Mont Faron : friture sur la ligne du téléphérique
Le 4 septembre aura lieu, aux Prud’hommes, la tentative de conciliation entre l’ancien chef d’exploitation du téléphérique et la Redif, la société gérante. Révélant quelques tensions…
Dans le ciel toulonnais, impossible de manquer ses cabines écarlates perçant l’azur jusqu’au mont Faron. Le téléphérique, c’est, entre le stade Mayol et le porteavions Charles-de-Gaulle, l’un des emblèmes de Toulon. Pourtant, derrière ses cabines flambant neuves, tout ne semble pas aller comme sur des roulettes au sein de cette vénérable institution, inaugurée en 1959. Le 4 septembre, devant les Prud’hommes de Toulon, doit en effet se tenir la tentative de conciliation entre la Redif (Régie d’exploitation des installations touristiques du Faron), société gérant le téléphérique, et Franck Prunas, l’ancien chef d’exploitation. C’est que ledit chef d’exploitation, entré dans la station de funiculaires en 1994, a été licencié le 6 juin dernier, accusé d’avoir gravement manqué aux règles de sécurité.
Accusations lourdes
Un litige fortement teinté d’inimitiés personnelles qui serait resté dans les limbes de la justice prud'homale si les accusations soulevées, de part et d’autre, n’étaient pas aussi graves. Du côté de M. Prunas, qui affirme être victime d’un licenciement abusif, la liste des griefs à l’encontre du directeur de la Redif, Philippe Bartolomeo, et du président du conseil d’administration, Jérôme Navarro (également adjoint aux festivités à la mairie de Toulon) est très longue. Incompétence technique de ces derniers, « imprudence » de la direction de nature à pouvoir mettre en danger les passagers, Philippe Bartolomeo montant en cabine en tant que cabinier, le 11 juin dernier, sans avoir passé les tests d’évacuation réglementaires, ou encore favoritisme dans l’embauche de nouveaux membres du personnel, les accusations sont variées.
Belle endormie
« Un après-midi, une de ses employées s’est endormie dans la station située sur le mont Faron, immobilisant les deux cabines, affirme Franck Prunas. On a dû rembourser tout le monde… Et j’ai appris qu’ils mettaient parfois des saisonniers dans chacune des cabines, alors qu’ils ont peu d’expérience. » Avant de regretter la « perte de compétence technique » parmi les salariés de la Redif : « La direction a mis en place des équipes avec des membres qui tournent entre les postes de cabinier, qui accompagnent les voyageurs dans les cabines et des conducteurs qui restent à quai et pilotent le téléphérique. Le souci, c’est que moi, en tant que chef d’exploitation, il y a des employés à qui j’avais seulement fait passer un stage pour qu’ils aient une aptitude à la conduite. C’est-àdire qu’ils peuvent être conducteurs avec quelqu’un ayant des compétences techniques à leurs côtés, car ils ne savent rien de la mécanique et de l’électricité. Et sont incapables de dépanner la machine en cas de problème… » Des accusations partagées
par de nombreux anciens employés du téléphérique. « Je suis moi-même parti à cause d’un manque de concurrence dans le recrutement entre les candidats », lâche, sibyllin, l’un d’entreeux. Du côté du faible savoirfaire technique de certains salariés, M. Prunas a jugé bon d’en alerter l’antenne du STRMTG de Gap et
(1) les Domaines skiables de France (2). Alertes restées, pour le moment, « sans réponse »( lire par ailleurs). 1. Service technique des remontées mécanique et des transports guidés, dépendant du ministère des Transports et contrôlant les sociétés de remontées mécaniques de Paca. 2. Chambre professionnelle à laquelle sont rattachés les opérateurs de remontées mécaniques.