Convaincre par pédagogie plutôt que par ordonnance
C’est la fin d’un été où Emmanuel Macron n’aura guère connu l’état de grâce. Débuts pour le moins difficiles d’une majorité parlementaire sans expérience, avec le développement, autour de Jean-Luc Mélenchon, d’une gauche radicale et revendicatrice, l’hostilité d’une droite en cours de « refondation » –lemot est à la mode, au Parti socialiste comme chez Les Républicains – tout cela, auquel s’ajoute une situation internationale instable, n’aura guère permis au chef de l’État de profiter vraiment de sa victoire qui date, déjà, de plus de cent jours. Mais enfin, voilà, c’est la fin du mois d’août. Le Président, qui, comme tous ses ministres, a pris peu de vacances, ne pourra pas plus longtemps jouer, pour séduire, de son image et de sa communication. Les Français trouveront en rentrant dans leurs boîtes aux lettres le troisième tiers de leur impôt sur le revenu ; la réforme du travail qui a maintenu tout l’été à son bureau la ministre du Travail ; sans oublier le vote du budget qui s’annonce difficile, puisqu’il est en France, on le sait, plus facile de multiplier les dépenses que de les restreindre. Bref, du pain sur la planche pour l’exécutif. Avec une contrainte énorme cette année, la première d’un quinquennat où les promesses de la campagne électorale résonnent encore aux oreilles des électeurs.
« La chance, qui ne l’a pas quitté depuis un an, semble suivre Emmanuel Macron. Car, les chiffres le confirment, l’économie française retrouve en fin d’été une nouvelle dynamique. »
Les difficultés donc ne manqueront pas, la rentrée ne sera pas une partie de plaisir. À ceci près que la chance, qui ne l’a pas quitté depuis un an, semble suivre Emmanuel Macron. Car, les chiffres le confirment, l’économie française retrouve en fin d’été une nouvelle dynamique, pour la première fois depuis la crise financière il y a dix ans. La création d’emplois est à un niveau record depuis deux ans. La courbe du chômage s’est enfin inversée, trop tard pour François Hollande, mais à point nommé pour l’actuel Président. De même, la baisse des charges des entreprises, avec le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et le pacte de responsabilité, pourtant très critiquée au départ, a fini par porter ses fruits. L’automobile se porte bien, le bâtiment aussi. Et quand le bâtiment va, comme dit le proverbe, tout va. Ou du moins tout va mieux : surtout la croissance qui risque bien de voisiner, cette année, les %. Tout cela suffit-il à faire de la France un pays heureux et tranquille ? Sûrement pas. On pourrait même soutenir le contraire. Souvent, c’est au moment où la croissance repart à la hausse que les revendications suivent le même chemin : pourquoi vouloir changer les choses au moment où, justement, la conjoncture devient meilleure ? Pourquoi l’État devrait-il faire des économies au moment où ses finances vont mieux ? Anticipant ces interrogations, le ministre des Finances, Bruno Le Maire a tweeté hier : « Oui, le France redémarre, c’est le moment de faire la transformation économique du pays. » Il faudra en convaincre les Français. Par pédagogie plutôt que par ordonnances.