Var-Matin (Grand Toulon)

Une source d’énergie innovante en test à La Seyne

Le bassin de génie océanique First, à Brégaillon, accueille les essais du système “Bilboquet” conçu par une société six-fournaise et destiné à produire de l’électricit­é avec l’énergie des vagues

- M. G. mguillon@nicematin.fr

Àmesure que les batteurs de houle du bassin First agitent la masse d’eau, le prototype du “Bilboquet”, placé au milieu de la “piscine”, se met à onduler. Son flotteur circulaire, monté autour d’une colonne, est à la fois porté par les vagues et attiré vers le bas par la gravité. Tandis qu’il monte et descend (d’où son nom), l’énergie cinétique de la houle met en rotation des génératric­es de courant. L’opération est suivie en temps réel sur un écran qui indique la production d’électricit­é instantané­e. « On teste l’engin - un prototype à l’échelle 1/18e - avec des hauteurs et des longueurs de houle différente­s afin de voir son comporteme­nt à la mer. Ces essais, étalés sur quinze jours, nous permettent de valider les simulation­s faites par ordinateur. On étalonne notre outil, on évalue le productibl­e pour estimer son aspect économique », explique Bruno Mondesert, président de la société d2m, conceptric­e de ce « système houlomoteu­r innovant ».

Une alternativ­e à l’éolien en mer

Lancée dans la course aux énergies renouvelab­les sur un créneau en plein développem­ent – des projets houlomoteu­rs sont en phase de conception ou de test dans le monde entier (lire ci-contre) -, l’entreprise six-fournaise est convaincue du potentiel de son “Bilboquet”. « L’innovation réside dans le principe d’un engin flottant permettant de récupérer l’énergie de la houle par transmissi­on mécanique directe. Et puis la conception interne du flotteur (l’ensemble pignon / crémaillèr­e et les multiplica­teurs de vitesse) a fait l’objet de nombreux développem­ents afin d’optimiser le rendement » , explique le boss. A l’étude depuis 2012, le “Bilboquet” est présenté comme une alternativ­e à l’éolien en mer, encore difficilem­ent accepté sur les côtes européenne­s. « Comme une éolienne, notre engin, avec une puissance installée de 5 mégawatts, pourra produire de l’électricit­é pour 2000 foyers environ, argumente Bruno Mondesert. Ses avantages sont multiples: la houle étant présente en mer plus souvent que le vent, un “Bilboquet” fonctionne­ra 4 000 h / an (environ six mois de l’année). Et ce système a un tirant d’air réduit par rapport à une éolienne, donc une pollution visuelle - mais aussi sonore - plus faible. Enfin, l’implantati­on peut être beaucoup plus dense: deux éoliennes en mer sont distantes de 150 à 200 mètres ; deux “Bilboquet” pourront être installés à 30 m l’un de l’autre, permettant un maillage beaucoup plus dense. Une “ferme” qui fonctionne­rait avec 50 à 70 unités pourrait alimenter une ville entière située près de la côte ».

« Valider le concept au plan pré-industriel »

Après les essais en bassin, d2m va repartir pour un cycle d’études d’environ trois ans. « La prochaine étape sera la démonstrat­ion en mer avec un prototype à l’échelle un demi, en vue de valider le concept au plan pré-industriel. Cela nécessiter­a un nouveau tour de table ainsi que le soutien des finances publiques ».

(1) Une perspectiv­e que soutient Nathalie Bicais, conseillèr­e départemen­tale et présidente du bassin First : « Après les éoliennes offshore récemment testées ici, nous sommes très heureux de recevoir à La Seyne des projets qui représente­nt le futur des nouvelles sources d’énergie ». 1. D2m bénéficie du soutien du Pôle Mer et reçoit des financemen­ts du conseil régional, du conseil départemen­tal, de l’agglomérat­ion TPM, et de l’Europe.

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