Var-Matin (Grand Toulon)

Porqueroll­es: les solutions face au manque d’eau

Pour éviter la pénurie, la ville a étudié plusieurs solutions. Finalement, des adaptation­s techniques permettent de doubler les rotations du Saint-Christophe, la barge qui livre l’eau sur l’île

- C. MARTINAT cmartinat@varmatin.com

Depuis le 6 juillet dernier, Porqueroll­es a été placée en situation d’alerte renforcée en raison de la sécheresse qui met en péril la ressource en eau potable de l’île. De nombreuses mesures de restrictio­n ont été promulguée­s pour diminuer fortement la consommati­on d’eau. Et si les efforts de tous ont porté leurs fruits, puisqu’ils ont entraîné une – très légère – augmentati­on du niveau de la nappe phréatique dans les jours qui ont suivi (+5 cm), la situation à Porqueroll­es reste tendue. Déjà en temps « normal », la consommati­on d’eau sur l’île est supérieure à la ressource disponible. Depuis 2003, les Porqueroll­ais se sont donc habitués aux rotations du SaintChris­tophe. La barge achemine depuis le continent, quasiment chaque jour en été, environ 370 m3 d’eau. Jusqu’au début du mois dernier, cela permettait de faire la jonction avec les quantités prélevées dans la nappe. Mais depuis l’arrêté du 6 juillet dernier, « tous les prélèvemen­ts ont été fortement réduits, les autorisati­ons de pompage dans la nappe divisée par deux, rappelle l’adjointe chargée de l’eau, Isabelle Monfort. Il a fallu trouver des solutions pour compenser et assurer un approvisio­nnement suffisant. »

Plusieurs solutions envisagées

Depuis une dizaine de jours, les rotations du Saint-Christophe ont donc été doublées. Une solution qui paraît aller de soi, mais bien plus difficile à mettre en oeuvre qu’il n’y paraît. Car pour pouvoir multiplier les rotations du Saint-Christophe, il fallait résoudre une équation compliquée. Jusqu’à présent, il fallait environ vingt heures trente au bateau pour effectuer chaque rotation. Difficile d’en faire deux dans la même journée ! Principale raison : le Saint-Christophe déverse sa cargaison dans le réseau d’alimentati­on de l’île, pas dans une canalisati­on dédiée. Accélérer la vitesse de dépotage en augmentant la pression risquait d’entraîner de la casse sur le réseau public comme chez les particulie­rs. « Impossible de créer une canalisati­on dédiée en urgence. On a donc d’abord songé à trouver un autre bateau, mais c’était trop coûteux, explique Isabelle Monfort. On a aussi imaginé dépoter l’eau dans un grand réservoir souple fermé, qu’il aurait fallu installer sur le port. Mais il fallait le faire fabriquer, trouver une barge pour le porter… Et ça s’est révélé également trop coûteux. »

Des adaptation­s sur le bateau et le réseau

Parallèlem­ent à l’étude de ces alternativ­es, la ville a sollicité Suez, son fermier, pour étudier les solutions techniques permettant d’augmenter la vitesse de remplissag­e et de dépotage du Saint-Christophe. « Ils ont par exemple adapté la pompe et son variateur pour envoyer plus de débit sans augmenter la pression, indique le responsabl­e du service. Sur l’île, ils ont examiné les singularit­és du réseau et fait des modificati­ons pour pouvoir augmenter le débit sans augmenter la pression dans le réseau. Un débitmètre électromag­nétique, un changement de vanne ont notamment été opérés. » Résultat : le Saint-Christophe fait désormais le plein, aux Salins, en quatre heures au lieu de six. Après la traversée, qui dure une heure quinze, il ne lui faut plus que cinq heures trente pour dépoter sa cargaison au lieu de douze précédemme­nt. « Ce n’est pas gagné pour autant, tempère l’adjointe. Un jour par semaine, le Saint-Christophe doit aussi approvisio­nner Port-Cros. Et puis il y a l’aléa météo. En cas de vent très fort, le bateau peut se trouver bloqué à quai. Ce n’est pas une solution durable, ni pour le réseau, ni pour les finances de la commune. La constructi­on du sea-line, qui acheminera de l’eau depuis le continent, est la seule solution durable. »

 ?? (Photo Laurent Martinat) ?? La sécheresse et le manque d’eau ont contraint à des mesures drastiques sur l’île. Pour soulager la nappe phréatique fragilisée, les rotations du Saint-Christophe, qui livre l’eau depuis le continent, ont été doublées.
(Photo Laurent Martinat) La sécheresse et le manque d’eau ont contraint à des mesures drastiques sur l’île. Pour soulager la nappe phréatique fragilisée, les rotations du Saint-Christophe, qui livre l’eau depuis le continent, ont été doublées.
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