L’atlas des libellules de Paca, une coproduction hyéroise
La Ligue pour la protection des oiseaux de Paca, basée dans la cité des palmiers, a participé à l’élaboration de cet ouvrage, qui recense toutes les espèces de libellules de la région
La jolie petite libellule, pour étonner les oiseaux, fait son numéro de funambule et, de roseau en roseau, elle est là soudain qui papillonne, juste au-dessus du ruisseau, oh la la, la la ! Qu’elle est mignonne, quand elle se mire dans l’eau. » En collant rose bonbon ou vert d’eau, ailes proéminentes et antennes fixées sur la tête, l’humoriste Sim chantait en 1970 La Libellule sur les plateaux de télévision. Avouons que des louanges à la gloire d’une sauterelle ou d’une fourmi n’auraient probablement pas reçu le même accueil... « Chez les insectes, quasiment seuls les papillons, les coccinelles, les cigales et les libellules sont aimés du grand public », indique à juste titre Benjamin Kabouche, naturaliste à la LPO Paca basée à Hyères, l’un des rares spécialistes des odonates en Paca. On se permettra d’y ajouter l’abeille... C’est donc sur ce terreau fertile que Benjamin Kabouche et Gilles Viricel, respectivement directeur et président de la LPO Paca, Michel Papazian, sommité française sur les odonates et
(1) président de l’Office pour les insectes et leur environnement en Provence et Alpes du Sud et Yoann Blanchon (Société française d’odonatologie) ont décidé, en 2010, de se lancer dans l’aventure d’une édition d’un atlas des libellules de Paca. Leur dessein était aussi de combler un vide car depuis 1968 et les travaux d’un certain Pierre Aguesse, les odonates n’ont plus fait l’objet en France d’étude et de recensement poussés. C’est ainsi que les quatre hommes ont décidé de se lancer dans un inventaire et un suivi des différentes espèces, bien aidés en cela par un millier d’observateurs qui ont fait remonter de l’information. Leur travail de longue haleine a débouché sur un ouvrage de référence qui offre une immersion dans le monde fascinant des odonates.
Un miracle de la nature
Sans tout dévoiler, vous y apprendrez que la larve grossit onze fois, que les fourmis sont une menace lors de l’émergence ou que lors de la reproduction, les libellules se reproduisent en formant un coeur copulatoire. Aux formes géométriques jubilatoires. « C’est un miracle de la nature, s’émerveille Benjamin Kabouche. Elles font preuve de puissance, de détermination, mais sont si fragiles... Ce sont des espèces sentinelles qui racontent l’état de leur milieu. Si vous les voyez, cela veut dire que l’eau est d’assez bonne qualité. ». Chacune des 74 libellules de la région fait l’objet d’une fiche détaillée sur son habitat et ses habitudes, magnifiée par la qualité des photos et des infographies. « La jolie petite libellule, ne peut pas s’apprivoiser, car elle a des ailes majuscules, faites pour vous échapper », concluait Sim. Contempler ces insectes, c’est s’émouvoir d’un bref instant de grâce et de fragilité. Ce livre l’a figé pour l’éternité. 1. Les odonates sont un groupe d’insectes qui regroupent deux sous-ordres : les demoiselles (zygoptère) et les libellules stricto sensu (anisoptère).