RENTRÉE POLITIQUE
G. Darmanin : «nos promesses seront tenues» Le Premier ministre annonce un plan étudiants Le chômage en hausse en juillet dans le Var
Rude rentrée pour le ministre de l’Action et des Comptes publics. Après une petite semaine de vacances à Ajaccio, contrariée par une polémique lancée par Mediapart sur la villa où il séjournait, propriété de l’ex-compagne de Gilbert Casanova, condamné pour trafic de drogue (1), Gérald Darmanin peaufine une copie budgétaire qui doit se projeter sur l’intégralité du quinquennat. Le tout sur fond de crispation des Français, inquiets pour leur pouvoir d’achat. De passage quelques heures à Nice, le ministre a répondu à nos questions.
Vous présenterez en octobre un budget pour les cinq ans à venir. Drôle de pensum ! C’est au contraire un gage de cohérence. L’intégralité des promesses du Président sera ainsi budgétisée, financée, planifiée, notamment les mesures de pouvoir d’achat et de baisse de la fiscalité.
Des projections sur cinq ans, est-ce vraiment réaliste ? Oui. Nous voulons réaliser des transformations et des économies structurelles, c’est ce pourquoi Emmanuel Macron a été élu. Si vous menez une politique à horizon d’un an, vous faites une politique du rabot et c’est le contraire de choix politiques ambitieux. Il faut transformer les politiques publiques et la société en profondeur. Pour cela, nous avons besoin d’une vision et d’un chemin sur cinq ans pour changer les habitudes, transformer l’administration et la numériser, et réaliser de vrais changements.
La mise en garde de François Hollande sur des sacrifices trop importants qui seraient demandés aux Français ? Avec tout le respect que je dois à un ancien chef de l’État, il ne faudrait pas que tout le monde, y compris lui, ait la mémoire courte ! Il a fait preuve de lucidité en ne se représentant pas : les Français ne souhaitaient plus qu’il gouverne. Son bilan est celui d’une absence de réformes indispensables pour notre pays, qu’Emmanuel Macron conduit aujourd’hui courageusement. M. Hollande retrouve son goût pour le commentaire auprès des journalistes, ce qui n’est pas la marque du gouvernement actuel.
Malgré tout, les Français, notamment les classes moyennes, s’inquiètent pour leur pouvoir d’argent, craignant que les promesses ne soient pas tenues ou qu’on leur reprenne d’une main ce qu’on va leur donner de l’autre… Toutes les promesses seront tenues. Les objectifs du gouvernement sont de baisser les impôts, de réduire les dépenses publiques et d’augmenter le pouvoir d’achat de ceux qui travaillent ainsi que des plus fragiles. Dès janvier , les salariés et les ouvriers vont bénéficier d’une augmentation de leur pouvoir d’achat. Au final, grâce à la suppression des cotisations sociales chômage et maladie, si vous gagnez euros net par mois, vous aurez plus de euros supplémentaires par an. Pour les Français qui touchent le Smic, ce seront euros par an en plus de pouvoir d’achat. Cette réforme sera intégralement menée en , en deux temps : deux tiers de la baisse le janvier, puis le dernier tiers à l’automne.
Taxed’habitation diminuée d’un tiers dès ” Encouragerceux quitravaillent”
La CSG va augmenter de , point début , mais la suppression des cotisations salariales ne sera, elle, totale que fin . L’Etat va donc se refaire une petite pelote sur le dos des contribuables… Pas du tout, la baisse des cotisations au janvier sera supérieure à la hausse de la CSG, de sorte que tous les salariés verront une augmentation nette de leur pouvoir d’achat dès janvier ! De même, il y aura une augmentation de pouvoir d’achat pour les travailleurs indépendants, qui bénéficieront aussi de la réforme du RSI que nous menons pour eux avec la ministre de la Santé Agnès Buzyn. La politique de pouvoir d’achat que nous conduisons est d’une ampleur exceptionnelle : notre volonté est que le travail paie.
