Les pompiers obtiennent un geste de Vinci Autoroutes
L’offensive de la présidente du Sdis 83 sur la suppression supposée de la gratuité accordée aux pompiers par Vinci Autoroutes, a pris fin hier après-midi. Les deux parties se sont entendues
La polémique a fait grand bruit tout au long de la journée d’hier. Tout est parti d’une réunion publique tenue jeudi soir à Bormes-les-Mimosas sur le terrible incendie des 25 et 26 juillet. A la tribune, Françoise Dumont, la présidente du conseil d’administration du Service départemental d’incendie et de secours du Var (Sdis 83) s’en était prise à Vinci Autoroutes. Devant 450 personnes, celle-ci avait fustigé la suppression de la gratuité accordée à l’année aux camions feux de forêt qui empruntent les autoroutes du groupe.
Un surcoût de 8000 euros
« On l’a appris par courrier et sans explication aucune. Qu’une entreprise du CAC 40 qui distribue chaque année des dividendes à ses actionnaires (chiffre d’affaires 2016 : 38,1 milliards d’euros) facture les badges de ceux qui sauvent des habitations et des vies, est inadmissible ! Les pompiers n’utilisent pas leurs camions feux de forêt pour aller au supermarché ! Je suis une présidente en colère », a tempêté Françoise Dumont en précisant avoir interpellé ses homologues des autres départements de la région Paca pour faire entendre leur voix auprès de Vinci Autoroutes. Dans ce courrier en date du 31 juillet que nous nous sommes procuré, le gestionnaire indiquait « mettre fin à la commercialisation et au renouvellement des cartes de crédit Interautoroutes » pour les remplacer à partir du 1er octobre par des badges de télépéage. Aucune allusion apparente sur la suppression de gratuité... Sauf que le Sdis 83 a fait chiffrer par ses services compétents le coût de cette migration de supports à 8 000 euros par année pour une flotte de 150 badges. Une somme non contesté par Vinci Autoroutes, interrogé sur ce point. « Les cartes magnétiques étaient entièrement gratuites mais pas les badges que nous utilisons déjà pour les véhicules légers », explique Eric Martin, le directeur du Sdis 83. C’est pour cette raison que le 29 septembre, Françoise Dumont invitait par courrier le gestionnaire à « reconsidérer sa position » dans un contexte budgétaire « contraint ». Et qu’elle a donc décidé de franchir la ligne jaune jeudi soir à Bormes. Hier en fin de matinée, Vinci Autoroutes a réagi en affirmant que « la gratuité resterait en vigueur à partir du 1er octobre » et que la seule évolution concernait «le remplacement d’anciennes cartes magnétiques par des badges télépéage ».
L’apaisement
Une réponse qui méritait une suite de précisions. C’est ce que se sont attaché à faire hier après-midi les deux parties dans un climat d’apaisement. «Il n’y aura pas d’impact financier au moment de la migration vers les badges télépéage », s’est réjouie Françoise Dumont dans un communiqué après avoir négocié un accord commercial. Jointe au téléphone, la cellule communication de Vinci Autoroutes réfute le terme d’« accord » mais se félicite que «ce malentendu soit levé ». D’après nos informations, les badges ne seraient pas gratuits pour le Sdis 83, mais le surcoût serait compensé par une baisse des frais de gestion du contrat. Alors, on s’interroge. Tout ça pour 8 000 euros alors que le budget du SDIS 83 est de 120 millions annuels ? « 8 000 euros, ce n’est pas un budget énorme en soi, mais sur le fond, j’ai trouvé ça incorrect », n’en démord pas Françoise Dumont.