À Sophia Antipolis, on transforme les routes en électricité
La société Axid, start-up des Alpes-Maritimes, est intervenue dans la conception du premier kilomètre de route photovoltaïque, capable de produire du courant. Il a été inauguré en Normandie
En décembre dernier, Ségolène Royal, alors ministre de l’Environnement, inaugurait le premier kilomètre de route photovoltaïque. À Tourouvre-au-Perche, une petite commune de Normandie, Colas, le géant du BTP, a remplacé l’asphalte par des panneaux solaires. Mais cette prouesse technologique n’aurait pas été possible sans l’intervention d’une startup azuréenne. La société Axid, basée à Sophia Antipolis (06), qui s’est notamment occupée de la sécurité électrique de cet ouvrage unique au monde.
Éviter que les automobilistes ne s’électrocutent
Et si on transformait nos routes en fermes photovoltaïques ? C’est l’idée, pas si incongrue, qu’avait eu l’ancienne ministre de l’Environnement. Plutôt que de gaspiller du foncier pour y installer des panneaux solaires en batterie, pourquoi, en effet, ne pas trouver une seconde utilité aux 950 000 km du réseau routier français ? C’est donc ce qui a été fait sur un petit kilomètre à Tourouvre. Ce prototype grandeur nature s’est néanmoins heurté à quelques contraintes. Notamment en matière de sécurité. Les panneaux ont ainsi été recouverts d’une fine couche de verre pilé pour en augmenter l’adhérence et éviter les tête-à-queue en cas de pluie. Une autre difficulté a été rapidement remarquée : « Il fallait évidemment éviter, en cas d’accident ou de crevaison, que les automobilistes ne s’électrocutent en descendant de leur véhicule et en mettant le pied sur des panneaux solaires qui auraient été endommagés », résume Roland d’Authier. C’est sa société, Axid, qui s’est penchée sur le problème. Cette start-up azuréenne, spécialisée dans l’électronique de haute puissance, dispose en effet d’un savoir faire unique en France. Le géant du BTP Colas, filiale de Bouygues, a donc logiquement fait appel à son ingéniosité. Et la petite boîte de Sophia a résolu le problème en un temps record : « En l’espace de trois mois, on a mis au point un onduleur qui transforme l’énergie produite en très basse tension au niveau des panneaux en courant haute tension prêt à être injecté sur le réseau électrique. Le but est d’empêcher tout problème de sécurité. » L’expérience ne s’arrête pas là. Ségolène Royal avait promis la livraison de 1 000 km de routes photovoltaïques d’ici cinq ans. Certes, le gouvernement a depuis changé. Mais le « WattWay » se poursuit. Le groupe Colas continue d’y travailler et la start-up azuréenne Axid d’y collaborer.
Une portion de route sur le toit d’Axid !
« Nous avons désormais un double objectif, explique Roland d’Authier. Réduire les coûts de production et simplifier la partie électronique pour réduire les temps de pose. » Le premier kilomètre inauguré en décembre 2016 a en effet coûté 5 millions d’euros. Mais il s’agissait d’un prototype. L’enjeu est désormais de rendre cette nouvelle technologie économiquement rentable. Pour cela, Axid va transformer la toiture de son bâtiment, à Sophia Antipolis, en laboratoire. « Nous allons poser l’équivalent de 200 m2 de route photovoltaïque pour poursuivre les tests sur place », explique son PDG. Des microportions vont être aménagées un peu partout en France sur le réseau routier, afin de tester cet asphalte d’un nouveau genre dans différentes conditions. Et pourquoi pas dans la région ? Roland d’Authier y voit un avantage : « C’est très pédagogique. Quand vous roulez sur une route en panneaux solaires, 100 % des conversations dans les voitures parlent évidemment de cette nouvelle forme d’énergie. Et ça permet, du coup, de semer dans les esprits la petite graine de la transition énergétique. »