Aller voir un film au théâtre
Des metteurs en scène, acteurs... qui jouent au Liberté présentent au public leurs films coups de coeur. A suivre ceux de Raphaël Personnaz, Valeria Bruni Tedeschi...
Aller au cinéma, au théâtre, c’est ce que j’ai fait pour la première fois, mardi soir, au Liberté. Une démarche qui pourra encore paraître iconoclaste à certains. La salle était en effet quasiment vide. Ce fut une véritable rencontre. Headon, Ours d’or en 2004, est un film qui a marqué les esprits, notamment par la présence animale de Birol Ünel dans le rôle d’un punk déjanté et suicidaire, sauvé par une jeune fille avec qui il contracte un mariage blanc. Dans le flot des films que l’on a tous envie de voir et que l’on rate, celui-ci en faisait partie.
Rencontre privilégiée
Et tant mieux finalement, car c’est Sedef Ecer, metteur en scène d’origine turque, du spectacle E.passeur.com (donné ce soir au Liberté), qui l’a fait découvrir aux spectateurs présents. C’était son choix pour cette carte blanche donnée par le Liberté dans le cadre du Théma, qui se poursuit durant deux mois sur le leitmotiv « La raison du plus fou est toujours la meilleure ». Ce film, la réalisatrice, qui travaille sur le thème de la migration, en a été fan en 2004. « On suit ce corps féminin errant. Ce qui met cette jeune fille en route (l’héroïne expérimente l’émancipation sexuelle, Ndlr), c’est qu’on ne lui permet pas de faire ce qu’elle veut de son corps», explique Sedef Ecer. Dans E-passeur.com, elle-même raconte l’errance de trois immigrées guatémaltèque, vietnamienne et syrienne dans une pièce qui donne dans «l’anticipation sociale », comme elle l’explique. Dans son univers, « tout le monde est devenu migrant. La seule adresse que l’on a, c’est les portables. On se déplace en fonction des conflits». Un texte qu’elle a écrit juste avant le Brexit.
Expo connectée
Parmi les expos de ce Théma (avec, notamment, des oeuvres de l’ancien élève des Beaux-arts de Toulon Moussa Sarr, coqueluche aujourd’hui des plus grands collectionneurs), nous avons été les premiers à voir et expérimenter celle de Sedef Ecer (1). Nous avons tous rêvé (et peut-être fait !) de rentrer dans le portable de quelqu’un d’autre. Dans cette expo interactive, nous suivons la vie virtuelle des personnages d’E.passeur.com. Finalement, la séance de «rattrapage» d’un vieux film s’est transformée en un véritable échange, passerelle vers une expo et une pièce. Une sorte d’avant-première totalement décalée, qui restera forcément unique. Séance de ciné : 4 euros. 1. A voir jusqu’au 14 octobre. E.passeur.com coproduit par le Liberté, première nationale. De ce soir à samedi, 20 h. Rens. theatre-liberte.fr