Emmanuel Macron veut relancer le projet européen
« Nous sommes bousculés, l’audace est notre seule réponse », a lancé, hier, Emmanuel Macron en proposant des initiatives tous azimuts, de la défense à l’économie, la fiscalité et l’éducation, pour sortir l’Europe de « la glaciation » et « la rendre au peuple ». Dans un discours enflammé de plus d’une heure et demie, dans le grand auditorium de la Sorbonne, le président a affirmé que l’Europe n’avait « pas le choix » si elle voulait exister face à la Chine ou aux Etats-Unis, mais aussi résister à « l’obscurantisme » que portent les partis nationalistes. « Cette ambition, nous devons la porter maintenant. C’est notre responsabilité, pour notre jeunesse, partout en Europe », a-t-il déclaré devant plusieurs centaines d’étudiants français et étrangers d’une dizaine de lycées et d’universités. Il a tenu à attendre le résultat des élections allemandes pour présenter son projet, la France ne pouvant réformer l’Europe sans l’appui du plus puissant pays de l’UE. M. Macron s’est déclaré persuadé que Paris et Berlin resteraient le moteur de l’Europe. Il a proposé de donner une «impulsion franco-allemande », consistant à « intégrer totalement » d’ici 2024 les marchés des deux pays en « appliquant les mêmes règles à nos entreprises, du droit des affaires au droit des faillites ». Il entrevoit même, dans une telle Europe diverse, que « le Royaume-Uni puisse trouver sa place » malgré le Brexit. Affirmant à plusieurs reprises que c’était « le bon moment » pour « être ambitieux », il a énuméré une vingtaine de propositions concrètes, allant d’une Europe de la Défense à la convergence fiscale et sociale, ou encore l’extension du programme Erasmus au-delà du monde étudiant. Parmi ces projets figurent ainsi les créations d’une force commune d’intervention européenne pour 2020, une Agence européenne de l’innovation numérique ou un Office européen de l’asile « pour maîtriser efficacement nos frontières et accueillir dignement les réfugiés ». Il souhaite aussi une plus grande convergence économique et sociale, avec un rapprochement des taux d’impôt sur les sociétés pour 2020 ainsi qu’un salaire minimum, adapté à la réalité économique de chaque pays. Il présentera auparavant ses propositions aux autres dirigeants européens, qu’il retrouvera fin octobre pour un sommet à Bruxelles. Il a préparé le terrain en ayant vu en tête à tête, depuis son élection, 22 de ses 27 collègues.