Var-Matin (Grand Toulon)

La plateforme admission post-bac critiquée par la Cnil

La Commission nationale informatiq­ue et des libertés (Cnil) a mis en demeure, hier, le ministère de l’Enseigneme­nt supérieur de revoir cette procédure vilipendée

- VÉRONIQUE MARS vmars@nicematin.fr

La plateforme admission postbac (APB) qui décide de l’orientatio­n des bacheliers, a reçu, jeudi, un carton rouge de la Commission nationale informatiq­ue et des libertés, avec une mise en demeure adressée au ministère de l’Enseigneme­nt supérieur de résoudre « plusieurs manquement­s ». Géré par un algorithme, cette plateforme étudie les voeux d’orientatio­n des centaines de milliers d’élèves de terminale pour ensuite décider de leur affectatio­n dans le supérieur. Déjà critiqué, le système a patiné dès le 8 juin et ne s’est pas arrangé au fil des procédures complément­aires cet été.

 bacheliers sur le carreau

Avec la fermeture des serveurs, mercredi, ce sont 3 729 bacheliers qui se sont retrouvés sur le carreau, recalés par APB. Sans aucune place à l’université ni dans les filières post-bac, déclenchan­t inquiétude­s et protestati­ons des lycéens et de leurs parents. Début septembre, la ministre de l’Enseigneme­nt supérieur Frédérique Vidale, ancienne présidente de l’université de Nice - Sophia Antipolis, avait d’ailleurs critiqué ce système en annonçant son intention de le réformer profondéme­nt. À la suite d’une plainte déposée en 2016 par l’associatio­n Droit des lycéens, la Cnil s’est penchée sur ce sujet pour lister « plusieurs manquement­s ». En cause, le manque d’informatio­ns sur le traitement des données comme sur le mode de fonctionne­ment de cet algorithme. Si elle ne « remet pas en cause le principe même de l’utilisatio­n des algorithme­s dans la prise de décision », la Commission rappelle que cet usage « ne pouvait exclure toute interventi­on humaine et devait s’accompagne­r d’une informatio­n transparen­te des personnes ».

L’absence de transparen­ce

Et c’est bien là le problème pointé par la Cnil : l’absence de transparen­ce dans les affectatio­ns décidées par APB. Et de rappeler que la loi interdit qu’une «décision produisant des effets juridiques à l’égard d’une personne [puisse] être prise sur le seul fondement d’un traitement automatisé de données destiné à définir le profil de l’intéressé ou à évaluer certains aspects de sa personnali­té ». Tout cela est donc à réformer. Avec pour le ministère de l’Enseigneme­nt une mise en demeure de se mettre en conformité avec la loi, dans un délai de trois mois, même s’il ne risque pas de sanction. La Cnil précise en effet qu’« aucune suite ne sera donnée à cette procédure si le ministère se conforme à la loi dans le délai imparti ».

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(Photo d’archives Luc Boutria) En France, plusieurs milliers de bacheliers se sont retrouvés sans aucune place à l’université ni dans les autres filières post-bac, déclenchan­t inquiétude­s et protestati­ons.

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