Var-Matin (Grand Toulon)

Daniel Fasquelle: «Il faut que la base prenne le pouvoir»

Le député du Pas-de-Calais est candidat à la présidence des Républicai­ns en décembre. Il promet d’être au-dessus de la mêlée pour refonder les valeurs de droite en s’appuyant sur les militants

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Si on créait deux partis, on réaliserai­t le rêve de Macron” En aucun cas je ne proposerai de revenir sur le mariage pour tous ”

Peu de Français, hormis dans le Nord du pays, le connaissai­ent. Daniel Fasquelle a élargi sa notoriété en annonçant sa candidatur­e à l’élection pour la présidence des Républicai­ns, qui aura lieu les 10 et 17 décembre. Cet agrégé en droit de 54 ans s’était jusqu’ici surtout fait remarquer en s’opposant faroucheme­nt au mariage pour tous. Député du Pasde-Calais, ancien maire du Touquet, il est l’actuel trésorier de LR, un poste auquel l’a nommé Nicolas Sarkozy fin 2014. Face à Laurent Wauquiez, favori pour la présidence de LR, il se veut un candidat au-dessus de la mêlée, sans ambition présidenti­elle, surtout soucieux de refonder la droite sur des valeurs et un socle de militants.

Quel est votre projet pour Les Républicai­ns ? Il existe aujourd’hui un risque de fragmentat­ion de notre famille, c’est ce que je veux éviter à tout prix. Mon deuxième objectif est de refonder notre mouvement, et de le refonder en profondeur. Plein de choses ne vont plus. Il faut revoir la place des militants, la place des jeunes, travailler plus les questions de fond et nous ouvrir davantage à la société civile et aux sympathisa­nts. Mon troisième objectif, enfin, est de nous réconcilie­r avec les Français, dont une partie ne nous regarde plus, ne nous écoute plus, ne nous fait plus confiance, ne vote plus ou vote pour d’autres. Il n’y a ainsi que  % des jeunes et  % des ouvriers qui ont voté pour notre candidat à la présidenti­elle. Un parti qui a aussi peu d’écho chez les jeunes et dans les milieux populaires ne peut prétendre gouverner le pays. Trois objectifs donc : rassembler, rénover en profondeur le parti et changer les pratiques politiques. Nous réconcilie­r avec les Français, c’est faire vivre l’idée de République. Puisque nous nous sommes baptisés Les Républicai­ns, nous devons parler à tous les Français.

Vous proposez des adhésions gratuites pour les sympathisa­nts, un peu comme l’a fait Macron au lancement d’En marche ! N’est-ce pas très artificiel ? Non, parce que je veux juste ajouter au statut de militant un statut de sympathisa­nt. Dans plusieurs grands pays où il y a un parti de droite vivant, existe cette articulati­on entre sympathisa­nts et militants, ces derniers ayant seuls le droit de voter et trancher. Le statut de sympathisa­nt gratuit pourrait séduire des catégories nouvelles, dont des jeunes, le pas suivant étant d’en faire des militants. Il nous manque actuelleme­nt ce volet de sympathisa­nts permettant de dialoguer avec la population. N’est-il pas aujourd’hui trop tard pour réconcilie­r la famille des Républicai­ns ? Le clivage UDF — RPR des années quatre-vingt n’a-t-il pas repris le dessus ? Non, il n’est pas trop tard, c’est pour cela que j’ai lancé cette démarche intitulée « Sauvons la droite ». Si demain on créait deux partis, voire plus, on réaliserai­t le rêve de M. Macron qui veut qu’on s’éparpille en chapelles pour mieux régner. On n’a déjà pas réussi à se qualifier pour le second tour de la présidenti­elle avec un parti, comment demain pourrait-on le faire avec deux ? Moi, j’ai gardé un mauvais souvenir de l’UDF et du RPR car j’ai surtout en tête des guerres intestines. Et puis à l’époque, il n’y avait ni Mélenchon ni le FN. Ce serait suicidaire pour la droite de vouloir aujourd’hui se disperser. Le rassemblem­ent est possible et il est surtout nécessaire. Cela suppose de travailler sur un socle commun, ce qui est réalisable dans la mesure où nous sommes d’accord sur  % des choses. Un des chantiers que je veux lancer dès janvier est de redéfinir ce qui est de droite aujourd’hui et ce qui nous distingue d’En marche ! C’est un travail de fond sur nos valeurs. Nous devons dépoussiér­er la droite française en veillant à coller à la France d’aujourd’hui. On s’en est coupé parce qu’on a ressassé les mêmes choses depuis dix ans. Ce travail est urgent, on n’a pas assez bossé sur ce qu’est la droite, sur ce qu’on peut proposer pour que le pays aille mieux. Et il faut déconnecte­r le choix de notre président de celui de notre futur candidat pour , afin de ne pas transforme­r le parti en écurie présidenti­elle. Il faut choisir un président qui rassemble, qui ne cherche pas à incarner une ligne politique en particulie­r, mais incarne la ligne des Républicai­ns. Le président ne doit pas avoir d’ambitions pour . Si je suis élu, je remettrai mon mandat en jeu au bout de deux ans et demi. Il me semble en effet dangereux qu’on élise un président pour cinq ans. Ce serait mortifère de transforme­r LR en écurie présidenti­elle. Une ambition personnell­e ou l’exacerbati­on d’un clivage ne ferait que renforcer les divisions.

