Var-Matin (Grand Toulon)

Assises: drame de l’ivresse dans le centre de Toulon

Aussi ivres l’un que l’autre, l’accusé et la victime s’étaient empoignés sur le palier du deuxième étage. Ces deux ouvriers tunisiens étaient amis. L’un a fait une chute mortelle dans l’escalier

- G. D.

Devant la cour d’assises du Var, pour avoir provoqué la mort d’un de ses amis à Toulon le 29 novembre 2015, Chokri Bedhiaf, un Tunisien de 40 ans, a de nouveau reconnu les faits qui lui sont reprochés. Il a toutefois insisté sur le côté « involontai­re » des violences qu’il a exercées, et présenté à deux reprises ce drame comme un «accident ».

Tombé sur la tête du deuxième étage

Ce soir de novembre vers 18h30, sur le cours Lafayette, pompiers, SAMU et policiers s’étaient déplacés au chevet d’un homme de 49 ans qui avait chuté du palier du deuxième étage, dans la cage d’escalier d’un immeuble ancien. Il n’y avait pas grand-chose à faire pour sauver Lotfi M’Hemdi, qui était tombé sur la tête d’une hauteur de sept mètres, et qui a succombé en quelques minutes à une hémorragie massive. La victime venait de passer une partie de l’après-midi dans l’appartemen­t de Chokri Bedhiaf, qui avait invité trois autres coreligion­naires à manger, et surtout à boire. Les policiers se sont trouvés face à des témoins en état d’ébriété avancée, dont un seul avait assisté au moment fatidique.

Trop d’alcool

Tous ont confirmé que Lotfi M’Hemdi avait déjà beaucoup bu, quand il les avait rejoints dans l’appartemen­t. Et que, sans doute à cause de l’alcool, il s’était mis à insulter à plusieurs reprises Chokri Bedhiaf, qui était pourtant son ami. Excédé, celui-ci avait fini par le mettre à la porte. Les deux hommes s’étaient agrippés sur le palier, et Chokri Bedhiaf avait repoussé la victime. Perdant l’équilibre Lotfi M’Hemdi, était passé par-dessus le garde-corps et s’était écrasé au bas de l’escalier.

Accusé et victime étaient amis

« Je suis désolé, la victime était un ami, a assuré Chokri Bedhiaf. Je ne l’ai pas fait exprès. Il m’a attrapé et je l’ai poussé. Il n’y avait pas de problème entre nous. Le problème, c’était l’alcool. Il m’a insulté, et à cause de l’alcool je ne me suis pas contrôlé. Ça s’est passé trop vite. » L’ex-épouse de la victime a indiqué à la cour que Lotfi M’Hemdi avait l’alcool méchant, qu’il en devenait violent avec ses proches, et que c’était la raison pour laquelle elle s’était séparée de lui. « Sinon c’était un homme gentil. Il faisait des petits boulots dans la peinture. » « Chokri et Lotfi étaient tout le temps ensemble», a témoigné l’un des participan­ts à cet après-midi d’ivresse. Il connaissai­t le premier depuis son arrivée à Toulon voilà quinze ans, et le second depuis leur enfance, dans le même village en Tunisie. « Il prenait des médicament­s pour la douleur, depuis qu’il avait été blessé gravement à la tête et au dos, en tombant du troisième étage sur un chantier. Il était resté un an à l’hôpital. » Au moment de sa mort, outre l’alcool, Lotfi M’Hemdi était sous l’influence de plusieurs antidépres­seurs. La cour examinera aujourd’hui la personnali­té de l’accusé. Pour les coups mortels qui lui sont reprochés, il encourt quinze ans de réclusion.

 ?? (Croquis d’audience Rémi Kerfridin) ?? Sous les yeux de l’avocat général Elisabeth Liard, l’un des policiers a résumé son enquête sur les faits reprochés à Chokri Bedhiaf.
(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Sous les yeux de l’avocat général Elisabeth Liard, l’un des policiers a résumé son enquête sur les faits reprochés à Chokri Bedhiaf.

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