Var-Matin (Grand Toulon)

Recherche public désespérém­ent à l’US seynoise

À l’ombre du géant toulonnais, le RCHCC et l’USS peinent à attirer du monde en tribunes dans un championna­t pourtant relevé et de bon niveau. Tentatives d’explicatio­n...

- Textes : Jean-Charles Marcelli et Sébastien Bottasso Photo : Frank Muller

Le constat est particuliè­rement édifiant, mais surtout désolant : alors que le RC Toulonnais draine pour ses matchs à domicile environ 15000 spectateur­s, ils ne sont que quelques centaines dans les travées des stades de l’US Seynoise et du RC Hyères-Carqueiran­ne-La Crau. Certes, nous ne sommes plus en Top 14 puisque ces deux formations évoluent en Fédérale 1. Une division de très bon niveau, pourtant, où l’on retrouve d’ailleurs beaucoup d’anciens joueurs pros et qui propose des matchs autrement plus aérés que bon nombre des entreprise­s de démolition du Top 14...

À peine  spectateur­s

Mais place aux chiffres. Il y avait tout juste 300 spectateur­s pour le RCHCC-Villeurban­ne et à peine autant pour l’USS-Agde de samedi dernier. Alors que nous sommes pourtant encore à la belle saison, loin des frimas de l’hiver. Sachant également que les Hyérois sont dans la dynamique, avec une saison dernière auréolée d’un titre de champion de France de Fédérale 2. Et que les Seynois, enthousias­mants, sont tombés les armes à la main en demi-finale du dernier championna­t de France de Fédérale 1, où ils évoluent depuis plus de dix ans. Mais voilà. Le soufflet est vite retombé et c’est la désaffecti­on. L’USS, qui cherche à retrouver ses 1 200 spectateur­s des phases finales, a testé le changement de jour et d’horaire contre Agde (samedi à 19 heures) : un vrai bide, qui a même aggravé la chose. Alors pourquoi les (soi-disant) amateurs de rugby qui se déplacent à Mayol n’essaiment pas sur Marquet et Véran (ex-Pyanet) ? Plusieurs raisons sont évoquées par les acteurs concernés. Pour Martin Jagr, entraîneur des trois-quarts du RCHCC, déjà, les gens sont gavés de rugby à la télévision. « Il y a un match de Pro D2 le jeudi sur Canal, désormais un de Fédérale 1 le vendredi soir sur la chaîne L’Équipe, puis entre le samedi et le dimanche, il y en a quatre ou cinq sur Canal (de Top 14). De notre côté, il faut sans doute que l’on soit attractif sur les à-côtés, style buvette, festivités. » Son compère Greg Le Corvec, qui attaque sa sixième saison au RCHCC, ne trouve pas d’explicatio­n. «En seniors, on marche bien. Pareil pour l’école de rugby, le club tourne vraiment bien. Alors est-ce dû à la fusion ? À des guéguerres d’avant ? Quoi qu’il en soit, faire venir les gens au stade est assez difficile. Il y a sans doute du travail à faire, en terme de pub, voir les commerçant­s et surtout il faut tout faire pour attirer les jeunes si les anciens ont du mal à venir. » Un secteur où les Seynois comptaient une longueur d’avance avec leur ambianceur « Djémaï le Joker » et les vieux crampons des Charly’s Boys toujours présents pour faire vivre les abords de la pelouse. L’arrivée de Jérémy Fickou est aussi censée être une plusvalue pour l’animation d’un stade où les femmes ont l’accès gratuit. Mais rien n’y fait.

Des affiches moins glamour

Christian, supporter rouge et bleu, confie par exemple ne plus venir, du fait « qu’ils ne jouent pas la montée, ça enlève tout le charme. Le fait d’accéder en poule Fédérale 1 élite sur dossier (lire par ailleurs) et non pas au mérite sportif, que ce soit en finissant premier ou lors des phases finales, c’est nul ». « Depuis la refonte de la Fédérale 1, le niveau a baissé d’un cran, analyse Sébastien, autre supporter. Avant, il y avait Aubenas, Chambéry, Romans, Montauban, Aix-en-Provence ou Bourg-en-Bresse qui venaient à Marquet. On a même vu Béziers et le Marseille de Lomu à Mayol ! Désormais, les noms des adversaire­s sont nettement moins glamour et de moins bon niveau. » « Il n’y a que lors des matches de phases finales que j’ai retrouvé l’intensité des années précédente­s. Réserver son dimanche aprèsmidi ou son samedi soir pour venir voir Agde, Suresnes, Céret ou Villeurban­ne, personnell­ement, ça ne me motive plus trop... Je viendrai par contre pour le derby face au RCHHC (sourire). Mais on a été trop bien habitué. S’ils montent en poule élite, vous verrez que la foule reviendra. » Autant dire que ce n’est pas pour demain, même si du côté de La Seyne, c’est un objectif évoqué par la nouvelle équipe dirigeante. Mais pour y arriver, le sportif ne suffit plus. Il faut de l’argent. Même beaucoup d’argent. Au moins le double du budget actuel des deux clubs, qui dépasse à peine le million d’euros...

 ??  ?? Le week-end dernier, l’USS a décalé son match face à Agde au samedi soir. Sans plus de succès. Le stade Marquet n’a pas affiché l’affluence escomptée...
Le week-end dernier, l’USS a décalé son match face à Agde au samedi soir. Sans plus de succès. Le stade Marquet n’a pas affiché l’affluence escomptée...

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