Var-Matin (Grand Toulon)

Hazanavici­us, président normal à Deauville

Le réalisateu­r oscarisé de The Artist, dont le nouveau film Le Redoutable sort le 13 septembre en salles, préside à Deauville le jury du 43e festival du film américain. Nous l’y avons rencontré

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Président du jury à Deauville, c’est un honneur ? Cela me fait très plaisir. Je n’ai jamais fait partie d’un jury et je me retrouve président du premier coup… Comme Macron ! (rires). C’est un honneur qui ne se refuse pas, mais ça fout un peu le trac. Le principe de mettre des films en compétitio­n me semble tellement absurde que je ne sais pas comment je vais m’en sortir. En tout cas, je n’y vais pas dans l’idée de juger…

Qu’attendez-vous des films en compétitio­n? Ce qui est génial en festival, c’est de pouvoir voir des films sans rien en connaître avant. C’est un luxe immense aujourd’hui. J’attends d’être surpris…

Quels genres cinématogr­aphiques ont vos préférence­s ? Je me méfie toujours des gens qui aiment « le cinéma ». Moi, j’aime avant tout les films. Je les regarde à l’aune de leur ambition. Je ne pense pas que le cinéma doit être ceci ou cela… Quand je vais voir La Planète des singes, je sais ce que je vais voir et j’adore ! Cars , pareil.

Quels sont les films américains qui ont construit votre cinéphilie ? Les westerns américains ont marqué mon enfance… Même quand ils étaient italiens ! Je croyais que c’étaient des films américains : les acteurs étaient américains, ils parlaient français et ça me semblait tout à fait normal… Plus tard, j’ai beaucoup aimé les comédies US. Le film des Blues Brothers a sans doute été le premier à me faire voir l’Amérique différemme­nt. Par la suite, j’ai beaucoup aimé les films de John Landis et d’Eddy Murphy. Le nouvel Hollywood, je ne l’ai découvert que plus tard… D’une manière générale, je trouve qu’il y a beaucoup de savoir-faire dans les films américains. Qu’il s’agisse de blockbuste­rs ou de films d’auteur… Trouvez-vous normal que des films faits pour les plateforme­s de vidéo à la demande se retrouvent en compétitio­n ? Cette polémique sur la VOD n’est pas pertinente, à mon avis. Le rôle d’un festival est de choisir les meilleurs films à programmer et de mettre en valeur le travail des cinéastes. Pas de légitimer ou de favoriser tel ou tel mode de financemen­t et de diffusion. Un film de Bong Joon-ho est forcément un film de cinéma et Cannes a fort bien fait de programmer Okja, même si on ne peut effectivem­ent le voir que sur Netflix. Bien sûr, on voudrait tous que nos films sortent en salles. Mais il s’en produit tellement que certains ne trouvent pas de distribute­ur. Il y a des milliers de films qui sortent dans un pays et pas dans d’autres. On ne peut pas se plaindre qu’il y ait trop de films et dire qu’ils doivent tous sortir en salles… Il y a certaineme­nt des films qui peuvent gagner à être diffusés autrement que dans les salles. Je pense qu’il y a un écosystème intelligen­t à construire, où tout le monde trouverait son intérêt. On pourrait imaginer, par exemple, qu’un film soit d’abord exploité en VOD et sorte ensuite en salles…

Si Netflix vous proposait de financer un film, vous accepterie­z ? S’il y a des films que je ne peux pas faire dans un mode de financemen­t traditionn­el et que Netflix me donne la possibilit­é de les faire, je les ferai avec Netlix. Pour moi, ce qui est important c’est de faire des films. Je rêve d’un système ou les intérêts premiers seraient ceux des films, avant ceux des distribute­urs ou des exploitant­s.

Comment allez-vous gérer la sortie du Redoutable depuis Deauville ? C’était un peu risqué pour moi d’accepter la présidence de Deauville au moment où mon film sort. Je devrais sans doute me consacrer à lui, plutôt qu’à ceux des autres… Mais je n’ai pas pu refuser le plaisir de me faire un grand shoot de cinéma.

Les westerns ont marqué mon enfance ”

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