Var-Matin (Grand Toulon)

Il faut sauver le Cap Taillat et le Cap Lardier

Une opération baptisée « Ensemble, restaurer les Cap Taillat et Cap Lardier » a été lancée au lendemain des incendies. Car désormais, un vaste chantier de restaurati­on se prépare...

- G.A. gaubertin@nicematin.fr

Il faudra du temps, beaucoup de patience, de l’argent et des moyens considérab­les, pour que le Cap Taillat et le Cap Lardier, propriétés du Conservato­ire du littoral, retrouvent de leur superbe. En trois jours, plus de 500 hectares de nature ont brûlé, de Gigaro jusqu’à l’Escalet. Les paysages uniques, classés et inscrits de la presqu’île de Saint-Tropez, où se rendent chaque année près de 500 000 visiteurs, ont été réduits en un vaste champ de cendres.

La faune et la flore dévastées

Le Cap Taillat est réputé pour héberger une importante population de tortues d’Hermann. Lesquelles ont été particuliè­rement touchées lors de l’incendie des 24, 25 et 26 juillet dernier Les population­s de lézards ocellés et de cistudes d’Europe (autre sorte de tortue) ont également été détruites par le passage des flammes. La végétation aussi a souffert. Les pins parasols, dont la plupart étaient âgés de plus de 60 ans, n’ont pas été épargnés. La flore endémique du littoral, dont le palmier nain, le petit statice, la barbe Jupiter, a, elle aussi, été rayée de la carte. Comme le souligne Richard Barety, chargé de mission « restaurati­on écologique » au Conservato­ire du littoral, « au-delà de tous ces dégâts, ce sont surtout des années de travail de protection d’espaces naturels qui sont parties en fumée. Le paysage s’est constitué en plusieurs décennies et il va falloir quasiment repartir de zéro... »

Comment tout reconstrui­re ?

C’est un travail colossal et de très longue haleine qui attend désormais les « gardiens » du Conservato­ire du littoral et leurs collègues du Parc National de Port-Cros et du Conservato­ire d’espaces naturels. « Aujourd’hui, détaille Richard Barety, nous avons un gros travail de vigilance, de restaurati­on et de recolonisa­tion à faire. Et puis nous sommes là pour donner un petit coup de pouce à la nature si elle en a besoin », ajoute-t-il. Ces travaux de restaurati­on de terrains incendiés pourraient avoisiner les 500000 euros, à en croire le spécialist­e de la question. Le chantier est donc vaste… Il va falloir commencer par faire tomber les arbres calcinés qui peuvent être dangereux s’ils sont situés près des pistes et des sentiers de randonnée. « Il faut les couper et les mettre à plat au sol, en travers, afin que les prochaines pluies d’automne n’emportent pas les premières épaisseurs du sol qui sont les plus fertiles », explique Richard Barety. Il va falloir aussi lutter contre l’érosion des sols. « Ils ne resteront pas nus et vierges pendant des années, analyse Richard Barety. L’idée est de donner un coup de main à la nature en mettant en place ces petits barrages (appelés fascines), qui permettent à la végétation et aux graines de germer plus facilement, et de reconstitu­er un maquis bien mieux que si on l’avait tout replanté. » Enfin, les agents de terrain vont devoir réaliser d’importants travaux de protection des espaces et de canalisati­on du public, notamment au niveau du sentier du littoral, où tous les dispositif­s et aménagemen­ts en question ont, eux aussi, été balayés par les flammes.

Combien de temps ?

« Dès l’année prochaine, assure Richard Barety, le paysage va commencer à reverdir. » Pour retrouver la végétation luxuriante que l’on connaissai­t avant l’incendie, il faudra en revanche plus tabler sur une soixantain­e d’années. « Mais dans dix ou quinze ans, précise l’employé du Conservato­ire du littoral, ça commencera déjà à être pas mal dans la mesure où l’on verra déjà des petits pins ; les chênes lièges, qui sont très résistants, se seront étoffés, et les cadavres de végétaux calcinés auront presque disparu. » Contrairem­ent aux pins d’Alep ou aux pins maritimes qui sont très fragiles face aux incendies, les pins parasols, eux se montrent bien plus résistants. « Quelques-uns vont mourir, c’est certain, mais la grande majorité va repousser », prédit l’expert du Conservato­ire littoral. En 2007, un incendie avait parcouru 33 hectares de végétation sur le Cap Taillat. « Même si tout a brûlé au même endroit cette année, on pouvait constater déjà qu’au bout de dix ans, la nature avait commencé à reprendre ses droits. »

Des consignes à respecter

Même si le feu est passé, « la vigilance est toujours de mise » au Cap Taillat et au Cap Lardier. « Il faut respecter scrupuleus­ement les consignes d’accès aux massifs et rester sur les sentiers balisés quand ils sont ouverts. » Et, « si par hasard, vous tombez sur des tortues ou d’autres animaux vivants, il faut les laisser sur place, insiste Richard Barety. Ces animaux peuvent s’adapter et faire disette pendant des semaines. » Avec un peu de chance, ils pourront même profiter des premières pousses qui émergeront dans moins d’un mois au pied des bruyères et des arbousiers qui composent le maquis littoral.

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(Photos Sophie Louvey) Les travaux de restaurati­on des terrains incendiés du Cap Taillat et du Cap Lardier devraient avoisiner les   euros.

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