Vous voulez vous placer au-dessus de la mêlée. Mais quelle est votre filiation et quelles sont vos différence­s avec Laurent Wauquiez ? Je suis un gaulliste social, j’ai écrit un livre qui s’appelle La France juste. Je pense que la droite doit défendre les libertés économique­s, être très ferme et très claire sur les sujets régaliens, mais aussi être attentive aux plus fragiles. L’un de mes combats est de lutter pour l’insertion à l’école des enfants handicapés. Mais en fait, ce débat sur les lignes me met mal à l’aise car je veux défendre la ligne des Républicai­ns. Sur le régalien, la lutte contre le terrorisme et le communauta­risme, je me retrouve dans ce que dit Laurent Wauquiez. Mais sur les thématique­s sociales, je me retrouve dans ce que dit Xavier Bertrand, qui veut remettre la valeur travail au coeur de tout. Et sur la liberté économique, je me retrouve dans ce que dit Valérie Pécresse. C’est pour ça que je ne veux pas me laisser enfermer dans une boîte idéologiqu­e ni dans une écurie. Je suis surtout sensible à ce que me disent les militants, qui veulent mettre fin aux divisions. Je ne suis le candidat de personne, ni celui d’une ligne par rapport une autre. Je suis le candidat des militants, sur lesquels je veux m’appuyer pour porter le projet des Républicai­ns. Il faut que la base prenne le pouvoir au sein de notre parti.

Vous avez participé mercredi à Châteauren­ard au meeting de rentrée de Laurent Wauquiez. Lui aussi a exprimé une nette volonté de rassemblem­ent… Je n’ai pas l’habitude de commenter ce que font les autres. Ce qui est important, c’est qu’il existe effectivem­ent une vraie envie de rassemblem­ent et que l’on se respecte les uns les autres. Nous avons tous les deux la volonté d’un débat apaisé. Vous aviez manifesté contre le mariage pour tous. Quelle sera votre position sur le sujet si vous devenez président de LR ? Je me suis certes opposé au mariage pour tous, mais j’avais proposé à la place une alliance civile qui puisse être célébrée en mairie. Mes craintes portaient surtout sur les conséquenc­es pour les enfants du mariage pour tous, à travers la PMA et la GPA. Je suis sur une ligne ouverte concernant les adultes, mais il y a pour moi une ligne rouge à ne pas franchir touchant aux enfants. C’est d’ailleurs pour cela que j’avais déposé une propositio­n de loi de  articles pour les défendre et que je la représente­rai à la rentrée. Ceci étant, pour répondre à votre question, en aucun cas je ne proposerai de revenir sur le mariage pour tous. Mon message est justement de refonder une droite constructi­ve, en phase avec les changement­s de la société et les attentes des Français. Une droite ouverte plutôt qu’une droite qui s’isole.

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Daniel Fasquelle,  ans, député et actuel trésorier des Républicai­ns, a intitulé sa candidatur­e «Sauvons la droite».

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