Du beau jeu, peut-être...
L’équipe de France s’est qualifiée pour le Mondial-2018 en Russie mais produit un jeu quelconque voire médiocre : il lui reste huit mois pour s’améliorer
Il y a du travail dans toutes les lignes, je ne focalise pas sur un secteur plus que l’autre, a résumé Didier Deschamps mardi soir. On n’a pas maîtrisé au cours des matches et dans l’enchaînement des matches. Je ne suis pas borgne ou aveugle, je m’en rends compte ». Deux « gros matches amicaux », selon ‘‘DD’’, se profilent dans la première quinzaine de novembre, dont un contre l’Allemagne le 14 à Cologne, puis deux autres en mars. Le sélectionneur va « concerner les joueurs » convoqués, « pas forcément dans le même système », c’est-à-dire poursuivre les essais. Les matches pré-Mondial serviront à « la préparation du premier match de Coupe du monde », sous-entendu à roder une équipe-type. Pour l’heure, le fond de jeu effraie, avec dernièrement deux victoires très laborieuses (1-0 samedi en Bulgarie puis 2-1 contre le Belarus mardi). Précédemment, le 4-0 infligé aux Pays-Bas fin août apparaît comme une parenthèse enchantée entre deux contre-performances en qualifications, un revers 2-1 en Suède début juin et un piteux 0-0 concédé à domicile face au Luxembourg en septembre. « On a eu de très bons débuts d’éliminatoires, dans les résultats et la maîtrise, puis ça s’est délité au fil du temps, sous l’effet de l’anxiété, de la pression, et du remue-ménage : des jeunes joueurs ont intégré le groupe et ont bousculé les codes, la hiérarchie », analyse l’ex-international Vincent Guérin.
-- ou -- ?
La nouvelle génération (Mbappé, Dembélé, Mendy, Lemar) offre un potentiel de choix mais n’a pas encore « l’expérience internationale » chère à ‘‘DD’’. Le chantier porte sur l’utilisation de ces pépites, et leur association avec les cadres. C’est surtout l’animation offensive qui pose question. Qui aligner autour d’Antoine Griezmann, désigné « leader d’attaque » par Deschamps après son Euro-2016 de haut vol (meilleur joueur et meilleur buteur), et qui a fait le travail dans ces éliminatoires, sans y briller particulièrement ? Olivier Giroud reste l’avantcentre N.1, et sa complicité avec ‘‘Grizi’’ est précieuse. Il fait éternellement débat, depuis qu’il a succédé en novembre 2015 à Karim Benzema, dont la mise à l’écart, suite à l’affaire du chantage à la sex-tape, pourrait encore être questionnée. Intervient enfin la question du système, car le 4-4-2, choisi au cours de l’Euro2016 pour mettre Griezmann dans les meilleures conditions, contraint les ailiers à du repli défensif, ce qui éloigne Mbappé des cages adverses. Le 4-4-2 condamne aussi un milieu récupérateur axial. Choix cornélien en perspective pour le sélectionneur, entre un Pogba intouchable, un Kanté redevenu incontournable et un Matuidi « qui est toujours à son meilleur niveau », dixit Deschamps. Qui dispose aussi en Corentin Tolisso d’une nouvelle arme crédible.