ai toujours eu l’objectif de travailler pour un distribute­ur de cinéma.

Question très américaine : quel est votre plus gros succès ? Le premier, c’était chez Disney, il y a quelques années. On était en réunion avec toute mon équipe et un réalisateu­r, John Lasseter, qui est aussi producteur. Il nous parle d’un film, il dit : « Voilà, c’est deux soeurs, il y a de la musique, ça va chanter, je veux que Disney revienne aux sources et il va y avoir un bonhomme de neige qui parle ». Il avait fait venir la chanteuse du film, Idina Menzel. On écoute et on se dit quand même, c’est a cappella, il y a du potentiel. Ça s’appelle comment ? Il nous répond “on ne sait pas trop, ça fait sept ans qu’on bosse dessus, Frozen”... Ça a été traduit par La Reine des neiges .Çaaétéun succès planétaire. C’est le plus gros film d’animation de tous les temps. Il a généré , milliard de dollars au box-office, dont % venus des pays internatio­naux, pour lesquels je travaillai­s à l’époque. Après, j’ai eu la chance de collaborer sur des films comme Avengers, qui a généré , milliard de dollars au boxoffice. Puis, j’ai travaillé sur Star Wars épisode , avant de rejoindre la Fox... Mon deuxième plus gros succès a été Deadpool chez Fox, super héros interprété par Ryan Reynolds, un projet qu’il a porté personnell­ement pendant onze ans. C’est un film qui a coûté  millions de dollars à la réalisatio­n (contre  à  millions, habituelle­ment, Ndlr). Et en fait, le succès planétaire de Deadpool a généré  millions de dollars au box-office. La manière dont on a bossé avec Ryan Reynolds a été une nouvelle approche dans le digital. Et je travaille sur Deadpool  en ce moment.

Qu’est-ce qui a séduit les Américains en vous ? Le fait que vous soyez français vous a aidé ? La french touch, ça aide. Quand vous avez une réunion, que vous avez un accent... Vous savez, le plus dur, c’est de faire en sorte que les gens prêtent attention à ce que vous dites et qu’ils s’en souviennen­t. Quand vous pitchez une idée, c’est très très important. Le fait que mon accent soit différent, ils s’arrêtent pendant quelques instants. Ça a été aussi une des raisons. Même aux EtatsUnis, ils disent ça, la french exception !

C’est très modeste. Est-ce que la clé de votre succès réside aussi dans le fait que vous étiez branché numérique, fan de cinéma ou gros bosseur ? Je pense que c’est un peu tout ce que vous venez de dire. Premièreme­nt, et en toute chose, c’est d’être passionné. Votre amour du cinéma, votre connaissan­ce, va être un élément clé. Ce que je veux à la fin de la journée, c’est le meilleur pour le film… Ensuite, il y a beaucoup de travail. Il y a aussi des rencontres. J’ai croisé des gens formidable­s depuis que j’ai fait des stages, qui m’ont donné ma chance (lire encadré).

La th Century Fox compte des réalisateu­rs comme James Cameron... Qu’est-ce qui vous épate le plus ? Quand vous travaillez avec des gens comme James Cameron effectivem­ent, Ridley Scott… Je travaille en ce moment sur un film Meurtre dans l’Orient Express, tiré du livre d’Agatha Christie avec Kenneth Branagh. On travaille sur un film de Steven Spielberg en ce moment, une histoire sur la presse entre le New-York Times et le Washington Post pendant la guerre froide, un film très engagé. Quand vous croisez des réalisateu­rs de ce calibre, comme aussi Martin Scorcese, Alejandro Inarritu et des acteurs comme Robert De Niro, ou Léonardo Di Caprio… avoir le bonheur de partager leurs histoires, de partager leurs passions ne seraitce que pour une réunion, ça vous fait avancer d’une manière tellement différente, c’est incroyable. Après, vous rencontrez aussi des jeunes réalisateu­rs, comme Michael Gracey. Je travaille sur son premier film avec Fox, The Greatest Showman, l’histoire vraie de P. T. Barnum qui a inventé le show-business, un film musical avec Hugh Jackman, Zac Efron, Zendaya…

Vous travaillez depuis deux ans à la Fox. Votre ascension auraitelle été possible en France ? Je pense que cela aurait été possible dans une différente mesure. Le milieu du cinéma en France, c’est difficile d’y rentrer, après si vous arrivez à leur montrer que vous êtes passionné, je pense que c’est possible. Ça va être en fonction de votre personnali­té. Mais le plus dur est d’avoir l’opportunit­é d’être assis en face de ces gens-là et de leur raconter qui vous êtes. Nous, on est du Sud, j’ai neuf frères et soeurs, et c’est difficile quand vous ne connaissez personne, quand vous n’avez pas la chance d’avoir un cousin, un parent dans le milieu... Ça va vous prendre beaucoup plus de temps. Mais vous savez, une fois que vous y êtes, je pense que les gens se disent que vous vous êtes donné beaucoup plus de mal. Moi, j’ai eu la chance de me faire débaucher et à chaque fois de me faire recommande­r par la personne avec qui j’avais travaillé avant. Ça a été une histoire d’hommes pour moi, le cinéma. Je suis là aujourd’hui, mais je pense que tout le monde peut faire ce qu’il veut. Mon petit frère Jonathan vit en France, à Toulon. Il a lancé sa compagnie Swello, il avait  ans. Il vient de lever   euros. Il ne faut pas avoir peur de bosser, pas avoir froid aux yeux, et toujours dans le respect.

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(Photo DR) Le Varois est en charge des campagnes communicat­ion et marketing des production­s de la Fox.

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