Nouveaux tirs
Cinq personnes ont été condamnées hier à Toulon pour « association de malfaiteurs ». Le groupe avait organisé une expédition punitive au préjudice d’une fratrie de la cité.
Hier après-midi, un homme connu pour des dossiers de stupéfiants a été atteint par deux tirs, quartier de La Grande Plaine à Toulon. Au tribunal correctionnel, ces jeudi et vendredi, était jugée une expédition punitive à La Beaucaire.
Ce haut-lieu de la vente de stupéfiants, par l’activité économique occulte qu’il génère, déchaîne les passions pour se procurer le leadership. » Le procureur Dominique Mirkovic a planté le décor d’un « épisode de plus dans la guerre qui oppose deux clans » dans le quartier de La Beaucaire. Ce mardi 27 octobre 2015, vers 2 heures du matin, des coups de feu éclataient dans la cité. «J’étais en train de dormir quand j’ai entendu du bruit, je me suis levé, j’ai regardé par la fenêtre, je n’ai vu que des silhouettes», témoigne Mohamed B. à la barre du tribunal correctionnel. « Avez-vous des conflits ? », demande la présidente Patricia Krummenacker. « Non aucun », assure Mohamed qui se présente comme une victime collatérale.
Une expédition punitive
Alors que l’appartement de la famille B. était visé par des tirs, une vitre de la voiture du frère de Mohamed B. volait en éclat sous l’effet d’un jet de pierre. Coïncidence ? À midi, des hommes aux visages plus ou moins dissimulés se ruaient dans le bar-tabac le « 428 » pour infliger une leçon, à coup de bâton et de gazeuse, à Mohamed B. et à l’un de ses amis. En dépit de la loi du silence qui règne dans le quartier, les cinq auteurs de cette expédition punitive ont été condamnés hier pour «association de malfaiteurs » et « violences » à des peines de prison comprises entre 18 mois et 3 ans de prison ferme. La plupart ont déjà été condamnés en avril pour trafic de stups dans un volet distinct. L’identification des prévenus, âgés de 21 à 27 ans, a été rendue possible après l’interpellation, quasiment fortuite, de deux suspects quelques heures seulement après la scène du « 428 ». L’un circulait à bord d’un cabriolet volé, avec un casque de moto sur la tête, et un fusil de calibre 12 côté passager. L’exploitation du téléphone de l’autre – interpellé parce qu’il avait aidé le premier à tenter de fuir les policiers – a permis de cerner les contours de l’équipe, dont la plupart des membres sont affublés de surnoms : « Che », « Yas », « Wawa » ou encore « Verso ». Appartement conspiratif (un logement squatté dans la résidence de Pontcarral), talkies-walkies, scooters… L’enquête de la PJ de Toulon, qui repose notamment sur des interceptions téléphoniques, a mis en évidence les éléments constitutifs de la préparation de l’expédition punitive du bar-tabac.
Absence de mobile
En revanche, le groupe, composé de jeunes issus de La Beaucaire âgés de 21 à 27 ans, a été relaxé pour les coups de feu et dégradations nocturnes. Faute de preuves (l’arme saisie dans le cabriolet ne correspond pas à ces tirs). Les avocats de la défense n’ont pas
(1) manqué de le souligner. « On n’a même pas de mobile », a fait observé Me Olivier Mino, fragilisant la théorie de la « guerre des clans » avancée par le procureur. D’ailleurs, Mohammed B. et ses frères « n’apparaissent pas comme des personnes pouvant être impliquées dans un trafic de stupéfiants », a relevé le juge d’instruction lors des investigations. Selon Me Michel Mas, l’avocat de la victime, la rumeur ferait porter à son client Mohamed B. la réputation infondée d’être « un indic ».