Le syndrome champignon abordé au conseil municipal
Un permis d’aménager 91 logements et commerces en face de l’école Jean-Moulin au Pas-Redon, a suscité le débat jeudi. Cuers, cité-dortoir, peut-elle supporter cet apport massif de population ?
Un conseil municipal un jeudi à 15 h, voilà qui est inhabituel. Et source de remontrances de la part de l’opposition municipale qui (comme les élus de la majorité) ont une activité professionnelle et une vie de famille à organiser. Séverine Chorda-Ambrogio, dans les rangs de l’opposition, s’est emportée une première fois, soulignant le retard à la séance de plusieurs membres de l’équipe municipale. Levant la voix : « Estce que vous allez étudier cette question, ne plus avancer les horaires du conseil municipal ? » Réponse du maire Gilbert Perugini : « Probablement pas ». De l’art de la nuance, le ton était donné. L’ambiance, en amorce de phase de ronronnement, est encore remontée d’un cran quand l’ancien maire Gérard Cabri s’en est pris frontalement à une adjointe, relevant son « incompétence notoire », ce qui est toujours agréable à entendre. Indélicatesse, quand tu nous tiens… Enfin, au palmarès des perles, le même Gérard Cabri sur la « résistance » à mener face aux injonctions préfectorales : « Quand Pierrefeu se bat, vous, vous dormez ! ». Sous-entendu, quand lui était aux affaires, il se battait aussi et ne roupillait point.
Poussée immobilière
Les outrecuidances évacuées, l’habitat a nourri les débats au détour d’une délibération sur le Pas-Redon, la construction de 91 logements et commerces en marché libre, puis du locatif social (le tout, uniquement en habitat collectif, R+2 et R+3). Le permis d’aménager a été déposé le 15 mai dernier par la SARL Gilles Trignat Résidences. Celui-ci comprend donc deux lots, d’une superficie de 14 100 m2. Il s’agit du terrain vague situé en face de la nouvelle école Jean-Moulin, entre l’avenue Adjudant-Hourcade et la rue MarcChagall, quartier du PasRedon. Lequel, avec la Clauvade et Laouvas, est symptomatique de la poussée immobilière de la ville. Gérard Richard, élu de l’opposition : « On le dit depuis des années, a-t-on encore besoin de faire augmenter la population, 445 nouveaux Cuersois pour ce cas, alors qu’on n’a pas les infrastructures pour les recevoir ? On marche sur la tête. Plus on accueillera de monde et plus on aura besoin de faire des investissements, comme une salle des fêtes par exemple ». Séverine Chorda-Ambrogio a renchéri en soulignant l’état déplorable des routes et le côté cité-dortoir de Cuers. Gérard Cabri, jamais avare d’un commentaire : « Vous avez fait un plan local d’urbanisme où vous avez programmé toutes ces constructions sans cadencement qui permettrait de gagner du temps dans la livraison du bâti. Il n’y a pas de plan de circulation, pas de médiathèque, et vous parlez de vendre la maison de retraite SaintJacques… Vous larguez tout alors que vous avez les moyens de calmer le jeu en trouvant des compromis. »
10400 habitants
La majorité a répondu qu’un permis valide ne pouvait pas être gelé… et que la densification du Pas-Redon avait été amorcée en septembre 2007, soit par l’ancienne équipe municipale. Cuers, qui comptait 8175 habitants en 1999, a atteint les 10 000 âmes en 2008. Selon l’Insee, la population était de 10 400 habitants en 2016.