« De loin ma meilleure saison »
Couronné haut la main champion FIA F2, samedi en Espagne, Charles Leclerc explique les raisons de son éclatante réussite. Le Monégasque évoque aussi la cible F1 qui se rapproche...
Au bout du fil, la voix est un tantinet nasillarde. « Désolé, j’ai attrapé le rhume », s’excuse-t-il. Samedi dernier, à Jerez, Charles Leclerc a aussi décroché un titre majuscule : champion FIA F. La conclusion d’une fabuleuse trajectoire durant laquelle la pépite monégasque de la Ferrari Driver Academy a littéralement atomisé la concurrence. Si son objectif suprême est d’ores et déjà atteint, le sacré ambassadeur de la Principauté ne ralentit pas. « Jusqu’au décembre, je n’ai que deux jours libres à la maison. » Coup de chance, le prochain, c’est lundi octobre. Juste avant de mettre le cap sur Austin et le Grand Prix des États-Unis, où il recoiffera le casque de « test driver » Sauber avec l’espoir légitime de « transformer » l’essai très bientôt, il pourra ainsi souffler sa vingtième bougie d’anniversaire en famille.
Charles, d’abord expliqueznous, ça fait quoi de voir son titre F salué par une Marseillaise sur le podium quand on est Monégasque ?
Ah, ça fait un peu bizarre... (Rires) C’était bien surtout pour le mécano français du team Prema Racing qui avait le sourire jusqu’aux oreilles, en bas ! Bon, heureusement, le préposé aux hymnes s’est vite aperçu de son erreur. Il a rectifié le tir tout de suite.
Un peu plus tôt, à l’instant où vous coupez la ligne en vainqueur, et dans le tour d’honneur, qu’est-ce que vous vous dites ? Vous pensez à quoi, à qui ? Bien sûr, je pense à mon père (l’ancien pilote de F Hervé Leclerc, décédé au mois de juin, ndlr). À Bakou, juste après son départ, je voulais absolument décrocher la pole et la victoire pour lui. Objectifs atteints. En Espagne, il fallait concrétiser le gros travail accompli depuis le début de saison avec l’équipe. Le titre, je lui dédie. Pour moi, c’est la plus belle des façons de le remercier. Car sans lui, sûr que jamais je n’aurais pu réussir un tel parcours.
Coiffer la couronne le week-end où la F roule à Suzuka, c’est aussi un clin d’oeil adressé à votre parrain sportif Jules Bianchi ?
Oui. Il y a trois ans, le jour de son accident au Japon, j’étais justement à Jerez pour disputer ma dernière course en Formule Renault .. C’est d’ailleurs mon père qui m’avait appris la terrible nouvelle sur place. J’ai dédié à Jules mon titre GP, en . Voilà, maintenant, j’espère ne pas avoir à dédier le prochain, s’il y en a un dans le futur.
Huit pole positions et six victoires en : ces chiffres laissent à penser que la conquête du titre F a été plus « facile » que celle de la couronne GP. Vous confirmez? Lors de mes trois précédentes saisons en monoplace (Formule Renault ., Formule , GP) ,ilyaeudubonetdu moins bon. Je n’avais jamais réussi à boucler un championnat sans faire d’erreur. Là, je me suis servi de tout ce que j’ai appris par le passé. Personnellement, j’estime que l’exercice a tutoyé la perfection parce que nous étions performants partout. Malgré la pole et la victoire perdues sur tapis vert (respectivement à Budapest et Spa-Francorchamps), malgré la casse mécanique qui ruine mon week-end à Monaco, on touche au but trois courses avant la fin. fut de loin ma meilleure saison, oui. J’ai vraiment pu démontrer de quoi je suis capable. Durant la période un brin moins fructueuse, cet été entre Budapest et Monza, le doute vous a-t-il effleuré ? (Du tac au tac) Non, pas une seconde. Je le répète : la performance était présente tout le temps. On a reçu deux pénalités pour des irrégularités techniques qui ne procuraient aucun avantage. Réflexion faite, aujourd’hui, je pense que ce fut un mal pour un bien. Car j’ai ainsi pu réaliser quelques remontées depuis le fond de grille. De quoi marquer les esprits. Notamment certains observateurs des teams F curieux de voir comment je me comporterai en partant derrière.
Les pilules de Monaco et Monza, vous les gardez en travers de la gorge ou sontelles digérées ? À vrai dire, chaque fois, j’ai tourné la page assez vite. En Italie, un rival m’expédie dans le décor alors que la victoire semble à ma portée. A Monaco, le coup fut très dur à encaisser. Mais je n’en ai pas voulu à l’équipe. Ruminer, ça ne sert à rien. Mieux vaut se concentrer à fond sur le week-end suivant pour redémarrer plus fort. Quelle est votre source de motivation à présent pour la finale à Abu Dhabi ? J’aimerais bien obtenir une neuvième pole, histoire de m’approprier le record absolu. Pour l’instant, je suis recordman sur une saison. Et puis gagner encore. Ou au moins décrocher les gros points offrant le titre équipes au Prema Racing. Le team va aborder l’ultime échéance avec une courte avance sur ses deux principaux adversaires. Vu l’énorme boulot effectué, il mérite cette consécration.
L’objectif F est atteint. Quid de la cible F ? Jusqu’à maintenant, j’étais focalisé sur les courses. Donc je vais pouvoir me renseigner auprès des personnes qui s’occupent de ça. Les gens de Ferrari et mon manager (Nicolas Todt) planchent là dessus. Voilà, j’espère que la porte va s’ouvrir. Comment s’est passée votre intégration chez Sauber en Malaisie ?
Super bien. Je n’avais jamais roulé sous la pluie en F. Là, j’ai pu boucler une dizaine de tours le vendredi matin. Pas facile d’aller vite sans prendre trop de risques... Au final, je suis assez satisfait du chrono réalisé et d’avoir répondu aux attentes de l’équipe.
Content aussi d’avoir devancé votre coéquipier du jour et les deux HaasFerrari ? Oui, même si les essais libres ne sont pas très représentatifs. En début de meeting, chaque pilote doit respecter des procédures, un programme. Dans le stand d’à côté, il (Pascal Wehrlein) n’avait pas le même que moi. Donc on ne peut pas comparer.
Votre priorité lors des trois séances à venir ? Donner de bonnes infos à l’équipe pour la suite du week-end. Engranger un maximum de kilomètres afin de mieux comprendre comment fonctionnent ces nouvelles F. Une expérience qui me servira en si j’ai la chance d’avoir un volant à temps plein.
Obtenir une neuvième pole ”