Un pari pour les lecteurs
Pierre Hillion, c’est un peu le papa de la rubrique santé. C’est lui qui l’a imaginée, qui l’a fait naître et l’a aidée à grandir. Il dresse un bilan positif de ce pari audacieux
La rubrique santé de Nice-Matin est née en 2002. Son créateur, le journaliste Pierre Hillion, l’a fait grandir pendant une dizaine d’années avant de couper le cordon pour reprendre la tête de l’agence de Monaco-Matin. Pour autant, il a toujours gardé un oeil sur son bébé. D’où lui est venue l’idée de lancer un tel produit, jusqu’alors quasiment inédit pour un titre de presse quoitdienne régionale ? D’une curiosité et d’une appétance particulière pour les sujets scientifiques. « Je me suis toujours intéressé à ce qui a trait à la science et à la médecine. Il y avait – et il y a encore – beaucoup de congrès médicaux dans la région. Au sein du journal, on ne savait pas trop comment les couvrir. Comme je m’y intéressais, c’est moi qui m’en occupais. J’ai compris qu’on pouvait en tirer des bons articles. Et surtout, je recevais des courriers de lecteurs qui les appréciaient. J’ai donc proposé une rubrique hebdomadaire dédiée à la santé au directeur des rédactions de l’époque, Patrick Andrieu. » A l’appui de ses arguments, Pierre Hillion compile des sujets, dessine une maquette, choisit des thématiques. Il présente son idée et obtient le feu vert de la rédaction en chef. Le 15 septembre 2002, le premier opus « santé » est publié. Pour garantir une caution morale, le journaliste s’adjoint un comité scientifique, composé d’une dizaine de médecins des Alpes-Maritimes et du Var. « Je sortais de la chronique judiciaire, une rubrique très délicate où l’on doit peser chaque mot. Lorsqu’on traite des sujets “santé”, c’est la même chose. Ce comité scientifique c’était une sorte de caution morale. Les textes passaient par la validation des médecins. Seulement, c’est vite devenu très complexe matériellement à gérer. »
Expérience enrichissante
Alors que le projet de Pierre Hillion est en bonne voie – il est du coup bombardé responsable du service – il décide de demander à un éditorialiste d’écrire un billet chaque semaine. Immédiatement, il pense à un médecin, pas encore très connu. « J’écoutais Michel Cymès à la radio. Je trouvais ça formidable de parler de santé au grand public. Je l’ai simplement contacté et il a accepté. Il m’envoyait chaque semaine son billet qui était toujours beaucoup trop long ! » Dès son lancement, la rubrique santé rencontre le succès. Les lecteurs la plébiscitent et prennent l’habitude de lire « les pages bleues » (parce qu’à l’époque du noir et blanc, elles étaient imprimées sur du papier bleu) le dimanche. Ce n’est que quelques années plus tard que la « santé » a basculé le samedi en abandonnant le bleu pour se parer de vert. De son côté, Pierre a fini par passer la main : il devait reprendre la tête de Monaco-Matin. Il coule désormais une retraite heureuse entre Nice et sa Bretagne natale. Cependant, il garde un oeil sur la rubrique : « Je suis parti un peu à regret de la “santé” mais je continue à la lire. Sur le plan humain, c’est l’expérience professionnelle qui m’a apporté le plus : en tant que journaliste, je me suis senti réellement utile pour les lecteurs. Je suis ravi que cette belle aventure se poursuive. » Et nous donc !