Quel est désormais le calendrier précis de la suppression de la taxe d’habitation? Dès , elle sera diminuée d’un tiers pour % des foyers. Quelqu’un qui payait euros de taxe d’habitation n’en paiera plus que en , en et plus rien en . C’est une baisse d’impôt sans précédent ! Et, en même temps, nous allons garantir aux collectivités locales des ressources, ce sera donc gagnant-gagnant. La baisse de euros de l’aide personnalisée au logement ? Ça compte pour les plus démunis… Je sais que chaque euro est important pour les Français. Mais nous étions obligés de constater que le budget préparé pour l’année par l’ancien gouvernement manquait de sincérité et que la baisse des APL, prévue, n’avait pas été appliquée. Quand vous devez boucler le budget de l’année en cours avec des dépenses sous-évaluées et des recettes surévaluées, vous êtes obligé de prendre des mesures d’urgence. Mais il est aussi important de dire aux Français que les APL marchent mal. Elles concourent à l’inflation des loyers. Quand j’étais étudiant, mon propriétaire a demandé le montant de mes APL avant de fixer le montant de mon loyer. On utilise milliards d’argent public pour une politique qui se révèle peu efficace avec des loyers plus chers que chez nos voisins. Il faut réformer le système en profondeur, à la fois pour dépenser moins et mieux pour ceux qui en ont le plus besoin. Cette attention aux plus fragiles de nos concitoyens se traduit également dans d’autres domaines : par exemple, pour la rentrée, il y aura plus de postes d’auxiliaires de vie scolaire supplémentaires pour accompagner les enfants handicapés. L’ISF va être réorienté sur le patrimoine immobilier. Quel est l’intérêt de cette demi-mesure ? C’est le contraire d’une demimesure. Nous allons supprimer l’ISF pour encourager les gens qui ont de l’argent à l’investir dans l’économie française, dans des start-up, dans des PME. Pour résumer, la rente sera imposée avec un impôt sur la fortune immobilière, mais les fonds qui vont à l’économie et permettent de créer de l’emploi et de l’activité ne seront plus imposés. C’est du bon sens. Ndlr : comme l’ISF, le futur impôt sur la fortune immobilière (IFI) s’appliquera a priori aux foyers fiscaux possédant un patrimoine immobilier supérieur à , M€ net d’emprunts. Et l’abattement de % sur la résidence principale sera maintenu. Plus généralement, y aura-t-il une baisse de l’impôt sur le revenu ? Il n’est pas prévu de toucher à l’impôt sur le revenu. En revanche, nous supprimons les cotisations salariales en mais aussi la taxe d’habitation sur trois ans pour % des Français. Emmanuel Macron a souhaité mettre en oeuvre une politique redistributive pour encourager ceux qui travaillent, avec notamment l’engagement de réactiver l’exonération des cotisations sur les heures supplémentaires.
Vous avez estimé que les collectivités locales peuvent encore trouver des économies à faire. Où ça ? Tout le monde doit faire des efforts. Mais nous n’allons pas, comme cela s’est produit par le passé, baisser unilatéralement les dotations. Je suis chargé avec le ministre de l’Intérieur de trouver, dans la concertation, des moyens de faire des économies, tout en soutenant les investissements locaux. Le Président préfère un jardin à l’anglaise où l’on regarde au cas par cas, à un jardin à la française, sans doute très beau, mais où les économies seraient imposées à tous sans discernement.
A en croire Le Canard enchaîné, Emmanuel Macron vous jugerait «un peu tout fou». Une réaction ? Sans doute qu’à ans, j’ai encore à apprendre. Je suis en tout cas totalement concentré sur ma tâche, je m’investis avec beaucoup de sincérité et avec le souci d’agir pour mon pays. Par ailleurs, je prends avec beaucoup de distance les petites phrases qui se trouvent dans la presse, car elles sont très souvent inventées.
Eric Ciotti n’a toujours pas digéré votre venue à Nice pour soutenir son adversaire marcheuse lors des législatives… Et vous avez déclaré qu’il était animé par l’aigreur. C’est tendu avec votre ex-collègue LR ! Je respecte Eric Ciotti qui est un élu de la République. Simplement, nous ne partageons pas les mêmes opinions politiques, nous ne sommes plus dans la même famille d’idées. Lui n’a pas su choisir au second tour de l’élection présidentielle entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Moi, je pense que quoi qu’il arrive, il ne peut y avoir d’accointances avec le FN. M. Ciotti est aujourd’hui dans la ligne de M. Wauquiez, c’est son choix. Le discours que tient Christian Estrosi me paraît plus responsable et plus conforme à l’intérêt général.