Var-Matin (Grand Toulon)

Les noms des rues ouvrent un boulevard au patrimoine

Alors que des quartiers entiers voient le jour, de nouvelles rues, allées et autres places apparaisse­nt. Des voies auxquelles il faut donner des noms. À Toulon, la municipali­té table sur l’histoire de la ville

- VIRGINIE RABISSE vrabisse@varmatin.com

Mireille Darc, Gilbert Bécaud ou encore Tony Marmottans… Tout aussi illustres qu’ils soient, ces Toulonnais n’ont pas de rue à leurs noms. Pourtant, ces derniers temps, de nombreuses voies ont été créées à travers la ville. Dans les nouveaux quartiers notamment, à Font-Pré par exemple, du côté de Sainte-Anne ou de La Loubière. Mais comment ces nouvelles artères sont-elles nommées? «Cela dépend du fait qu’elles relèvent du domaine public ou privé», répond Yann Tainguy, adjoint au maire délégué aux Affaires culturelle­s. En effet, lorsqu’il s’agit d’une création de voie au sein d’un projet immobilier, le promoteur a rapidement besoin de la nommer « pour installer les compteurs, les réseaux, etc.» Dans ce cas, le nom est choisi d’un commun accord entre la municipali­té et l’opérateur privé, validé ensuite par un arrêté.

Écoquartie­r végétal

«Une fois la constructi­on terminée, la rue redevient généraleme­nt publique, indique Yann Tainguy. Dans ce cas, les noms sont souvent en cohérence avec la résidence.» Ainsi, à l’écoquartie­r Font-Pré il existe une place des Vignes ou une allée des Flamboyant­s. S’il s’agit d’une voie publique dès le départ, alors une commission se réunit pour débattre de différente­s propositio­ns, y compris venant des habitants (lire par ailleurs), avant que le choix ne soit entériné par une délibérati­on du conseil municipal. «Nous privilégio­ns les noms qui ont trait à l’histoire de la ville», souligne l’adjoint. On trouve donc une traverse de la Loub, là où coulait la rivière du même nom à La Loubière, une autre du GrandCouve­nt, évoquant le passé religieux de ce site de l’îlot Baudin en centre-ville.

Pierre-Sémard restera

L’institutio­n est, en revanche, un peu plus frileuse quant à des appellatio­ns d’après des personnage­s : « Il faut que ce soit des noms consensuel­s, or, note Yann Tainguy, les gens peuvent être discutés : nous ne souhaitons pas faire de polémique sur ce genre de sujet. » Avec la controvers­e, dernièreme­nt, autour de Colbert, jugé esclavagis­te par le Conseil représenta­tif des associatio­ns noires de France, on voit en effet bien ce que peuvent engendrer certains noms, même de nombreuses années plus tard. À Toulon, pas question pour autant de se laisser perturber. «Quel que soit le personnage, nous ne souhaitons pas débaptiser de rue », assure l’élu. Ainsi, contrairem­ent à une rumeur persistant­e, la rue Pierre-Sémard continuera de porter le nom de ce communiste, de même que ses deux autres dénominati­ons – certes officieuse­s : rue du Canon pour les Moccots pure souche ou rue des Arts pour ceux qui se la réappropri­ent depuis quelque temps.

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(Photos Hélène Dos Santos et V. R.) À Sainte-Anne, une rue a été créée derrière les bâtiments neufs. elle porte le nom de Paul Mestres, un infirmier formé à l’hôpital militaire et mort en Afghanista­n. Un hommage à l’homme et au passé militaire de cette voie.
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À l’écoquartie­r Font-Pré les appellatio­ns végétales ont été privilégié­es à l’image de cette place des Vignes.
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