Var-Matin (Grand Toulon)

Féfé: «Je suis un artiste, je ne peux pas être un vieux con!»

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Dans la jungle aimable des Escaravati­ers, le lion n’est pas mort un jeudi soir. Aussi fort à 41 ans, Féfé reste un fauve rugissant, bondissant, enthousias­mant. Suspendu à un olivier, grimpé sur les épaules de son guitariste ou fendant la foule, le grand black a fait vibrer le Mas, jusqu’au bain de foule dans la piscine ! Depuis longtemps déjà, il a quitté sa tribu des Saian Supa Crew (« Avec eux, j’ai connu toutes mes premières fois, c’était du n’importe quoi fondateur, le début d’une aventure aux yeux du monde »). Mais Féfé a gardé ce côté apache pour embraser une scène. Ma vie la vraie, ça se passe là aussi ? « C’est bizarre, mais oui, je le réalise maintenant. Ça fait vingt ans que je tourne, et c’est devenu une drogue, reconnaît le showman. Pour mes filles, âgées de 13 et 18 ans, un papa, c’est d’ailleurs un mec qui part quelque temps, et puis qui revient…» Même pas besoin d’être un grand Manitou des radios et télés. Ni même sachem de la SACEM, pour propager ses bonnes ondes. Sans (petit) écran de fumée, Féfé poste ses titres en avant-première sur sa chaîne Youtube. « Avec Internet, on vieillit très vite. Mais à un moment, je me suis dit : je suis un artiste, je ne peux pas être un vieux con ! Alors je me suis attaché à exploiter l’outil mais de manière intéressan­te… ». Façon de se rallier un nouveau public à l’unisson. De se créer une nouvelle famille, sur plusieurs génération­s. Bonne humeur et dents du bonheur. Mais Féfé broie parfois des idées sombres, sous son bonnet noir. « Après mon deuxième album solo [N.D.L.R. : Le charme des premiers jours, il y a quatre ans], j’ai connu un moment de doutes. Je ne savais pas si j’allais faire encore de la musique, confie-t-il. Je me suis retrouvé au Brésil, à Salvador de Bahía, et j’ai regardé le ciel : il était mauve, un peu comme ma vie, entre blues et rose. Ca m’a donné la couleur de cet album, Mauve, composé dans une sorte de mélancolie heureuse. Du coup, aujourd’hui, je relativise beaucoup plus: il faut un peu de blues, pour mieux apprécier le rose de l’existence ». Matthieu Chedid, Ayo ou Tété ont aussi apporté leurs notes colorées à Féfé. « J’avais envie de partage, et puis c’est historique : je les connais depuis quinze ans! Alors sur cet album-là, je me suis dit : ça y est, je suis grand, j’accepte de faire entrer des gens dans mon monde. Ces trois-là, je les admire, tant pour leur talent artistique que pour leur humanité ». Avide de nouveaux sons (« les samples du rap m’ont fait explorer toutes les musiques») comme de nouveaux horizons (« J’ai vécu un an en Angleterre à 7 ans, ça m’a traumatisé dans le bon sens : j’ai eu tout de suite envie de sortir de ma cité»), Féfé « le Nigerian» de Seine-Saint-Denis multiplie les voyages et les expérience­s. Quête d’un improbable Eldorado, qu’il défend beau : « C’est un ailleurs illusoire mais j’ai écrit cette chanson dans l’atmosphère postattent­at, pour qu’on garde espoir et que l’on continue à vivre. Parce que de toute façon, on n’a pas le choix ». Au Mas des Escaravati­ers, une vitalité contagieus­e. Au soleil couché, la nuit mauve d’un fauve.

 ?? (Photo Michel Johner) ?? Entre le mur des tags pour artistes et les oliviers, Féfé s’est senti particuliè­rement à l’aise au Mas des Escaravati­ers. Mais sa décontract­ion de l’aprèsmidi ne l’a pas empêché de tout donner pour le concert du soir : jusqu’au plongeon final dans la...
(Photo Michel Johner) Entre le mur des tags pour artistes et les oliviers, Féfé s’est senti particuliè­rement à l’aise au Mas des Escaravati­ers. Mais sa décontract­ion de l’aprèsmidi ne l’a pas empêché de tout donner pour le concert du soir : jusqu’au plongeon final dans la...

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