Var-Matin (Grand Toulon)

«Au fond de moi, j’y crois»

À l’aube de sa douzième saison à la tête du RCT, Mourad Boudjellal crie haut et fort sa confiance totale en Fabien Galthié et son nouveau projet. Il sait pourtant que rien ne sera évident

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE BERSIA

L’an passé encore, il avait juré ses grands dieux que Diego Dominguez était l’homme de la situation, avant de se déjuger en quelques semaines... Mais cette fois, c’est promis, quoiqu’il arrive, Mourad Boudjellal ne bougera pas une oreille. Ne coupera plus de tête. Depuis qu’il rêve de travailler avec Fabien Galthié... Le voilà reparti sur un nouveau projet, de nouveaux objectifs, totalement relancé après une saison de galères, et même presque apaisé. Après avoir tout gagné, Mourad se sent prêt à perdre un peu, s’y est préparé, même, car le début de saison s’annonce très délicat pour ce RCT en pleine cure de jouvence. Mais ce n’est pas parce qu’il est lucide et ne fanfaronne pas que le président a abdiqué toute ambition. Au contraire, même...

Dans quel état d’esprit attaquez-vous cette nouvelle saison ? C’est ma douzième et je suis reposé. Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas permis de prendre trois semaines de break. C’est même la première fois que je renvoie les emmerdes à mon retour de vacances... J’ai reconstrui­t un groupe avec un staff dans lequel je crois énormément. Je vois que les saisons se ressemblen­t, puisqu’on attaque avec beaucoup de blessés, d’absents. Donc je m’attends à un début de saison difficile. On a un calendrier compliqué, un groupe diminué, de nouveaux plans de jeu qu’il va falloir intégrer. On va avoir besoin d’un peu de patience... Mais je suis très confiant.

On est en train de retrouver un engouement”

C’est quand même souvent vous qui êtes le plus impatient. Allez vous parvenir à vous raisonner ? Oui, je ne bougerai pas avant deux ans, la date de fin de contrat de Fabien Galthié...

Quoiqu’il arrive ? Quoiqu’il arrive. Je suis sur un projet en lequel je crois. Ça faisait longtemps que je voulais signer Fabien et cette équipe. J’irai au bout de mon idée. Je ne serai pas prétentieu­x en disant : « On va gagner un titre cette année. » Je ne peux pas l’affirmer mais au fond de moi, j’y crois...

Le budget du RCT pourrait supporter une nouvelle saison sans titre ? Oui. Et ce qui me remet du baume au coeur, c’est qu’on est en train de retrouver un engouement qui avait disparu depuis deux, trois ans... Le projet, le nouveau cycle, et le besoin de retrouver le goût de la victoire. Autant l’année dernière était difficile, là, les supporters pensent qu’on reconstrui­t une histoire et veulent y participer. On ne sait pas où elle va nous mener, peut-être dans les abîmes, peut-être au paradis, mais ceux qui seront là depuis le début pourront dire que cette histoire leur appartient...

Est-ce que votre présence désormais au comité directeur de la ligue est de nature à vous rebooster aussi ? Non, ça ne joue pas. Je vais avoir ma première réunion début septembre et je vais ferrailler... J’ai quand même conscience qu’il faut faire bouger les choses. Être élu pour que rien ne change, ce n’est pas la peine. Il faudra donc que je sois très bon, très convaincan­t dans mes arguments, et si ça ne suffit pas, on essayera d’obtenir les choses par d’autres voies...

Que pensez-vous de l’évolution des règles dictée par le world rugby ? Moi, ce qui me gêne plutôt, ce sont les évolutions françaises et notamment pour les montées de Pro D. On veut régler les problèmes français par le bas. Est-ce que c’est le bas du Top  qui va régler les problèmes de l’équipe de France ? Les gros fournisseu­rs d’internatio­naux ne sont pas concernés par la descente et là, on assassine la Pro D car le club qui montera en juin, s’il monte, n’aura plus droit qu’au fond de marchés... On a tué le scénario de la Pro D.

Comment jugez-vous la préparatio­n de votre équipe ? C’était très dur, sans doute les trois semaines les plus dures que je n’ai jamais vues au club...

Ne faut-il pas voir un lien de cause à effet avec les nombreux blessés ? Je suis désolé. A un moment, il y a eu tout un débat sur le jeu violent. Depuis deux ans, le club qui a le plus de blessés, c’est Toulon. Pourquoi? Parce que c’est contre Toulon qu’il y a le plus fort engagement. La raison n’est pas ailleurs. Tous ceux qui ont fait le procès des phases finales, de la violence, devraient mieux regarder le nombre de blessés qu’on a eu sur faute adverse pour dire que nous, on ne fait que répondre.

Du coup, vous attaquez la saison très diminués ? Il nous manque  joueurs. Le hasard du calendrier fait qu’on joue contre Pau à qui il ne manque quasiment pas de joueur. Comme le hasard du calendrier fait qu’on joue systématiq­uement avant et après la coupe d’Europe contre des clubs qui ne jouent que le Challenge européen... Mais ça, c’est le hasard, même si ça fait six fois de suite...

Où en êtes-vous avec le contrat de Padovani? Le problème est simple. Le président de la fédération italienne a une vision du monde assez idéaliste que j’aimerais partager... Prenons une société qui s’appelle le RCT. Demain je dépose le bilan et je monte Toulon rugby club et je ne dois plus d’argent à personne. Par contre, tous ceux qui m’en doivent, m’en doivent. C’est une façon de voir les choses... Les Zèbres ont changé d’entité et le joueur n’est pas payé depuis trois mois. Je propose au président italien de prendre son chéquier personnel et de payer les trois mois de salaire qu’il doit à Padovani. Après, il pourra parler dans la presse. L’affaire est chez World rugby... Quel objectif en cette année de reconstruc­tion ? On sait comment se passe une saison... Si on avait eu Halfpenny en finale, on était champion de France. Il n’y a même pas de débat làdessus, même si Belleau n’a pas démérité. Cette année, il y aura Montpellie­r qui, si la mayonnaise prend, sera injouable. Il y aura Clermont, bien en place. On est dans les cinq, six clubs qui pourront prétendre au titre, et dans ces six, j’inclus Lyon qui vient de nous battre à Mayol car le fait d’avoir des demi-finales à Lyon devrait encore leur apporter un surplus de motivation. On démarre bien sûr avec l’objectif de gagner, mais je sais que le début de saison sera difficile. Il ne faudra pas s’affoler si on n’est pas tout de suite dans les six. Après, je me souviens avoir lancé un tee-shirt sur lequel il y avait marqué «  » (coupe d‘Europe). J’aimerais bien vendre un tee-shirt sur lequel il y aurait marqué «  ». Si on gère bien notre poule, qui n’est quand même pas facile, la coupe d’Europe, cette année, est un véritable objectif.

Le début de saison sera difficile”

 ?? (Photo Frank Muller)) ?? Après avoir failli tout envoyer valser l’an dernier, Mourad Boudjellal repart du bon pied et veut redonner un peu de stabilité au RCT. Nouveau stade, nouveau staff, nouveau projet, le président sait toutes les difficulté­s qui l’attendent au tournant....
(Photo Frank Muller)) Après avoir failli tout envoyer valser l’an dernier, Mourad Boudjellal repart du bon pied et veut redonner un peu de stabilité au RCT. Nouveau stade, nouveau staff, nouveau projet, le président sait toutes les difficulté­s qui l’attendent au tournant....

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