«Jer este maire de Toulon »
Après 29 ans de présence au parlement, Hubert Falco démissionne de son mandat de sénateur sans désigner de successeur. Sa décision sera effective le 22 septembre. Désormais, il se consacrera entièrement à Toulon.
Ce n’est pas une surprise – il avait déjà annoncé son choix depuis de longs mois. Ce n’est pas non plus une décision prise de gaieté de coeur : Hubert Falco a fait part au président du Sénat Gérard Larcher, de sa décision de se mettre en conformité avec la loi sur le non-cumul des mandats en renonçant aux fonctions de sénateur. Sa démission prendra effet le septembre prochain. Il refermera la porte sur près de ans au Parlement.
Depuis et votre premier mandat de député, que vous auront appris ces décennies sous les ors de la République ? Que l’expérience vient des territoires. D’ailleurs, je suis un homme des territoires, de la vie des gens, de leur quotidien. Tout au long de ma carrière, j’ai toujours pris mes décisions en fonction de mes convictions et de mon idéal : ma ville. Le terrain m’a apporté la formation dont j’avais besoin ; confrontée à la réalité, à la vie des gens. C’est irremplaçable. Quand je suis arrivé au gouvernement je n’ai jamais été déstabilisé.
C’est une mise en garde destinée aux nouveaux parlementaires LREM ? Non, je regarde tout cela avec beaucoup de hauteur. Aujourd’hui, on veut fabriquer des élus, des parlementaires hors sol. Vous savez, certains jeunes députés sont venus me voir pour se présenter, je leur ai demandé ce qu’ils allaient pouvoir répondre aux maires pour les aider dans leur quotidien, auprès des populations. Ce sont des élus qui n’ont aucune expérience, à qui d’ailleurs on supprime la réserve parlementaire, qui était quelque chose qui permettait d’aider une association, une ville, etc.
Des choix sujets à caution parfois non ? Je ne suis pas d’accord. On met en cause la réserve parlementaire alors que c’est le ministère de l’Intérieur qui contrôle. Le parlementaire fait ses choix
et si ces derniers ne sont pas opportuns, le préfet les refuse. À Toulon, comme nous étions plusieurs parlementaires, nous nous étions partagé les rôles : j’aidais la ville, Geneviève Levy les associations par exemple… Aujourd’hui, les parlementaires n’ont même plus cela.
Quel choix aurait dû faire le législateur ? Déjà permettre au parlementaire de conserver un mandat local, pour faire le lien entre le territoire et Paris, lien indispensable.
La confusion ne vient-elle pas du fait que l’opinion publique pense que les élus cumulent leurs indemnités ? Sans doute, mais c’est faux. J’ai été pendant ans sénateur-maire, je ne touchais pas d’indemnités en tant que maire.
Le grand public voit aussi le non-renouvellement de la classe politique… Mais le nonrenouvellement de la classe politique, c’est la démocratie ! C’est le citoyen qui décide, lors des élections.
Dans votre carrière politique, on vous reproche de ne pas avoir voulu être tête de liste aux régionales en … C’est vrai. J’étais tête de liste dans le Var, j’ai été élu. Et j’ai démissionné. Si j’avais été élu président du conseil régional, j’aurai dû démissionner de mon mandat de maire, et je ne le voulais pas. Je ne voulais pas mentir non plus aux électeurs. J’ai toujours été
honnête envers les gens qui m’ont élu.
Que retenez-vous de vos différents postes ministériels ? Le drame de la canicule, l’été , bien sûr. Je me souviens lorsque, nouvellement nommé secrétaire d’État aux personnes âgées, j’avais pris pour décret de faire boire les personnes âgées. On m’a ri au nez. Puis la canicule a fait morts et là, même la commission d’enquête parlementaire a rejoint les gérontologues interrogés : il fallait faire boire les personnes âgées ! Je retiens aussi L’APA, dont il a fallu trouver , milliard de financements alors que je venais d’arriver au secrétariat d’état chargé des personnes âgées. La loi vieillesse et solidarité m’a permis de rassembler toutes les problématiques liées aux personnes âgées. Je me rappelle encore les restructurations de la Défense, quand alors secrétaire d’État à l’aménagement du territoire, j’ai dû annoncer à certains maires la fermeture de leur caserne, le départ des militaires.
Des regrets ? Que l’on ne nous laisse pas terminer le mandat. C’est la première fois dans l’histoire de la République que l’on interrompt ainsi un mandat au bout de trois
ans alors que nous avons été élus pour six. Mon choix est fait : je privilégie ma ville, le terrain, le territoire, ce qui m’a fait. Ce sont les bulletins de vote qui m’ont fait. Cela fait ans que je suis parlementaire, je quitte cette fonction à regret. Je ne suis plus retourné au Sénat depuis longtemps...
Vous abandonnez vos fonctions sénatoriales à un moment où le gouvernement réfléchit à l’opportunité de limiter à trois les mandats des hommes politiques. Ce n’est pas encore d’actualité, il reviendra à la constitution de le déterminer. Et puis, je pense que tout se jouera après les élections municipales... Sans doute en
Votre voix portera-t-elle de la même manière sans l’étiquette parlementaire ? J’ai le poids de ce que j’ai été, de mon expérience. Je ne vais pas souffrir de l’oubli. Maintenant, je trouve dommage le fait que l’on coupe le parlementaire du lien avec le territoire. Que l’on en fasse un parlementaire hors sol. Je reste maire de Toulon, c’est le plus beau des mandats. Je me régale ! Mon choix est dans la ligne qui a toujours été la mienne.
Maire de Toulon est le plus beau des mandats ”