Caravelle Ajaccio-Nice : recueillement et espoir
Hier, les familles des victimes de ce crash aérien survenu en1968 se sont recueillies à Nice, avec l’espoir de connaître la vérité depuis la réouverture du dossier
Des bougies et des gerbes de fleurs, celles du souvenir déposées, hier en fin de matinée, à deux pas des pistes de l’aéroport international de Nice, devant la stèle érigée à la mémoire des 95 passagers et membres d’équipage tués dans le crash de la caravelle Ajaccio-Nice, au large du cap d’Antibes, le 11 septembre 1968. 49 ans après, une cinquantaine de personnes, élus niçois et corses, familles de victimes ont participé, comme chaque année, à la commémoration de cette catastrophe aérienne. Sauf que cette fois-ci, cette belle cérémonie, marquée par l’hymne corse, chanté à capella par le groupe « Ava Corsica», s’est teintée d’une note d’espoir. Celle qu’avaient au coeur les familles des victimes de ce crash aérien à la suite de la réouverture du dossier demandée par le doyen des juges d’instruction de Nice et confiée à la brigade de recherche de la gendarmerie de Nice. (Voir nos éditions du mercredi 6 septembre). Dans cette enquête, les gendarmes ont pointé « nombre d’inexactitudes et d’imprécisions » dans la thèse officielle, celle d’un incendie à bord de la caravelle. Et de demander, à leur tour, la levée du secret défense. Celle que réclame depuis des années, Mathieu Paoli, président de l’association des familles de victimes.
« Nous attendons la réaction du ministère de la Défense »
Orphelins depuis le crash, Mathieu et son frère Louis, présents à Nice hier pour la commém oration, soutiennent la thèse d’un tir de missile accidentel. Pour Mathieu Paoli, les nouveaux éléments de l’enquête de la gendarmerie constituent « un pas décisif vers la vérité ». «Il manque encore quelques dossiers mais nous ne sommes plus très loin de la levée du secret défense. En tout cas, nous ne lâcherons rien, affirme-t-il. Face aux derniers éléments de l’enquête, nous attendons, maintenant, la réaction du ministère de la Défense. » La vérité, Marie-Claire Cogny l’attend aussi. Chaque année, elle fait le déplacement depuis Paris, où elle réside, jusqu’à Nice pour participer à cette journée du souvenir.
« ans de combat pour la vérité »
Dans le crash de la caravelle, elle a perdu son père, général d’Armée, et son cousin germain. « Malgré les années, on vit avec cette perte, cette douleur, sans pour autant l’oublier. Je fais confiance à l’Armée à qui mon père a tant donné. Ce serait l’honneur de la Marine de reconnaître qu’une erreur a été commise.» Savoir ce qui s’est passé le 11 septembre 1968 au large du cap d’Antibes. Pourquoi et comment cette caravelle s’est-elle abîmée en mer ? «C’est cela que nous demandons : des réponses à nos questions. Nous ne voulons ni argent, ni procès. Ce n’est pas le sens de nos 49 années de combat, martèle Mathieu Paoli. Notre seul objectif : connaître la vérité sur cette catastrophe aérienne. Pour que les familles puissent, enfin, faire leur deuil. Et cette vérité, quand nous l’aurons, ne sera pas une victoire. Juste une reconnaissance. »