Le plein de soleil
Le vélo, qui devait déjà la solidité de ses roues à des rayons de métal, devra bientôt son énergie aux rayons du soleil. Ainsi, l’astre des jours prendra-t-il la relève de l’huile de mollet et du moteur électrique. On roulera davantage en se fatiguant moins. Les champions ne se reconnaîtront plus à leurs muscles mais à leur bronzage. Les grands classiques de la compétition devront revoir leurs itinéraires. On peut prévoir qu’il y aura désormais beaucoup plus d’engagés sur le Paris-Nice que pour le Tour des Flandres. Il conviendra seulement que les organisateurs de courses autorisent chaque coureur à tracter une petite remorque de kilos sur laquelle on aura installé un panneau solaire pas plus large que le guidon. Il ne restera plus dans les mois à venir qu’à embrayer (c’est le mot) sur la voiture de tourisme où les ultraviolets auront remplacé les carburants qu’on nomme dédaigneusement fossiles. À condition, bien sûr, que les indispensables capteurs ne nécessitent pas l’accrochage d’une plate-forme plus longue que la bagnole. La meilleure solution consisterait à utiliser une pin-up dans le simple appareil d’une beauté qu’on vient d’arracher au sommeil, langoureusement allongée sur une chaise longue roulante.