Scandale du fipronil: la viande testée à son tour
Le scandale sanitaire du fipronil s’étend désormais à toute l’Europe. Alors que la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, le Royaume-Uni et la France sont touchées (dans des proportions toutefois très variables), d’autres pays tels que l’Autriche, Pologne, Portugal, Bulgarie et Roumanie ont indiqué procéder eux aussi à des analyses, même si aucun oeuf directement importé dans ces pays n’est contaminé, selon les agences de sécurité alimentaire. Aux Pays-Bas, d’où est parti le scandale, l’attention se porte désormais sur la viande de poulet. «Nous [la] testons actuellement dans les élevages dont les oeufs ont été infectés, pour déterminer si la viande est également contaminée» ,a indiqué hier Tjitte Mastenbroek, porteparole de l’organisme néerlandais chargé de la sécurité alimentaire et sanitaire NVWA.
Faible probabilité
Selon l’organisation agricole néerlandaise LTO, qui représente 50 000 exploitants, la probabilité que la molécule soit détectée dans la viande de poulet est faible: «Les poulets de chair n’ont aucun problème avec le pou rouge, contrairement aux poules pondeuses enfermées dans un poulailler pendant deux ans, ce qui permet au parasite de se développer » ,aexpliqué Eric Hubers, qui représente les aviculteurs au sein de l’organisation. Si les tests s’avèrent négatifs, ces éleveurs, dont la distribution d’oeufs est bloquée auront le droit de rouvrir leur branche viande. Mais en cas de détection de fipronil dans la viande, « l’élevage restera entièrement bloqué», a-t-il ajouté. Les éleveurs néerlandais pourraient de toute façon abattre dans les jours à venir des millions de poules pondeuses contaminées. Sur le fond, l’enquête pénale conduite par la NVWA sous l’autorité du parquet néerlandais et en collaboration avec la justice belge, est encore en cours. Par ailleurs, le Bureau néerlandais d’enquête pour la sécurité (OVV) a annoncé hier avoir ouvert une enquête pour chercher à savoir pourquoi l’alerte n’avait pas été donnée « plus tôt » et pour déterminer « les rôles des autorités, de la NVWA et du secteur de l’élevage de volailles».
« Réduire les coûts au détriment de la santé »
Pays de très loin le plus touché, l’Allemagne avait appelé vendredi les autorités belges et néerlandaises à faire «rapidement» la lumière sur le sujet. Hier, le ministre de l’Agriculture Christian Schmidt a critiqué une nouvelle fois la lenteur des autorités belges et néerlandaises à communiquer. L’affaire du fipronil vient s’ajouter à de «nombreux scandales sanitaires dans l’industrie agro-alimentaire, comme la vache folle, les grippes aviaires et porcines et la viande de cheval », a estimé de son côté Greenpeace, qui y voit des «symptômes d’un système qui essaie partout de réduire les coûts pour maximiser les profits au détriment de la santé publique et de l’environnement».