Levothyrox : la justice ouvre une enquête
Suite aux multiples plaintes de malades de la thyroïde dénonçant les effets secondaires d’une nouvelle formule du Levothyrox, la justice a ouvert une enquête confiée à des magistrats de Marseille. «Il faut que la vérité éclate, et que toutes les responsabilités pénales puissent être envisagées. Seule une enquête judiciaire le permettra», a déclaré Me David-Olivier Kaminski, qui a déjà déposé plaintes au nom d’utilisatrices de Levothyrox, et en prépare «plusieurs dizaines» d’autres. Parmi les infractions visées par ces plaintes, la «mise en danger de la vie d’autrui» et la« tromperie» ou encore la «non-assistance à personne en danger». Au total, trois millions de patients prennent ce médicament en France (premier marché mondial) pour soigner l’hypothyroïdie ou après une opération de cancer de la thyroïde.
Retour annoncé de l’ancienne formule
Selon le ministère de la Santé, plus de personnes ont signalé des effets indésirables --crampes, maux de tête, vertiges, perte de cheveux-- attribués à la nouvelle formule du Levothyrox commercialisée depuis fin mars. Une large partie des effets indésirables seraient liée à «des difficultés» à doser la nouvelle formule du Levothyrox. Hier, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé avoir «fait en sorte (...) que l’ancien Levothyrox soit accessible de façon à ce que ceux qui le réclament puissent le prendre», d’ici jours. Un seul produit de substitution, appelé L-Thyroxine, existe pour le moment en France, mais des alternatives seront disponibles «dans un mois» et les patients pourront ainsi choisir ce «qui leur convient le mieux». La ministre a aussi souligné que «l’ancien Levothyrox devrait normalement disparaître puisque le laboratoire ne devrait plus le produire dans les années qui viennent».«C’est un premier pas», a réagi Chantal L’Hoir, présidente de l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT), qui «reçoit en moyenne dossiers de plaignants par jour». Outre l’enquête judiciaire, et une procédure engagée devant la justice administrative à Montpellier, une enquête de pharmacovigilance a été lancée par l’ANSM, qui doit rendre publiques ses conclusions en octobre.