Var-Matin (Grand Toulon)

En consultati­on avec Marcel Rufo

Une fois par mois, le pédopsychi­atre Marcel Rufo reçoit, à Toulon, aux côtés du Dr Nadège Bourvis, la directrice médicale, des jeunes varois en proie aux doutes ou mal dans leur peau, ainsi que leur famille. Des consultati­ons gratuites qui aident ces ados

- Dossier : Lylian Casier lcasier@nicematin.fr Photos : Frank Muller

Ils se nomment Théo (1), Louise, Alicia ou Matthieu. Ils ont entre 12 et 18 ans et sont confrontés à des troubles qu’ils espèrent atténuer au contact de la Maison des adolescent­s (MDA) du Var et de l’éminent Dr Rufo. Le pédopsychi­atre, né à Toulon, jouit en effet d’une réputation qui va bien au-delà des frontières naturelles que sont la Méditerran­ée et le Faron. Une fois par mois, il vient à eux pour un après-midi de consultati­ons gratuites, qui rapportent parfois « gros » aux jeunes venus à sa rencontre. En compagnie du Dr Nadège Bourvis, directrice médicale de la MDA et pédopsychi­atre elle aussi, il écoute, analyse et pose des mots sur les maux, dans un petit bureau simple, épuré et aux vitres teintées.

« Il fallait que j’en parle »

En ce jeudi après-midi de septembre, les deux médecins voient des collégiens et lycéens aux soucis variés, voire opposés. La volonté de parler et une famille volontaire sont les deux seuls aspects qui les lient. Louise, douze ans, habite à Bormes et a été agressée par un homme il y a un an, pendant ses vacances. « Il fallait que j’en parle, que je me livre pour aller mieux. Cela m’a aidé, ça m’aide. Je dors mieux, j’ai moins peur et je suis plus détendue », énumère-t-elle, avec une maturité étonnante pour son âge. Elle a également eu recours à la sophrologi­e. «Se livrer à un spécialist­e qui ne nous connaît pas, ça aide. » C’est sa grand-mère, Eva, qui l’accompagne. «C’est plus facile qu’avec les parents», s’expriment-elles, de concert. « Pourtant, les parents sont souvent à l’initiative des rendez-vous et accompagne­nt quasi systématiq­uement leur enfant. Même les papas, une nouveauté qui va dans le bon sens », explique Marcel Rufo. Matthieu, surdoué, rentre au lycée et est justement accompagné par son père. Contrairem­ent à Louise, c’est sa première visite. « Je ne dirai pas que ça va mieux, pas comme ça, mais j’ai déjà pris un deuxième rendez-vous et je sais que ça va m’aider. Je n’avais pas encore de médecin aussi compétent », confie, avec assurance, le jeune homme. « Et puis je me sens bien, dans ce lieu. L’accueil, le personnel, ce sont des gens généreux. » Le Toulonnais est en proie à de nombreux problèmes familiaux. « Il a du mal à s’entendre avec ses frères et soeurs et il vit dans une famille recomposée. Ça a des répercussi­ons sur son travail scolaire », dévoile son père, Philippe, bluffé par le Dr Rufo. « Il y a eu une écoute formidable et je pèse mes mots. On se sent bien, il n’y a pas de place au mensonge. Tu prends les vérités dans la tronche, c’est carré », a-t-il apprécié. « L’honnêteté, ça soulage, non ? », livre Marcel Rufo.

Angoisse et anxiété

Natalie est venue de Pierrefeu avec son mari et leur fille, Alicia. Elle développe, depuis la sixième, une phobie scolaire, sociale qui, depuis un an, se matérialis­e par des maux de ventre très intenses et une anxiété permanente. « Elle a manqué sa première année de lycée, ce qui ne nous a pas aidés, d’ailleurs. On ne trouve pas l’origine de ce problème qui n’a, apparemmen­t, pas été déclenché par un événement clé. » Psychologu­es et médecins n’ont pas la solution. « On a essayé l’hypnothéra­pie, qui a eu le mérite de lui calmer les douleurs au ventre...»

De l’écoute à tous les étages

La maman, qui connaissai­t le Dr Rufo pour en avoir dévoré ses ouvrages, s’est alors vue conseiller la MDA par une psychologu­e. Et a appris qu’elle pouvait le consulter gratuiteme­nt, à quelques kilomètres du domicile familial. «Il a parlé de confiance, s’est adressé directemen­t à notre fille et lui a donné rendez-vous dans trois mois», rapporte le papa. Enfin Théo, qui est aussi accompagné de ses deux parents, a lui aussi été agressé. Il a, depuis, exacerbé une part de violence qui sommeillai­t déjà en lui. « Il est très contrarié et la période de l’adolescenc­e amplifie également ce phénomène », confie son père. Comme la dizaine de familles et d’adolescent­s qui ont défilé entre 14 h et 18 h, Théo et ses parents attendent beaucoup de cette associatio­n déjà indispensa­ble qu’est la MDA, portée par son président, Marcel Rufo, mais aussi par la compétence et les efforts fournis par tout le personnel, du directeur aux intervenan­ts. À l’image des deux hôtesses d’accueil, dévouées : Nadine et Catherine.

1. Tous les prénoms ont été modifiés à la demande des familles.

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Les francs sourires de l’accueil détendent une atmosphère parfois pesante pour ces enfants âgés de ,  ou  ans, venus avec leur famille.
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