Le MoDem regarde en haut
« En même temps » qu’il affiche un record de députés, le parti centriste a perdu ses ténors au gouvernement. L’heure est à consolider les troupes… en convention régionale, hier à Toulon
Au MoDem, on a l’habitude des assemblées modestes. « On a traversé le désert. On l’a traversé, en long, en large et en travers. Et il n’y avait pas d’oasis ! » a lancé lyrique, à la terrasse du restaurant de plage L’Oasis (sic), le député varois Philippe Michel-Kleisbauer. Hier matin, à Toulon, le MoDem a rassemblé ses militants en convention régionale, en présence d’une quarantaine de personnes. Le député et président du groupe parlementaire, Marc Fesneau, a fait le déplacement. Et le bilan. « Revenons un an en arrière, quand on se demandait qui de Juppé ou Sarkozy l’emporterait [à la primaire de la droite]. Et dans le Var, qui aurait parié sur un député MoDem ? J’aurais eu des doutes moi-même. » L’année 2017 a vu le MoDem être porté au pinacle, puis en dégringoler. Aussitôt entrés au gouvernement, des ténors du parti en sortaient, contraints par des soupçons d’emplois non pas fictifs, mais détournés de leur objet financé sur fonds publics. Coup dur pour les artisans de la loi de moralisation de la vie publique. « C’était assez triste, reconnaît Marc Fesneau. Au même moment où nos idées triomphent et où en même temps, – c’est très macronien ce “en même temps” – nous formons un groupe de 47 députés. » La position à l’Assemblée nationale est historique. Et ce n’est pas fini, annonce, sans en dire plus, Philippe Michel-Kleisbauer : « Le groupe pourrait bientôt passer de 47 à 50 [députés], il va s’enrichir, vous allez voir. » Entretien avec Marc Fesneau, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale.
Que retenez-vous des ordonnances de la loi travail ? Les ordonnances, certains les ont critiquées comme un étant un déni de démocratie. Or, il est reconnu que le degré de concertation a été très élevé. Je salue déjà la méthode, il y a eu un vrai dialogue. Et sur le fond, il y a une vraie réforme. Le MoDem y a contribué. Par exemple, sur les indemnités prud’homales, les fautes graves de l’employeur (discrimination et harcèlement) sont exclues du plafond. Et ça, c’est une volonté du MoDem.
Serez-vous des alliés obligés de La République en Marche ? Nous ne sommes ni fondeurs, ni godillots. Nous travaillons en amont, avec le gouvernement, pour infléchir certaines positions. Par exemple sur la moralisation de la vie publique, il était intangible pour nous de rétablir la banque de la démocratie. Après, on a essayé de pousser plus loin sur l’inéligibilité, on a élargi le cercle des infractions retenues.
À côté de LREM, quel espace politique reste-t-il au MoDem ? Nous avons parlementaires qui s’expriment et sont présents. Notre force, c’est la cohérence de notre groupe, sa cohérence idéologique. Nos positions ne sont pas affaiblies, au contraire, nos idées triomphent. Nous goûtons aux joies et aux difficultés d’un groupe majoritaire. La mise en route du travail parlementaire a été tonitruante. On essaie d’être le pilier solide. Les membres du gouvernement savent vers qui se tourner quand il y a une parole un peu forte à passer.