Var-Matin (Grand Toulon)

Le maître mot ici, c’est fiabilité ”

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Vincent, un mois et demi après cette finale à Suzuka qui ne s’est pas achevée comme prévu, on imagine que vous avez hâte de redémarrer. Vrai ou faux ? Moi, je dirais que la saison  s’est terminée comme prévu ! (Rires) Compte tenu de son déroulemen­t, il aurait fallu un miracle, ou un coup de baguette magique, pour conserver le titre mondial. En Endurance, OK, les courses sont longues, compliquée­s, tout est possible. Au Japon, on y a cru et on a fait le maximum jusqu’au bout en sachant que nous étions un cran en dessous de nos adversaire­s en performanc­e pure. Donc, oui, la page a été tournée rapidement et facilement, d’autant plus que ce Bol d’Or marque un vrai nouveau départ pour nous, avec un équipage recomposé et une moto toute neuve.

Quoiqu’il arrive ce weekend,  restera forcément une année à part dans votre longue trajectoir­e avec le SERT... C’est vrai qu’on a vécu des moments éprouvants. En premier lieu, il y a bien sûr ce drame, la disparitio­n d’Anthony. Un terrible coup de massue pour l’équipe. Il a fallu se remettre debout.

Justement, comment avezvous fait pour surmonter une telle épreuve ? Seul un gros mental peut vous sortir de l’ornière. On doit essayer d’oublier ce que l’on vient de vivre. Même si vous y pensez tout le temps, chaque minute, il faut avancer. Pour Anthony, pour le team, les partenaire­s. Avec Étienne (Masson), nous nous sommes serré les coudes. On savait que la suite de la saison serait difficile, qu’il faudrait composer avec un déficit de performanc­e. Les quelques fautes commises ici et là, elles peuvent se comprendre. Maintenant, place au chapitre suivant. Le manque, l’absence, on les ressent toujours très fort, mais l’équipe a un nouveau challenge à relever. Tout le monde regarde droit devant.

Dominique Méliand, le « chef » ô combien emblématiq­ue du SERT tenu éloigné des circuits pour des raisons de santé, il vous manque aussi ? Naturellem­ent. Moi, je lui avais demandé de venir ici, quitte à rester dans une chaise longue derrière le box. Cela aurait pu être une super thérapie. Finalement, les médecins lui ont conseillé de ne pas replonger tout de suite dans le grand bain de la compétitio­n. Bon, il a suffisamme­nt bien structuré cette équipe pour qu’elle puisse tourner rond sans lui. Rendez-vous aux  Heures du Mans . En attendant, tâchons de lui offrir un beau résultat dimanche.

L’idée de raccrocher le cuir et le casque vous a-t-elle effleuré l’esprit à un moment ? Comme lors de chaque passe difficile, on se demande en effet si ça vaut le coup de continuer. Alors, oui, j’y ai un peu pensé. Juste un peu. Pas longtemps. En fait, après le drame, j’avais surtout envie de vite remonter sur la moto afin d’exorciser toutes ces sombres images qui me hantaient. Vous savez, au fil du temps, Anthony était devenu le leader de l’équipage. Moi, je me reposais beaucoup sur lui. Son départ brutal m’a donc donné un coup de fouet. Pas question de lâcher prise. Voilà, j’ai repris ma place, en quelque sorte. Aujourd’hui, je suis en forme, à l’aise, j’aime courir et je veux continuer. L’intégratio­n de Gregg Black ? Excellente ! On le connaît depuis longtemps. Le SERT cherchait un pilote doté d’un fort caractère. Quelqu’un n’ayant pas peur de prendre des départs ou des initiative­s. Pour construire l’avenir. Et peut-être me remplacer à terme. Gregg avait le profil idéal. Il va vite et c’est un gars sympa.

La nouvelle Suzuki GSX-R, elle est à la hauteur de vos attentes ?

Je le pense. Dès les premiers tours d’essais, cet été, nous avons mesuré la différence, une progressio­n très nette. Pour résumer, on peut dire qu’il s’agit d’une vraie moto de course.

Où se situent les principale­s améliorati­ons ? Partout ! (Il sourit) En premier lieu, il y a ce moteur qui gagne énormément en puissance. De quoi bien nous aider au Castellet dans la ligne droite du Mistral. Nous disposons aussi d’une assistance électroniq­ue très perfection­née. Alors que le développem­ent vient à peine de débuter, elle affiche déjà un très fort potentiel.

Quelle est votre priorité ce week-end ? Le maître mot ici, on le sait, c’est fiabilité. On a peutêtre le meilleur moteur du plateau, mais jusqu’à quand ? Va-t-il tenir la distance  heures,  heures ou  heures ? Bien que Suzuki possède une bonne réputation dans ce domaine, un petit doute subsiste eu égard à la jeunesse de la machine. Seule certitude : tous les tests accomplis au Japon et en Europe ces derniers mois n’ont pas révélé de problème majeur. Donc nous démarrons sereins et confiants.

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