Var-Matin (Grand Toulon)

Il faut imaginer Macron heureux

- Par DENIS JEAMBAR

A peine prononcé, hier après-midi devant des étudiants réunis à la Sorbonne, le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe a été recouvert par la marée des commentair­es, chacun y trouvant de quoi polémiquer ou applaudir tant les propositio­ns y étaient nombreuses. Ces réactions ne doivent pas obscurcir l’essentiel : il y a fort longtemps que n’avait pas été prononcé un tel discours sur la constructi­on européenne. Il faut remonter sans doute à François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing pour retrouver une pensée, un projet, voire une vision de cette ampleur. Certes, on peut débattre de ce ton de prêcheur qui cherche toujours à culpabilis­er ceux qui ne sont pas d’accord ou de cette manière de donner à croire que nul n’a eu dans le passé plus d’ambition pour la France et maintenant l’Europe. Péchés de jeunesse peut-être, très de caractère également d’un homme qui confond parfois autoritari­sme et volonté. Mais qu’importe ces réserves car est enfin présenté un projet européen concret, articulé sur des propositio­ns précises compréhens­ibles de tout le monde, balayant presque tous les sujets. Il n’est pas étonnant, bien sûr, de découvrir un Emmanuel Macron européen, il n’avait pas caché ses conviction­s durant la campagne présidenti­elle. Mais ses intentions demeuraien­t floues et l’on ne saisissait pas son cap. Il est à présent très clair, fait d’une rafale de mesures soumises à nos partenaire­s pour remettre l’Europe en marche et faire de la France la force qui propose les avancées. Rien ou presque n’a été oublié : la défense, la maîtrise des frontières et de l’immigratio­n, la transition écologique, la sécurité et la souveraine­té alimentair­e, le défi du numérique, la souveraine­té économique et monétaire, la solidarité, la culture, la pratique démocratiq­ue, etc. Sur l’ensemble de ces sujets, des propositio­ns sont formulées qui méritent d’être sans doute débattues, et qui le seront par nos partenaire­s. Elles sont, désormais, sur la table, habilement posées car le chef de l’Etat s’est bien gardé de tomber dans les éternels débats sur la forme de l’Europe : Europe des nations, confédérat­ion, fédération, Europe des cercles... Son projet est placé sous le signe du pragmatism­e, porté par le principe d’efficacité et l’optimisme comme le montre son annonce d’un futur traité avec l’Allemagne dès le  janvier  pour célébrer le traité de l’Elysée, signé le  janvier  par Konrad Adenauer et le général de Gaulle. Naturellem­ent, pour Emmanuel Macron, le plus difficile commence. Il faut convaincre au-delà de ce parterre d’étudiants, vaincre les critiques en France qui dès hier soir pleuvaient, mais surtout entraîner nos partenaire­s. Il n’en demeure pas moins que le chef de l’Etat a fait souffler un vent européen nouveau.

« Il faut convaincre au-delà de ce parterre d’étudiants et surtout entraîner nos partenaire­s »,

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