Var-Matin (Grand Toulon)

Onze ans pour la mortelle rixe amoureuse à Seillans

Sonia Boulkhodra avait reconnu sa responsabi­lité dans le coup de couteau au coeur porté à Olivia Altana, sa rivale dans la conquête d’un garçon

- G. D.

Onze ans de réclusion ont été infligés par la cour d’assises du Var à Sonia Boulkhodra, 21 ans, pour avoir mortelleme­nt poignardé au coeur Olivia Altana, le 21 août 2015 à Seillans, dans le cadre d’une rivalité amoureuse. L’avocat général avait requis treize ans pour ce coup mortel, porté sans intention de tuer.

Immaturité attestée

À la reprise des débats, la cour s’est intéressée à la personnali­té de Sonia Boulkhodra, qui au moment des faits était en rupture avec son père, dont elle ne supportait plus l’autorité. Était-elle suffisamme­nt mature pour assumer la vie d’adulte à laquelle elle aspirait ? Le psychiatre comme le psychologu­e ont confirmé à la cour que la personnali­té de l’accusée n’était pas encore structurée, qu’elle était en recherche d’elle-même, « comme quelqu’un de 15 ans ». La personnali­té d’Olivia Altana a aussi été évoquée, ses proches décrivant une jeune femme épanouie, qui faisait tout pour sa fille de 11 mois.

Une insulte de trop

Pour Me Laura Ruggirello en partie civile, «ce sont les insultes de Sonia Boulkhodra sur sa fille qui ont déchaîné la colère d’Olivia. Cette enfant a maintenant 3 ans, va rentrer à l’école, se comparer aux autres, et va vouloir poser des questions sur sa maman. » Une maman qui, selon Me Alexandra Granier, « avait sa part de responsabi­lité dans les insultes et les bagarres, mais qui n’est quand même pas responsabl­e de sa propre mort. Personne n’a obligé Mlle Boulkhodra à ramasser ce fichu couteau. »

Pas de meurtre

Également dans la défense des intérêts des proches de la victime, et à la lumière de l’autopsie, on a senti le bâtonnier Yves Rosé un peu déçu par les choix de la procédure. « Un coup porté en plein coeur, avec une puissance suffisante pour briser les côtes, ça traduit manifestem­ent une intention qui avait conduit à ouvrir une informatio­n judiciaire sur la base de meurtre. Mlle Boulkhodra a bénéficié d’une requalific­ation bienveilla­nte, excluant le débat sur cette déterminat­ion fulgurante. »

La hache de guerre

« Il n’y avait pas d’intention homicide, a rectifié l’avocat général Stéphanie Félix. L’intention de Sonia Boulkhodra était de faire du mal à Olivia Altana. » Dans cette chronique d’une « vie perdue pour une rivalité amoureuse », l’avocat général a décrit la façon dont l’animosité s’est emballée en quatre jours entre les deux jeunes femmes. « La veille de la première bagarre, entre 16 h 45 et 21 h 42, elles ont échangé cent neuf communicat­ions où chacune promettait la mort à l’autre. » À ce sujet, pour la défense de Sonia Boulkhodra, Me Adam Krid a souligné que « c’est Olivia Altana qui a commencé à envoyer des messages. C’est également elle qui était à l’origine des deux rendezvous fixés pour en découdre ». Quand le couteau qu’avait apporté Olivia était tombé, Sonia l’avait ramassé et avait frappé. « Elle avait le choix. Elle aurait pu s’en aller, mais elle ne l’a pas fait », a observé l’avocat général. « Elle a été plus rapide pour mettre la main sur le manche avant Olivia, a objecté Me Krid, pas non plus convaincu qu’elle ait visé le thorax. Elle est de petite taille, elle a pu frapper au coeur par malchance. »

 ?? (Croquis d’audience Rémi Kerfridin) ?? Pour la défense de Sonia Boulkhodra, Me Adam Krid a souligné qu’elle n’était pas à l’initiative de la montée en puissance de la querelle.
(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Pour la défense de Sonia Boulkhodra, Me Adam Krid a souligné qu’elle n’était pas à l’initiative de la montée en puissance de la querelle.

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