Var-Matin (Grand Toulon)

Asaf Avidan : « La musique m’aide à lutter contre mes peurs »

- FRANCK LECLERC

Il aime les oliviers. Ceux de Beaulieu-sur-Mer, où il a illuminé la première des Nuits Guitares, lui ont rappelé la Toscane où il vit depuis deux ans. Asaf Avidan s’y fait aménager un studio où il espère enregistre­r son huitième album. En attendant, le septième sort à la rentrée : onze nouveaux morceaux dont huit sont déjà au programme de ses concerts.

Pourquoi finalement l’Italie ? Ma compagne est française, mon agent, mon manager et mon label sont à Paris, c’est vrai qu’il aurait été plus logique que je m’installe ici. Mais je ne veux plus vivre en ville. Même Tel-Aviv, c’est trop grand pour moi. J’ai bien pensé à la campagne française, mais je suis tombé amoureux d’une propriété entre la Toscane et l’Ombrie où je pouvais m’entourer d’animaux et même produire mon huile d’olive. C’est arrivé au bon moment et tout s’est fait très vite.

Comment vivez-vous votre relation avec le public ? C’est une relation très étrange. Je sais évidemment que ma carrière dépend du public, mais je ne veux surtout pas m’en soucier. Je ne me sens de réelles obligation­s qu’au regard de l’artiste que je suis. Ce qui m’intéresse, c’est l’introspect­ion. Je me dissèque à travers mes chansons. Bien sûr qu’il y a un échange. Mais sur scène, il m’arrive souvent de garder les yeux clos, concentré sur ce que je ressens dans l’instant. Je crois que c’est le meilleur que je puisse donner : un moment de pure honnêteté. C’est peut-être cela qui me permet d’entrer en connexion avec les gens.

Certains dansent alors que beaucoup vous jugent sombre… Moi le premier ! (rires) La tristesse est un sentiment que l’on essaie de repousser mais, pour moi, il y a de la beauté dans la mélancolie. De la peur, de la colère, du désespoir. Mais on trouvera toujours dans mes textes une étincelle pour raviver l’espoir. Je peux passer dans la même chanson d’une plongée en abysse à l’annonce d’un renouveau. Ce n’est jamais triste pour être triste.

Si votre musique n’est pas un commerce mais une thérapie, que soignez-vous aujourd’hui ? Les mêmes choses qu’avant. En premier lieu l’absurdité de l’existence. Nous faisons des tours de magie pour échapper à la réalité. La religion, l’amour, le capitalism­e, le communisme… Des constructi­ons mentales qui nous aident à donner un sens à la vie. Aucune ne me gêne, après tout elles sont toutes

légitimes. Mais chacun doit être conscient. C’est ce qui distingue un croyant d’un fanatique. Pour moi, la musique est un autre moyen de lutter contre mes peurs. Je ne crois pas qu’il soit possible de les transcende­r, mais on peut au moins les accepter. En tournant autour, cela devient plus supportabl­e.

Ces questions seront au coeur du prochain album ? Cet album sera très spécial. Il repose essentiell­ement sur deux relations très fortes que j’ai traversées au cours des dernières années. Il m’est difficile d’être plus précis car cela engage d’autres personnes. Un prétitre circule déjà, le vrai single sera prêt en septembre et le CD suivra en novembre. Je joue déjà huit inédits dans cette tournée d’été, ce

qui n’est d’ailleurs pas très judicieux. C’est beaucoup demander au public, mais j’étais impatient de partager.

 ?? (Photo Cyril Dodergny) ?? Parmi les oliviers de Beaulieu-surMer qui lui rappellent ceux de sa propriété en Toscane, où il réside depuis deux ans.
(Photo Cyril Dodergny) Parmi les oliviers de Beaulieu-surMer qui lui rappellent ceux de sa propriété en Toscane, où il réside depuis deux ans.

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