Var-Matin (Grand Toulon)

« En gagner au moins un »

Ouvreur à Fayence, dimanche, après avoir enchaîné deux séances d’essais avec l’ami Loeb, en Espagne (C3 WRC) et au Maroc (3008 DKR), Daniel Elena ne vise qu’une cible : le Dakar 2018

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Comme quoi ils ne roulent pas toujours ensemble... Dimanche, pendant que Sébastien Loeb cravachait les chevaux de feu de sa surpuissan­te Peugeot  « Pikes Peak » de  en exhibition tout près de Paris, sur le circuit de Monthléry, Daniel Elena tenait lui aussi un volant. Ouvreur de renom du Rallye national du Pays de Fayence, le Monégasque achevait en terre varoise une semaine ô combien intense qui l’a conduit en Espagne puis de l’autre côté de la Méditerran­ée pour deux séances d’essais avec Citroën Racing et Peugeot Sport. Avant de redécoller en direction du Rallye du Maroc (- octobre), une étape importante sur la route du Dakar  (- janvier), leur cible majuscule, le copilote s’est arrêté un instant devant l’ultime table de pointage. L’occasion de faire le point !

Daniel, êtes-vous venu ici parce que ‘‘Seb’’ a refusé de vous passer le volant de son monstre à Montlhéry ? Non. S’il adore tourner en rond, tant mieux pour lui. (rires) Moi, je préfère de loin les petites routes sinueuses qui montent, qui descendent... En fait, je suis là en tant que parrain du Challenge N Serie organisé par mon ami Eric Fabre. La troisième saison de cette formule de promotion s’achève à Fayence. J’étais présent à la manche d’ouverture, le  mars à Manosque (Rallye de Haute Provence, ndlr), et j’avais promis de revenir pour la finale.

Cette  NS, c’est une bonne auto-école ? Franchemen­t, je pense qu’elle offre un rapport qualité-prix imbattable. Pour une première expérience sur route

fermée, en toute sécurité, oui, c’est l’outil approprié. Vous montez quatre pneus racing en début de saison et voilà... Sans se ruiner, on peut apprendre à rouler propre, à bien cerner les limites à ne pas dépasser. Un concept bien pensé qui plaît.

Vous venez d’effectuer une seconde séance d’essais à bord de la Citroën C WRC. Le bilan? D’abord, ça fait plaisir de remettre le cul dans une WRC entre deux rallyesrai­ds. La vitesse pure génère une adrénaline à nulle autre pareille. C’est top ! Lors du premier test, sur asphalte, cet été, en Alsace, on a tout de suite mesuré l’évolution engendrée par le nouveau règlement technique. Plus larges et plus puissantes, les autos actuelles nécessiten­t un pilotage typé circuit. L’aéro tient un rôle prépondéra­nt. Là, côté terre, en Espagne, on a moins senti les chevaux supplément­aires. Ça patine, ça glisse, c’est assez fin à exploiter. Il paraît que le surcroît de puissance complique la tâche du copilote. Vous confirmez? Non, pas du tout. Il suffit de modifier les notes en conséquenc­e. Bien sûr, les vitesses de passage diffèrent. Pareil pour les distances, les points de freinage. Mais en montant dans cette caisse, à vrai dire, je n’ai rien ressenti de spécial. Aucune difficulté particuliè­re lors des premiers runs. Il faut s’adapter au rythme, point barre.

Aujourd’hui, tout le monde se demande si le tandem Loeb-Elena va faire son come-back en rallye l’an prochain... Après avoir enchaîné les allers et retours sur une base d’essais, je pense que ‘‘Seb’’ a envie d’un test grandeur nature. Alors, une course ou deux, pourquoi pas ? C’est envisageab­le. Mais une saison complète, non ! Notre trajectoir­e en WRC, elle est accomplie. On n’a plus rien à prouver. Et si Citroën recrute Ogier cet hiver, une nouvelle cohabitati­on, même ponctuelle, est-elle possible ? L’affaire de la guéguerre Loeb-Ogier montée en épingle par les fans et les médias, elle commence à dater, non ? C’était en . Depuis, pas mal d’eau a coulé sous les ponts. Aujourd’hui, on peut dire que l’un et l’autre ont réussi leur carrière en WRC, chacun à son époque. Si Ogier signe chez Citroën, nul doute qu’il aura cette fois un statut de pilote numéro . Et nous, si on prend un départ ou deux, ce sera juste pour donner un coup de main à l’équipe. Que l’on gagne ou non, notre vie ne changera pas. Donc il n’y aura pas de rivalité.

À propos de victoire, la seule figurant à votre tableau de chasse , c’est le Trophée de pétanque Sénéquier décroché cet été à SaintTrope­z en compagnie de l’ami Dylan Rocher. Le Rallye du Maroc tombe donc à pic pour ouvrir enfin le compteur avec le  DKR... Ah oui ! Ça, c’est vrai (rires). Maintenant, notre challenge numéro , avec ‘‘Seb’’, consiste à « claquer » une victoire en rallye-raid. On veut en gagner au moins un dans notre vie, quoi ! Être souvent en tête et ne jamais concrétise­r, ça suffit. Nous avons pigé le système pour être performant sur les pistes, dans le sable. Mais il manque encore le brin de réussite indispensa­ble.

Il manque le petit brin de réussite ”

Peugeot va peut-être revenir en endurance. Le Dakar  serait alors votre dernière chance ? Pour l’instant, rien n’est décidé. Ça discute tous azimuts, donc on peut envisager plein de suites. Y compris en rallye-raid puisque la marque vient de lancer un nouveau Pick Up. Seule certitude : si ‘‘Seb’’ bifurque vers le WEC, je ne m’assiérai pas sur l’aileron arrière de son proto...

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