Hôpital Sainte-Musse : une « première » au bloc
Pour la première fois dans le Var, un patient au CHITS, atteint d’une maladie rare, a bénéficié d’une technique de chirurgie endoscopique innovante, déjà réalisée à Nice et Marseille
Basé entre les centres hospitalo-universitaires (CHU) de Nice et de Marseille, le centre hospitalier intercommunal Toulon-La Seyne (CHITS), avec son plateau technique référent dans le Var, entend occuper pleinement sa place dans le réseau sanitaire régional. En témoigne l’innovation réalisée au sein du service hépato-gastro-entérologie. Un patient, souffrant d’une achalasie (une maladie rare mais sous-diagnostiquée, l’empêchant de se nourrir normalement qui concerne une personne sur 100 000), a pu bénéficier d’une technique endoscopique innovante.
Développée au Japon
Développée au Japon avec une première procédure mondiale en 2008, l’intervention, jusqu’alors réservée aux CHU dont Nice et Marseille, vient de l’être pour la première fois à l’hôpital Sainte-Musse. Aux techniques dites classiques (la chirurgie et la dilatation du cardia à l’aide d’un ballonnet) est venue, ainsi, se greffer la Poem. Sous ce sigle un peu barbare (pour Per oral endioscopic myotomy) se dévoile une nouvelle technique mini-invasive. « C’est une technique qui allie les avantages de l’endoscopie et de la chirurgie. Vous allez avoir la même efficacité qu’une chirurgie et les avantages d’une endoscopie », insiste le Dr Ah-Soune, hépato-gastro-entérologue. De quoi s’agit-il ? Cela consiste à faire une incision dans la paroi extrêmement fine de l’oesophage (3 mm), après avoir introduit un endoscope souple par la bouche. « Il faut gonfler artificiellement la paroi de l’oesophage pour pouvoir créer un espace et aller sectionner les muscles du bas de l’oesophage et d’une partie de l’estomac. Cela va permettre aux aliments de progresser dans l’estomac. »
Sans incision
Les avantages pour le patient ? Hospitalisé en moyenne deux jours, il n’a subi aucune incision cutanée et se réalimente quasiment normalement le lendemain. « Cette technique donne des résultats équivalents à la chirurgie, avec
Formation à Marseille
La technique délicate de chirurgie endoscopique a nécessité un apprentissage de plusieurs mois des équipes médicales et para-médicales. « Le professeur Barthet, le pionnier dans le développement de cette technique en France, m’a aidé pour faire cette première intervention explique le Dr Ah-Soune. Avec les infirmiers du bloc opératoire, ils se sont rendus au Centre d’enseignement et de recherche chirurgicale (CERC) du CHU de l’hôpital Nord de », un taux d’efficacité clinique égale, voire supérieur, rassure le chef de service. Nous essayons de promouvoir toutes les techniques pour lesquelles il y a de moins en moins d’incisions. Le patient a du coup moins de complications et sort plus vite de l’hôpital. » La réussite de cette intervention a nécessité une préparation méticuleuse (lire par ailleurs). Elle n’aurait pu l’être sans l’investissement dans un matériel de pointe du plateau technique, avec un appareil d’endoscopie de haute définition et la miniaturisation des instruments. Marseille. « Ce geste extrêmement fin et technique nécessite un apprentissage important. Nous nous sommes entraînés sur le modèle animal », explique le Dr Ah-Soune. L’Achalasie
Maladie invalidante... « Cette pathologie va toucher les nerfs et les muscles de l’oesophage. Cela va entraîner une disparition de la contraction de l’oesophage. Il va y avoir un défaut de relâchement du muscle, situé à la jonction entre l’oesophage et l’estomac », explique le Dr Philippe Ah-Soune. Conséquence : « Les aliments ne sont plus propulsés vers l’estomac. Il se crée une espèce de barrière entre l’oesophage et l’estomac. »
Les symptômes. « Les personnes ont des blocages alimentaires, des douleurs dans la poitrine, des régurgitations acides d’aliments et une perte de poids importante. Le patient ne peut plus s’alimenter normalement et chaque repas devient une appréhension. Les patients ont une qualité de vie détérioriée », explique le Dr Ah-Soune.
Le diagnostic. « Les patients peuvent errer plusieurs mois, voire plusieurs années, avec leurs symptômes. La maladie est souvent sous diagnostiquée. La maladie est rare, mais nous la rencontrons de plus en plus en consultation. »