Var-Matin (Grand Toulon)

Yvan Jonio au nom du père

Assureur durant trente ans à Hyères, où il est très connu, le président de la Société hippique du Var a grandi auprès d’un père qui a accueilli les plus grands noms de la chanson française

- SYLVAIN MOUHOT

Adolescent, il observait cela avec des étoiles plein les yeux. Aveuglémen­t. Des poussières de stars de la chanson française, des interprète­s en devenir (dites «vedettes américaine­s» même si françaises) qui défilaient à la maison. Yvan Jonio est le fils de Marcel, qui accueillai­t toutes les vedettes au Théâtre des étoiles d’Hyères dans les années 60-70, aujourd’hui siège de la police municipale, avenue Gambetta. Des anecdotes, il en compte à la pelle. Le jeune Michel Sardou pleurant dans le bureau du père pour avoir été évincé du tour de chant; il prendra sa revanche un an plus tard, en 1970, en volant la vedette grâce à sa chanson Les bals populaires .« Je me souviens qu’il sifflait Les Ricains dans la voiture, l’une de ses chansons précédente­s qui n’avait pas rencontré le succès». Yvan Jonio a alors 16 ans. Il entend encore la grosse voix de Daniel Guichard, quand il passait à la maison. «Pour Serge

Lama (photo ci-contre ), on peut dire que mon père a eu le nez fin, alors qu’il n’était pas encore connu».

Fils de pastre

Marcel Jonio n’était certes pas prédestiné à jouer les

Salut les copains à la mode hyéroise. Né en 1920 dans le

quartier rural de Sainte-Eulalie, c’est un fils de pastre, comme il le dit lui-même dans un poème composé en l’an 2000. Marcel avait ce goût pour faire rimer les belles et les tristes aventures de sa vie, ce qui arrache une larme à son fils unique Yvan, quand il relit ces mots aujourd’hui. «De l’école Saint-Paul (vieux Hyères) au lycée de Toulon, où j’ai serré les dents, où j’ai appris que se laisser faire n’arrange pas les choses (...), ma bonne étoile m’a toujours

suivi ». Renvoyé, Marcel se voit donner 48 heures par son propre père pour trouver un métier. Il sera commis de restaurant à 16 ans, au Golf-Hôtel d’Hyères et à l’Impérial Palace d’Annecy. Mais quand pointe la Seconde guerre mondiale, il retourne à Hyères en septembre 1939, suit un chantier de jeunesse à Nyons durant 7 mois, échappe au STO (Service du travail obligatoir­e) en passant le concours de police. Marcel devient gardien de la paix, brigadier au service de nuit. «Après trois ans de service, je quitte l’habit sans le moindre regret».

Un temps épicier dans la rue du Portalet, il trouve la vocation en devenant agent d’assurance et en intégrant le comité des fêtes à Hyères. «Pendant trente ans, je me suis

régalé», écrit-il. Le fils de paysan coordonne l’organisati­on des corsos, galas et fontaines lumineuses (spectacles en musique). « Toutes les municipali­tés d’Hyères, de droite ou de gauche, lui donnaient carte blanche», rappelle son fils. Sans être l’ami des stars, Marcel se mettait en quatre pour que le tour de chant soit de qualité, que le public d’Hyères, sa ville de coeur, soit choyé. Tous sont passés entre ses mains, Johnny et Sylvie, Françoise Hardy, Enrico Macias, Richard Anthony, Jacques Brel, Fernand Reynaud, Claude François, Antoine, Sacha Distel, Mireille Mathieu, Jean Ferrat, Gilbert Bécaud, Nino Ferrer, Jacques Dutronc, Nana Mouskouri, Pierre Perret, Joe Dassin, Adamo, Ferré, Polnareff et Moustaki. Trenet et Aznavour.

Site unique préservé

Du haut de son bureau avec vue panoramiqu­e sur la piste de l’hippodrome, Yvan Jonio se souvient. Il a inscrit ses pas dans ceux de son père. Tous les deux assureurs, tous les deux membres du comité des fêtes, tous les deux à la tête de l’institutio­n hippique du Var. Hyères demeure le seul hippodrome dans le départemen­t. Un site unique, de paix durable et de charme désuet, durablemen­t préservé de la spéculatio­n immoblière. Yvan et son équipe de bénévoles se dévouent pour cette piste cendrée. Le 15 octobre, dernière journée de courses du meeting d’automne, ce sera la fête de l’hippodrome. Entrée gratuite pour les dames, Marcel aurait voulu voir ça. « Voilà, c’est mon bilan de toutes ces année. Bénévole toujours, c’est ma grande fierté »,

concluait le père poète.

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(Photo Laurent Martinat)
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(Photo DR) Marcel Jonio, ici avec Serge Lama au théâtre des étoiles d’Hyères, dans les années .
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Quelques-uns des artistes qui se sont produits à Hyères.

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