Var-Matin (Grand Toulon)

En marche ! ou en panne?

- Par MICHÈLE COTTA

Jusqu’où En marche ! va-t-il marcher ? A quel pas ? Tous ensemble ou chacun pour soi ? Le moment est venu où le mouvement d’Emmanuel Macron se voit contraint à se structurer. Pour la conquête du pouvoir, les troupes d’EM s’étaient mobilisées avez zèle, rapidité et efficacité puisque la victoire a été acquise, au terme d’une campagne « chamboule-tout » à la présidenti­elle d’abord, puis aux Législativ­es. Aujourd’hui pourtant, le plus dur reste à faire : il reste aux dirigeants d’En marche ! à organiser leur groupe parlementa­ire d’abord, leur mouvement ensuite. Les dirigeants ? Mais quels dirigeants ? En dehors d’Emmanuel Macron, bien sûr, tout seigneur tout honneur, on peut compter sur les doigts de la main, des deux, au plus, ceux, ministres ou parlementa­ires, qui ont acquis dans ces premiers mois, une notoriété. Edouard Philippe, un peu tardivemen­t certes, est à peu près le seul à tirer son épingle du jeu : après son silence et sa discrétion du mois d’août, les Français apprennent à le connaître, et le succès de son émission politique sur France le  septembre dernier, puis de ses différents passages à BFM ou Europe, a marqué leur intérêt pour un Premier ministre jusqu’alors inconnu, ou presque, au bataillon. Mais son originalit­é est qu’il ne fait pas partie d’En marche. En dehors du porte- parole du gouverneme­nt, Christophe Castaner, qui se démène, comme son rôle le veut, sur toutes les antennes, pour prêcher la bonne parole, de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, par nature au centre de la réforme du travail, ou du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, pas grand monde n’est apparu au sein d’EM, ni pour diriger le parti ni même, ce qui est plus grave, pour défendre l’action du gouverneme­nt et du Président. Quelques jeunes gens, hommes ou femmes, commencent à émerger parmi les ministres, mais leur autorité n’est pas toujours acquise. Au Parlement, certes, les nouveaux députés En marche ! paraissent mieux organisés, mais enfin, ils manquent encore singulière­ment de présence, parfois de cohérence, Quant au mouvement luimême, qui a pourtant précédé et accompagné la victoire d’Emmanuel Macron, il semble, depuis que celui-ci est à l’Elysée, en panne. En panne de véritables leaders, d’abord : les noms de quatre favoris pour prendre la tête du futur parti, sont certes avancés, mais, pour le moment, aucun ne se détache. Il faudra attendre le  novembre pour que le conseil du parti le désigne. Mais aussi, en panne de stratégie. Car la politique d’Emmanuel Macron, qu’il incarne presque à lui tout seul, est un savant équilibre entre la gauche et la droite. Lorsque la balance penche à droite, ce qui est le cas aujourd’hui avec l’ISF par exemple, ou avec la flexibilit­é du travail, tous les « macroniste­s » venus de la gauche sont saisis d’anxiété. Peut-être lorsque le gouverneme­nt s’occupera de sécurité de l’emploi, ou de redistribu­tion, verra-ton au contraire cadres et militants venus de la droite s’inquiéter à leur tour. Raison de plus pour trouver d’urgence au sein du parti présidenti­el des hommes et des femmes pour incarner le « ni gauche ni droite ».

« Car la politique d’Emmanuel Macron, qu’il incarne presque à lui tout seul, est un savant équilibre entre la gauche et la droite. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France