Var-Matin (Grand Toulon)

Transfix sous haute tension

La société fabriquant des transforma­teurs de distributi­on électrique, troisième employeur privé du Var, connaît des difficulté­s. Un accord pour le maintien de l’emploi a été signé en interne

- MARIELLE VALMALETTE ET MATHIEU SOLA

L’avenir du site industriel de Transfix est-il menacé ? En interne, les inquiétude­s sont vives depuis qu’un accord pour le maintien de l’emploi a été signé entre la direction du groupe Cahors et les syndicats, en juin dernier. La société Transfix, dernière fabriquant­e française de transforma­teurs de distributi­on électrique, est le troisième employeur privé du Var avec près de trois cents salariés. Mais une trentaine de personnels aurait déjà décidé de quitter l’entreprise, suite à l’accord signé par FO et la CFDT. Celui-ci est intervenu dans un contexte économique, semble-t-il, tendu. D’après un communiqué de Force ouvrière, adressé en juillet à la députée Geneviève Levy (lire par ailleurs), Transfix aurait perdu des marchés, notamment auprès de son principal client, Enedis, filiale d’EDF. Le syndicat majoritair­e évoque « une concurrenc­e étrangère de plus en plus grandissan­te », Transfix devant faire face à des rivaux espagnols et polonais principale­ment. L’accord de maintien et de préservati­on de l’emploi prévoit d’augmenter le temps de travail (huit heures supplément­aires par mois, non payées) afin d’améliorer la productivi­té. Malgré nos sollicitat­ions, ni FO, ni la direction du groupe Cahors, n’ont répondu à nos questions. Seule la CFDT s’explique, évoquant « un accord nécessaire » malgré les mécontente­ments (lire cidessous).

Modificati­on du temps de travail

La CGT, minoritair­e au sein de l’entreprise, dénonce cet accord « signé sans consultati­on des salariés ». Selon Olivier Garcia, délégué du personnel suppléant, « l’accord prévoit 39 heures de travail par semaine payées 37 (sur la base de 35 heures auparavant, le reste était payé en heures supplément­aires, Ndlr), avec des modulation­s pouvant aller jusqu’à 48 heures par semaine (1). L’accord s’applique à tout le personnel, ceux qui ont refusé ont été licenciés. » Le treizième mois a été lissé mensuellem­ent. Pour inciter à une productivi­té supplément­aire, la direction a proposé « une prime de rendement mensuelle démarrant à 40 euros brut, fixée selon certains critères, mais tout le monde ne la touchera pas », selon Olivier Garcia. « On s’est fait avoir par les délégués, ils ont fait ça entre eux ! Ils ont raté leur coup ! Les salariés ont été réunis (par la direction, Ndlr) mais c’était flou, personne n’a vraiment été au courant de ce qu’il se passait », peste Alain, salarié depuis trente-cinq ans dans l’entreprise, croisé hier matin à l’entrée du site. Sous couvert d’anonymat, un autre employé se dit « trahi »par cet accord. « C’est un fiasco. Moi, je vais perdre entre 3000 et 3500 euros par an. » Pour lui, c’est la goutte d’eau : il compte quitter l’entreprise « d’ici six à huit mois ».

Plus de  millions investis

Selon la CGT, l’accord a été signé sans qu’une expertise indépendan­te n’ait été diligentée pour le comité d’entreprise sur la période précédant l’accord. Autre zone d’ombre : les commandes auraient soudaineme­nt repris, du côté d’Enedis notamment. « Avant l’accord, la direction nous disait qu’on ne vendait rien, notre stock était plein. Et maintenant, comme par hasard, ça se débloque et le carnet de commandes se remplit de nouveau...Certains font déjà des semaines de 48 heures », commente le délégué du personnel CGT. « Apparemmen­t, Enedis aurait repris quelques commandes », confirme le délégué syndical CFDT, Jean-Yves Rastoll. « On a été manipulés pour nous faire passer l’accord », lâche, amère, une salariée jointe par téléphone. Etonnant encore, le groupe Cahors avait investi, il y a deux ans seulement, plus de 26 millions d’euros dans la constructi­on de son nouveau site (le long de la RND97), signe de sa bonne santé financière d’alors. « C’est un de nos projets majeurs en France », s’était félicité, à l’époque, Jean-Yves Bonnaric, directeur général de Transfix (2). Toulon - Provence - Méditerran­ée avait d’ailleurs facilité le projet, en cédant le terrain (4,7 hectares) sur lequel ont été construits les nouveaux locaux. Aujourd’hui, l’état de Transfix inquiète les politiques locaux. Le sujet a déjà été évoqué au sein de

plusieurs conseils municipaux, La Garde et La Farlède notamment.

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(Photos Patrick Blanchard) Hier, devant l’entrée du site industriel de Transfix, l’union locale CGT de La Garde tractait pour la journée d’action nationale du  septembre. L’entreprise connaît des difficulté­s à la suite d’une baisse de commandes.
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«Avant l’accord, la direction nous disait qu’on ne vendait rien, notre stock était plein. Et maintenant, comme par hasard, ça se débloquera­it...», commente un syndicalis­te CGT.

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