Les noms des rues ouvrent un boulevard au patrimoine
Alors que des quartiers entiers voient le jour, de nouvelles rues, allées et autres places apparaissent. Des voies auxquelles il faut donner des noms. À Toulon, la municipalité table sur l’histoire de la ville
Mireille Darc, Gilbert Bécaud ou encore Tony Marmottans… Tout aussi illustres qu’ils soient, ces Toulonnais n’ont pas de rue à leurs noms. Pourtant, ces derniers temps, de nombreuses voies ont été créées à travers la ville. Dans les nouveaux quartiers notamment, à Font-Pré par exemple, du côté de Sainte-Anne ou de La Loubière. Mais comment ces nouvelles artères sont-elles nommées? «Cela dépend du fait qu’elles relèvent du domaine public ou privé», répond Yann Tainguy, adjoint au maire délégué aux Affaires culturelles. En effet, lorsqu’il s’agit d’une création de voie au sein d’un projet immobilier, le promoteur a rapidement besoin de la nommer « pour installer les compteurs, les réseaux, etc.» Dans ce cas, le nom est choisi d’un commun accord entre la municipalité et l’opérateur privé, validé ensuite par un arrêté.
Écoquartier végétal
«Une fois la construction terminée, la rue redevient généralement publique, indique Yann Tainguy. Dans ce cas, les noms sont souvent en cohérence avec la résidence.» Ainsi, à l’écoquartier Font-Pré il existe une place des Vignes ou une allée des Flamboyants. S’il s’agit d’une voie publique dès le départ, alors une commission se réunit pour débattre de différentes propositions, y compris venant des habitants (lire par ailleurs), avant que le choix ne soit entériné par une délibération du conseil municipal. «Nous privilégions les noms qui ont trait à l’histoire de la ville», souligne l’adjoint. On trouve donc une traverse de la Loub, là où coulait la rivière du même nom à La Loubière, une autre du GrandCouvent, évoquant le passé religieux de ce site de l’îlot Baudin en centre-ville.
Pierre-Sémard restera
L’institution est, en revanche, un peu plus frileuse quant à des appellations d’après des personnages : « Il faut que ce soit des noms consensuels, or, note Yann Tainguy, les gens peuvent être discutés : nous ne souhaitons pas faire de polémique sur ce genre de sujet. » Avec la controverse, dernièrement, autour de Colbert, jugé esclavagiste par le Conseil représentatif des associations noires de France, on voit en effet bien ce que peuvent engendrer certains noms, même de nombreuses années plus tard. À Toulon, pas question pour autant de se laisser perturber. «Quel que soit le personnage, nous ne souhaitons pas débaptiser de rue », assure l’élu. Ainsi, contrairement à une rumeur persistante, la rue Pierre-Sémard continuera de porter le nom de ce communiste, de même que ses deux autres dénominations – certes officieuses : rue du Canon pour les Moccots pure souche ou rue des Arts pour ceux qui se la réapproprient depuis quelque temps.