Au Venezuela, deux chefs de l’opposition arrêtés
La situation continue à s’envenimer au Venezuela. Deux jours après l’élection dans le sang d’une toute-puissante Assemblée constituante voulue par le président socialiste Nicolas Maduro, deux figures de l’opposition ont été arrêtées hier. Leopoldo Lopez, 46 ans, fondateur du parti « Voluntad Popular » (« Volonté populaire », droite), et le maire de Caracas Antonio Ledezma, 62 ans, ont été interpellés en pleine nuit chez eux, où ils étaient en résidence surveillée. «Nous avons reçu des information des services de renseignement qui faisaient état d’un plan d’évasion», a justifié la Cour suprême, qui a aussi déclaré que les deux opposants n’ont pas respecté leurs « conditions de détention » à domicile interdisant tout «prosélytisme politique » pour l’un et toute « déclaration à un quelconque média » pour l’autre. « Ils ont pris Leopoldo Lopez et le maire Ledezma pour nous faire peur et nous démoraliser », a déclaré le député d’opposition Freddy Guevara, mais «la prison et les persécutions contre nos responsables ne stopperont pas la rébellion » .La coalition de l’opposition Table de l’unité démocratique (MUD) a appelé à une nouvelle manifestation aujourd’hui dans la capitale.
Washington qualifie Maduro de « dictateur »
L’élection – pour une durée indéterminée – des 545 membres de la Constituante a été qualifiée de triomphe «historique » par Nicolas Maduro (1). En revanche, qualifiant ces élections d’«illégitimes» et le président socialiste de « dictateur », Washington a annoncé lundi soir de nouvelles sanctions avec le «gel [de] tous les avoirs » que posséderait le président vénézuélien aux États-Unis. Une mesure extrêmement rare contre un chef d’État en exercice : il s’agit du quatrième seulement, après les présidents syrien Bachar al-Assad, nord-coréen Kim Jong-Un et zimbabwéen Robert Mugabe. La nouvelle Assemblée, qui doit s’installer aujourd’hui, se situe au-dessus de tous les pouvoirs, y compris du président, et doit rédiger une nouvelle Constitution remplaçant celle promulguée en 1999 par le défunt président Hugo Chavez. Nicolas Maduro a souhaité lundi que la Constituante lève l’immunité des parlementaires de l’opposition pour qu’ils soient jugés. L’opposant Julio Borges, président du Parlement, a assuré de son côté que le pouvoir législatif continuerait de siéger malgré tout. 1. Selon les autorités, plus de huit millions d’électeurs, soit 41,5% du corps électoral, ont participé à l’élection de l’Assemblée constituante. Soit plus que les 7,6 millions de voix réunies par l’opposition le 16 juillet, lors d’un référendum contre le projet de Constituante. Chaque camp conteste les chiffres de l’autre.