Des bonnes volontés pour sauvegarder les martinets
Ils font le bonheur des amateurs urbains d’ornithologie. Les martinets, adeptes du vol libre dans le centre ancien, voient leur survie menacée par la rénovation des vieux bâtiments. Une action est en gestation
On les prend à tort pour des hirondelles annonçant le printemps, mais ce sont bien des martinets. Depuis trois ans, la ville de Toulon entretient une action forte pour sauvegarder cette population victime d’un déclin de 40 % depuis quelques dizaines d’années en France. C’est ce travail de fond, mené par la Ligue de protection des oiseaux (LPO Paca) auprès de la mairie et des architectes en particulier, que quelques bonnes volontés se proposent de voir appliquer à Hyères (lire en encadré). Mais quel est donc ce drôle d’oiseau? Et pourquoi faudrait-il lui donner un coup de pouce ?
Un migrateur qui aime les villes
Jadis, le martinet nichait dans les falaises. Il s’est peu à peu tourné vers les anfractuosités des immeubles, sous les toits, derrière les gouttières, dans les trous de génoises. On en voit abondamment dans la vieille ville d’Hyères, où il trouve dans les anciens immeubles de quoi facilement se mettre à l’abri pour nicher. Tandis que le martinet à ventre blanc est plus commun à Lyon, le martinet le plus courant par chez nous est Apus Apus («Sans pied »). Mal équipé pour la marche avec ses quatre doigts à courtes griffes tournés vers l’avant, il est « le roi du ciel ». Il fait d’ailleurs tout en vol : il mange, il boit, il lisse ses plumes et il s’accouple (en 5 à 7 secondes). Le martinet arrive en Europe fin avril et retourne en Afrique du Sud début août, une boucle de 22 000 km.
Pourquoi il est utile
Le martinet est un formidable insecticide naturel qui dévore les mouches, moustiques, pucerons, faux bourdons, araignées volantes. C’est un oiseau discret qui ne salit pas.
Pourquoi il disparaît
Les rénovations de façades et destructions/reconstructions d’immeubles sont une plaie pour ces oiseaux qui, d’instinct, reconnaissent le lieu dans lequel ils ont niché l’année précédente. Si l’anfractuosité est colmatée, c’est la panique.
Un vol supersonique
On connaît le vol de perdreau chanté par Michel Delpech. Mais, diantre, que le vol de martinet est joli ! Hélène Dauga ne s’en lasse pas : « Leurs enfilades dans les petites rues et leurs piaillements, c’est magnifique. Cela fait partie du patrimoine de la vieille ville». Capable de huit battements d’aile par seconde, le martinet peut atteindre 200 km/h, ce qui en fait l’un des animaux les plus rapides de la planète. Quand il aborde son nid, il actionne ses puissants aérofreins au dernier moment, dans un ballet impressionnant. Endurant, le martinet vole 800 km par jour et parcourt, dans une vie, plus de 3 millions de kilomètres, quatre allers-retours Terre - Lune...