Var-Matin (Grand Toulon)

David Lisnard (LR): «Une logique d’infantilis­ation des communes»

- THIERRY PRUDHON

Institué en 1979, le Comité des finances locales (CFL) a pour objet la défense des intérêts financiers des collectivi­tés locales et le dialogue de ces dernières avec l’Etat. Hier matin à Paris, le CFL a reçu Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics et Jacqueline Gourault, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, pour éplucher avec eux les grandes orientatio­ns de la loi de finances 2018. Le maire (LR) de Cannes, David Lisnard, est aussi viceprésid­ent du CFL. Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas vraiment sorti enchanté de cette réunion. « Ce qui m’a frappé, dit-il, c’est que le gouverneme­nt a une ligne de conduite très conformist­e. C’est du Bercy tout craché, du jargon. Mais derrière la novlangue qui nous parle de contractua­lisation avec les communes, on assiste en fait à un jacobinism­e déguisé, à un néo-dirigisme, à une néotutelle, alors que nous aurions au contraire besoin de davantage de liberté. »

Confiance fragile

En cause principale­ment, les 13 milliards d’économies que vont devoir réaliser les communes d’ici à 2022. L’Etat veut passer avec elles, du moins avec les mairies de plus de 50 000 habitants et les collectivi­tés ou intercommu­nalités de plus de 150000 habitants (319 collectivi­tés au total), un contrat de confiance : celles qui se montreront vertueuses, qui privilégie­ront l’investisse­ment et serreront la ceinture du fonctionne­ment, seront moins pénalisées que les autres… Même s’il faudra bien, au final, prendre les fameux 13 milliards quelque part. « On est dans une logique d’infantilis­ation des communes, déplore David Lisnard, et on aimerait bien que l’Etat s’applique à lui-même les économies qu’il impose aux collectivi­tés locales. » Et si, en 2018, les dotations de l’Etat aux communes, en baisse de 11 milliards par an depuis 2014, resteront cette fois stables, «2,5 milliards seront malgré tout soustraits aux collectivi­tés par d’autres biais». Le vice-président cannois du CFL ne remet pas en cause le bien-fondé de la rigueur budgétaire. « Il faut assainir les comptes publics, mais les communes – qui représente­nt 20 % de la dépense publique, 9 % seulement de la dette et 70 % des investisse­ments publics – ne doivent pas payer l’addition pour l’Etat. Et je crains que le contrat de confiance ne soit en définitive que contrainte et propagande… » David Lisnard a au moins obtenu l’oreille de Gérald Darmanin sur un point: pour ne pas pénaliser les collectivi­tés qui ont déjà consenti des efforts financiers ces dernières années et dont la marge de manoeuvre sera plus réduite que celle d’autres plus dépensière­s, le contrat de confiance prendra en compte les exercices écoulés depuis le renouvelle­ment des exécutifs locaux. Soit mars 2014 pour les communes, mars 2015 pour les départemen­ts et décembre 2015 pour

les régions.

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