La figue de Solliès prend de la graine
Dopée par la création d’une appellation d’origine protégée, la filière séduit de plus en plus d’agriculteurs. Le fruit mûrit maintenant aussi à La Garde et au Pradet
La cueillette a débuté plus tôt que d’habitude. Des le 15 août, les premières figues affichaient un violet tout à fait convaincant. Un signal que Mathieu Lion, agriculteur de 29 ans, n’a pas raté. Traditionnellement spécialisé dans les pivoines, il a planté 244 figuiers en 2012 sur un carré d’un hectare et demi, à la lisère de La Crau et de La Garde. « Avant, c’était des vignes jusqu’à ce que mon père les arrache », se souvient Maxime, du haut de ses 63 ans. Aujourd’hui, le père de Mathieu se contente de « faire le porteur d’eau », histoire de donner un coup de main à son fils.
Plus de 2 euros le kg en moyenne
En pleine chaleur, obligé d’être couvert de la tête aux pieds pour ne pas se faire brûler la peau par le lait corrosif que pleure le figuier, Mathieu sue à grosses gouttes en écartant les branches de ses arbres. « La récolte dure jusqu’à fin octobre, explique-t-il, enfoui dans le feuillage. Pour l’instant, il faut venir tous les matins, ou presque. Mais on attend surtout la pluie. Les premières grosses averses vont accélérer le mûrissement. Rien à voir avec ce que peut donner l’irrigation, parce que le figuier est très gourmand en eau et aime avoir les feuilles mouillées.
Là, il faudra être prêt ! » Après une saison particulièrement sèche, il n’est guère évident pour l’instant de pronostiquer ce que va donner la deuxième récolte de la parcelle.
« Sur le terrain de La Crau, où j’ai 120 figuiers de plus de 20 ans, on tourne à une moyenne de 80 kg par arbre. Ici, ils sont encore jeunes. Mais ça semble bien parti. En tout cas, on n’a pas subi de dégâts à cause des mouches. » « Et la figue, ça marche bien, sourit-il. Il y a de la demande. » « La coopérative achète environ à 3 euros le kilo les gros fruits, calcule Mathieu, content que les agendas de la figue automnale et de la pivoine printanière se coordonnent pour lui garantir du travail toute l’année. Et au plus bas, c’est 50 centimes pour ceux qui sont destinés à faire de la confiture. En moyenne, on est à un peu plus de 2 euros le kg. »
Mathieu est ravi. « Moi, j’ai profité d’une subvention de coopérative Copsolfruit qui aidait à la plantation. Alors comme les terres agricoles sont de plus en plus rares dans la vallée du Gapeau, et que les figues se vendent bien, je ne regrette pas.