Var-Matin (Grand Toulon)

Hôpital Sainte-Musse : une « première » au bloc

Pour la première fois dans le Var, un patient au CHITS, atteint d’une maladie rare, a bénéficié d’une technique de chirurgie endoscopiq­ue innovante, déjà réalisée à Nice et Marseille

- CATHERINE PONTONE

Basé entre les centres hospitalo-universita­ires (CHU) de Nice et de Marseille, le centre hospitalie­r intercommu­nal Toulon-La Seyne (CHITS), avec son plateau technique référent dans le Var, entend occuper pleinement sa place dans le réseau sanitaire régional. En témoigne l’innovation réalisée au sein du service hépato-gastro-entérologi­e. Un patient, souffrant d’une achalasie (une maladie rare mais sous-diagnostiq­uée, l’empêchant de se nourrir normalemen­t qui concerne une personne sur 100 000), a pu bénéficier d’une technique endoscopiq­ue innovante.

Développée au Japon

Développée au Japon avec une première procédure mondiale en 2008, l’interventi­on, jusqu’alors réservée aux CHU dont Nice et Marseille, vient de l’être pour la première fois à l’hôpital Sainte-Musse. Aux techniques dites classiques (la chirurgie et la dilatation du cardia à l’aide d’un ballonnet) est venue, ainsi, se greffer la Poem. Sous ce sigle un peu barbare (pour Per oral endioscopi­c myotomy) se dévoile une nouvelle technique mini-invasive. « C’est une technique qui allie les avantages de l’endoscopie et de la chirurgie. Vous allez avoir la même efficacité qu’une chirurgie et les avantages d’une endoscopie », insiste le Dr Ah-Soune, hépato-gastro-entérologu­e. De quoi s’agit-il ? Cela consiste à faire une incision dans la paroi extrêmemen­t fine de l’oesophage (3 mm), après avoir introduit un endoscope souple par la bouche. « Il faut gonfler artificiel­lement la paroi de l’oesophage pour pouvoir créer un espace et aller sectionner les muscles du bas de l’oesophage et d’une partie de l’estomac. Cela va permettre aux aliments de progresser dans l’estomac. »

Sans incision

Les avantages pour le patient ? Hospitalis­é en moyenne deux jours, il n’a subi aucune incision cutanée et se réalimente quasiment normalemen­t le lendemain. « Cette technique donne des résultats équivalent­s à la chirurgie, avec

Formation à Marseille

La technique délicate de chirurgie endoscopiq­ue a nécessité un apprentiss­age de plusieurs mois des équipes médicales et para-médicales. « Le professeur Barthet, le pionnier dans le développem­ent de cette technique en France, m’a aidé pour faire cette première interventi­on explique le Dr Ah-Soune. Avec les infirmiers du bloc opératoire, ils se sont rendus au Centre d’enseigneme­nt et de recherche chirurgica­le (CERC) du CHU de l’hôpital Nord de », un taux d’efficacité clinique égale, voire supérieur, rassure le chef de service. Nous essayons de promouvoir toutes les techniques pour lesquelles il y a de moins en moins d’incisions. Le patient a du coup moins de complicati­ons et sort plus vite de l’hôpital. » La réussite de cette interventi­on a nécessité une préparatio­n méticuleus­e (lire par ailleurs). Elle n’aurait pu l’être sans l’investisse­ment dans un matériel de pointe du plateau technique, avec un appareil d’endoscopie de haute définition et la miniaturis­ation des instrument­s. Marseille. « Ce geste extrêmemen­t fin et technique nécessite un apprentiss­age important. Nous nous sommes entraînés sur le modèle animal », explique le Dr Ah-Soune. L’Achalasie

Maladie invalidant­e... « Cette pathologie va toucher les nerfs et les muscles de l’oesophage. Cela va entraîner une disparitio­n de la contractio­n de l’oesophage. Il va y avoir un défaut de relâchemen­t du muscle, situé à la jonction entre l’oesophage et l’estomac », explique le Dr Philippe Ah-Soune. Conséquenc­e : « Les aliments ne sont plus propulsés vers l’estomac. Il se crée une espèce de barrière entre l’oesophage et l’estomac. »

Les symptômes. « Les personnes ont des blocages alimentair­es, des douleurs dans la poitrine, des régurgitat­ions acides d’aliments et une perte de poids importante. Le patient ne peut plus s’alimenter normalemen­t et chaque repas devient une appréhensi­on. Les patients ont une qualité de vie détériorié­e », explique le Dr Ah-Soune.

Le diagnostic. « Les patients peuvent errer plusieurs mois, voire plusieurs années, avec leurs symptômes. La maladie est souvent sous diagnostiq­uée. La maladie est rare, mais nous la rencontron­s de plus en plus en consultati­on. »

 ?? (Photos Frank Muller) ?? Le Dr Philippe Ah-Soune (au centre), entouré d’une partie de l’équipe du service hépato-gastro-entérologi­e (médecins, assistant, infirmiers et des internes de Marseille) de l’hôpital Sainte-Musse.
(Photos Frank Muller) Le Dr Philippe Ah-Soune (au centre), entouré d’une partie de l’équipe du service hépato-gastro-entérologi­e (médecins, assistant, infirmiers et des internes de Marseille) de l’hôpital Sainte-Musse.

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